Aziz de A à Z

PARTIE 1: Ou, d’un putsch à l’autre, entre méthode et coups de sang, le parcours aventureux d’un insatiable…

 

Quand il fomenta le coup d’État contre Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, Mohamed ould Abdel Aziz avait déjà l’intention de prendre le pouvoir mais son âge, son grade et son profil trahirent son ambition. À cette époque, il ne représentait dans la sphère des officiers qu’un poids-plume, n’avait que peu d’amis étoilés et donnait, de surcroît, de premiers signes de comportement inquiétant. Les services de renseignements de la DST, de l’Armée et des  pays étrangers concourraient à dresser de lui le portrait d’un officier ambigu, impulsif, susceptible de réactions imprévisibles. S’il tentait de prendre le pouvoir, aucun officier de  commandement, états-majors ou unités actives, n’allait courir le risque de laisser tomber Maaouya pour lui. Mohamed ould Abdel Aziz le savait et mit donc en avant Ély ould Mohamed Vall, son cousin. Le choix porté sur le puissant colonel des renseignements de la Sûreté de l’État n’était pas fortuit. L’homme l’avait élevé et fait de lui ce qu’il était devenu. Certains pensaient donc qu’en lui cédant le pouvoir, Mohamed ould Abdel Aziz exprimait, d’une certaine manière, sa reconnaissance au mentor à l’ombre duquel il avait grandi et gravi les échelons de la hiérarchie militaire.

Ils se trompaient : Ould Abel Aziz  avait bien renversé Maaouya pour son propre compte. Mais, handicapé dans ses ambitions par son impopularité au sein des forces armées, il en avait fait cadeau au puissant et inamovible directeur général de la Sûreté de Maaouya. Pourquoi ? D’abord pour faire « valider  militairement » le coup par les puissants hauts gradés. À la tête des renseignements généraux depuis l’arrivée au pouvoir de Maaouya, Ély ould Mohamed Vall connaissait tout de chaque officier  et tenait, dans ses bases de données et archives, des informations sensibles et des renseignements de sources « Interpol » sur plusieurs d’entre eux. Beaucoup le craignaient donc.

 

Il n’a pas d’amis…..

En offrant le pouvoir à Ely, Mohamed Ould Abdel Aziz espérait également pouvoir s’adonner librement, sous sa protection et avec sa bénédiction, à de multiples activités d’enrichissement illicite. Il s’agissait en priorité de ne pas faire avorter le coup d’État, s’éviter des ennuis et retirer un profit maximum  du changement du régime. Non seulement remettre les clés du Palais à celui qu’il considérait comme son père pouvait aisément passer pour de la gratitude mais ce « donnant-donnant » lui permettrait également d’agir sans être inquiété sur une étendue d’activités à large spectre durant toute la période de transition. Ould Abdel Aziz sait ce qu’il veut et  imposer sa puissance ou son influence pour l’obtenir. Il y est jusqu’à ce jour toujours parvenu parce qu’il y a su mettre le temps et le prix. Sans même en bien calculer les risques. Quand il se fixe un objectif, il l’atteint. Il n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts et ce n’est que pour ceux-ci qu’il se fait de ceux-là, dans le sens « lucratif » du terme. Ses amis sont donc triés à la loupe et « recrutés » sur la base de critères très précis de confiance et de fidélité.

Ainsi inféodées à ses intérêts, ses relations en suivent « naturellement » le cours. Alors qu’Ould Abdel Aziz espérait servir de « copilote » à son cousin, celui-ci le contint au second plan de sentinelle du Palais, sans donc les avantages exceptionnels attendus. Une grosse déception vite traduite, au long des vingt mois six jours de la Transition, par des signes de  divergence croissante entre les deux hommes, pour aboutir, vers la fin de la période, à une rupture puis à un  divorce. Mohamed ould Abdel Aziz met alors en place un plan « Marshall » pour fomenter un deuxième coup d’État, cette fois à son profit. Nous connaissons tous le scénario : en un, cibler Sidi ould Cheikh Abdallahi, un adepte de la confrérie des Cheikh Baye Niasse du Sénégal, un homme sans ambitions réelles,  rescapé  du régime de Moctar ould Daddah et « importé » du Koweït. Sans cacher, cette fois, son rôle et plutôt  même pour exhiber sa puissance, Ould Abdel Aziz encore sous les drapeaux se  lance alors dans la bataille politique avec des moyens financiers énormes, pour susciter un consensus « civilo-militaire » autour de la candidature de Sidi, alors inconnu des jeunes générations et étiqueté « candidat des forces armées ».

Mohamed ould Abdel Aziz a su capitaliser la Transition  pour se forger une forte personnalité militaire à coloration politique, en mettant à profit un environnement  très favorable. Il gagne la bataille électorale et apparaît maintenant incontournable dans la gestion quotidienne des affaires de l’État. Son influence s’est étendue sur une surface de compétences quasiment sans limites. Il a considérablement renforcé les capacités logistiques et opérationnelles du BASEP, ce bataillon  qu’il tient en sa chasse gardée pour son propre système de défense. Il s’est forgé un profil d’officier d’autorité à responsabilités illimitées. Par son influence, il a dompté tous les responsables des appareils et rouages de l’État.

 

BASEP civil

Extrêmement intelligent quand il s’adonne à son jeu favori – le calcul de ses intérêts personnels –   il a, parallèlement à son BASEP militaire, fondé un BASEP civil (Bataillon d’Amis Sûrs Elus Politiques), sorte de « réservistes », récupérés en achetant leur conscience, dans une classe politique en décomposition après la chute de Maaouya. Les voilà mobilisables d’urgence en cas de crise politique majeure. C’est au cours de la Transition, alors que d’autres officiers se chamaillaient pour obtenir un rôle de figurants dans l’environnement militaire de la junte au pouvoir,  qu’il a mis en place ce bataillon, espèce de  cellule dormante, pour préparer  la période post-transitoire. S’il ne s’est jamais pardonné d’avoir pris le pouvoir à Maaouya au profit d’un autre – pour rien ou presque – il a su ruminer sa vengeance contre son cousin, en mettant en place un plan minutieux et détaillé pour une autre prise de pouvoir cette fois à son profit exclusif.

Grace à ses deux BASEP, militaire et civil, les poches pleines  des « recettes » de ses activités militaires à buts « lucratifs », il tient déjà le pouvoir de Sidi ould Cheikh Abdallahi et met en place son plan d’attaque pour le lui prendre. Profitant de l’insuffisance des connaissances politiques du nouveau Président – peu ou prou mises à jour depuis son départ du gouvernement d’Ould Daddah – Ould Abdel Aziz réclame et obtient les avantages qui lui avaient été refusés par son cousin Ely durant la Transition. Sidi ould Cheikh Abdallahi place en l’homme chargé de sa sécurité une confiance aveugle qui ne lui laisse pas entrevoir le piège que celui-ci va lui  tendre et dans lequel il va, lui, se précipiter. Et de gonfler le budget du BASEP, « pour faire face à toute éventualité », ainsi que le lui recommande le puissant et autoritaire commandant  des forces spéciales du Palais. Avec ces nouvelles ressources revues très à la hausse, Ould Abdel Aziz  renforce les moyens matériels et logistiques de son bataillon, distribue des bonus à ses hommes et… se bourre surtout les poches.

Cette étape franchie, il cherche à « libérer » son bataillon de la dépendance de l’état-major des forces armées. Il explique au chef de l’État très attentif aux problèmes de sa sécurité  que le  BASEP doit être  soustrait à ladite hiérarchie et disposer d’un commandement autonome dépendant uniquement de la Présidence. Apparemment logique, la proposition est le premier élément du puzzle fatal. Le commandant du BASEP doit avoir, avance en suivant Ould Abdel Aziz,  un grade le mettant à l’abri de tout ordre en provenance  de l’état-major. Plus familier des questions liées à l’aide au développement que de celles relatives à la hiérarchie et aux rouages militaires, Sidi ould Cheikh Abdallahi acquiesce et s’apprête à élever le putschiste au grade de général, l’extirpant de tout autre commandement que lui-même.

Mais Ould Abdel Aziz sait parfaitement bien que sa seule nomination au grade de général serait une injustice flagrante aux yeux des autres hauts gradés, risquant de provoquer des remous au sein des forces armées et, peut-être même, déboucher sur  un soulèvement. Il propose donc que la décision soit élargie à un autre officier : son ami Ould El Ghazwani ; pour donner au décret une certaine  logique.  D’une pierre, quatre coups : élevé lui-même au grade de général, il rend également grand service à son ami et promotionnaire de l’Académie Militaire  Royale de Meknès, donne à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, très sensible à ce genre de détails, l’opportunité d’honorer un descendant d’une très puissante et respectée confrérie maraboutique de Barkéol et évite enfin les remous des officiers qui pourraient contester sa promotion. Le choix porté sur  Ould El Ghazwani n’est pas fortuit. Au fond, ce n’est pas non plus un signe d’amitié, Ould Abdel Aziz y pense bel et bien son intérêt. Aucun des officiers susceptibles de contester sa propre nomination ne saurait s’en prendre à celle du fils de Barkéol, un intellectuel compétent, de haut niveau académique militaire  et très  respecté des hauts gradés de tous les états-majors. La promotion de celui-ci est objectivement un pare-choc contre les réactions à la sienne.

 

Président à l’essai

Pour faire pression sur le Président qui doit signer le décret, Ould Abdel Aziz fait les yeux doux au Premier ministre Ould El Waghf. Occupé à des montages politiques sur une scène politique dont les acteurs  sont divisés, celui-ci ne voit rien venir et prend inconsidérément  le relais pour défendre la promotion des deux hommes. Et voilà le décret signé par Sidi ould Cheikh Abdallahi  qui se sent ainsi comme libéré de sa dette envers celui qui l’a tant soutenu, physiquement et financièrement, durant la campagne électorale. Et mieux assuré, dans la fidélité des forces armées, par la promotion d’Ould Ghazwani, un officier de consensus au sein de celles-ci. Liquidation de dette et promotion du mérite, la boucle paraît heureusement bouclée.

Mais la réalité est autrement évolutive. Désormais placé au-dessus de la mêlée militaire,  Ould Abdel Aziz a maintenant toute autorité et latitude pour faire ce qu’il veut de son administration « privée », le BASEP. Il ne se contentera pas seulement de sa nouvelle promotion et des avantages matériels concédés à la chaîne par « l’homme de Lemden ». Ancien putschiste,  ancien membre du Comité militaire de transition, soutien du Président pour son élection, général de division,  Ould Abdel  Aziz vole de ses propres ailes et use tous azimuts de son influence : il fait  prendre des décisions par divers responsables, sans leur donner le temps de consulter leur hiérarchie ; il s’implique dans des affaires relevant de la Présidence ou de la Primature ; il fait et défait des cadres, nomme, relève et pèse, de tout son poids et de sa popularité, sur certains collaborateurs du chef de l’État et du Premier ministre.  Il interfère dans les nominations à des postes-clés, démarche pour des investisseurs, intervient pour des bailleurs de fonds, intervenants et autres partenaires, réels ou fictifs. Il octroie des marchés… dividendes en sous-main. Lentement mais sûrement et intelligemment,  le voilà quasiment chef d’État  en période d’essai.

Moins de seize mois après son installation au pouvoir, le Président et, à sa suite, son gouvernement et tous ses collaborateurs se retrouvent handicapés dans leurs prérogatives et travaux par l’autoritaire général devenu très encombrant. Fort de ses scintillantes étoiles, il  fait les cent pas le long des couloirs, passe d’un bureau à l’autre, tend l’oreille, « prend des notes ». Il se fait des amis dans l’entourage du Président, met en place,  au Palais,  un système de collecte et de traitement des informations, enlevant aux conseillers et chargés de mission toutes leurs prérogatives. Une obsédante omniprésence qui sème la terreur du sommet à la base de l’État.  Mais omniprésence ne signifie pas détention du pouvoir. Ould Abdel Aziz avait, dit-on, parié sur l’option d’un relais « 1×1 » espérant un prompt passage de témoin des mains de Sidi. Mais celui-ci se sent toujours élu pour un retour à la démocratie, par 52,85% des Mauritaniens fatigués « des militaires qui se suivent et se ressemblent ». Pas question donc de déposer le pouvoir au général. Le plan A bat de l’aile mais, pour passer au plan B et « récupérer » ainsi les dépenses engagées majorées de « bénéfices », Ould Abdel Aziz doit minuter une bombe. Laquelle et comment ? (À suivre).

Mohamed Chighali

PARTIE 2

 

Aziz de A à Z (2)/par Mohamed Chighali A cette époque, Boydiel Ould Houmeid, cadre du Pacte national pour la démocratie et le développement (Adil) est à la présidence. Il occupe les fonctions de Ministre-secrétaire général.On raconte, qu’ « agacé » par la présence encombrante du Général « passe-partout pour tout », il intime l’ordre à Aziz de ne plus accéder aux bureaux de la présidence sans motif valable. Aziz se sent humilié. Il est furieux et hors de lui. Le feu est mis aux poudres. Quelqu’un qui a souhaité garder l’anonymat est allé jusqu’à expliquer que l’incident survenu entre Boydiel et Ould Abdel Aziz n’était en fait qu’une manœuvre de diversion opérée pour donner l’occasion à Aziz de se révolter et de passer « aux actes ».

Pour ce responsable à cette époque, rien ne pouvait justifier un tel comportement de Boydiel vis-à-vis d’Aziz. La déclaration de guerre de Boydiel est donc l’occasion qu’Ould Abdel Aziz attendait impatiemment pour déclencher la minuterie.

Il ordonne à ses troupes du « Basep civil » de donner l’assaut. Cette période coïncidait avec une situation nationale difficile caractérisée par la violence du terrorisme dans notre pays. Le 24 décembre 2007, veille de Noël quatre touristes français sont froidement assassinés aux environs d d’Aleg à moins de 60 kilomètres de Lemden la ville natale de Sidi Ould Cheikh Abdallahi.

Le 26 décembre, deux jours plus tard, trois soldats mauritaniens sont tués dans la base militaire d’Al-Ghallaouia, située à l’extrême Nord-est du pays. L’attaque est revendiquée par la Brigade d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (BAQMI), ex GSPC algérien. Le 1er février 2008, le « V.I.P », une boite de nuit très fréquentée par les expatriés, collée à l’ambassade d’Israël est prise pour cible. Six individus ouvrent le feu sur les lieux, blessant une Française et deux Franco-mauritaniens. L’attaque est aussi revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb.

Cette période coïncidait aussi avec une situation internationale difficile caractérisée par la hausse des prix du blé, du riz et du pétrole. Toutes ces difficultés sont utilisées par les activistes politiques d’Aziz comme prétexte pour manipuler les populations et provoquer des émeutes. Ces émeutes engendrent un décès par balle tué lors des manifestations pour contrecarrer la hausse du prix du pain. L’opposition manipulée organise une révolte populaire à Nouakchott pour faire croire à l’opinion publique nationale et internationale que la situation en Mauritanie est grave.

Alors, le général assoiffé de pouvoir opère dans la clandestinité politique avec quelques officiers qui tirent profit de sa popularité et il se fait épauler par quelques « lieutenants politiques très proches» pour provoquer la rébellion d’un groupe d’élus, de députés et de sénateurs issus des élections de 2006. Ce groupe est composé pour sa majorité d’indépendants qui avaient été autorisés par la junte militaire à entrer dans la bataille électorale de 2006.

Aziz, on s’en souvient, était l’acteur principal et le pivot central de cet élargissement de ces indépendants aux élections. L’opposition, qui avait bien compris le but de la manœuvre et le pourquoi de la décision des militaires, avait pourtant dénoncé cette ingérence qui était destinée à mettre en place une cellule logistique politicienne au service des militaires qui refusent de s’éloigner de la vie politique du pays.

Un plan minutieux

Ould Abdel Aziz donc humilié par Boydiel mobilise les réservistes qu’il avait soutenus financièrement durant la campagne électorale de 2006. Ces élus, députés et sénateurs omnidirectionnels acceptent de venir en renfort à leur « point focal » des services militaires dans la mise en scène organisée afin de déstabiliser le pouvoir de Sidi Ould Cheikh Abdallahi et baliser le chemin pour le « come back » du général comme président.

Ce retour d’Aziz pour prendre cette fois les rênes du pouvoir était prévu par un plan minutieusement étudié. C’est ce que dira plus tard Messaoud Ould Boulkheir, à l’époque président de l’Assemblée Nationale au cours de son audition par la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée Nationale Française le mardi 4 novembre 2008. Messaoud Ould Boulkheir avait dit à cette époque que « depuis le coup d’État de 2005, le général Abdelaziz avait en tête d’occuper lui-même le poste de Président et de ne pas le concéder à un militaire ou à un civil ». Cette déclaration de l’Ancien Président de l’Assemblée Nationale avait été faite en présence d’Assane Soumaré, Yahya Ould Kebd, Sidi Mohamed Ould Amajar, Abdoulaye Diagana, Abdoullah Ould El Mounir, Oumar Ould Dede et Sidi Mohamed Ould Dhaker qui étaient tous présents à l’audition de Messaoud Ould Boulkheir par la Commission des Affaires Etrangères de l’Assemblée Nationale Française à Paris.

La guerre déclenchée par Boydiel Ould Houmeid en s’attaquant au Général Aziz fraichement promu et au sommet de sa gloire et la riposte de ce dernier avaient provoqué des échanges de tirs « politiques » qui ont entrainé des dégâts énormes sur la situation intérieure. La classe politique s’était vite divisée. Le gouvernement d’Ould El Waghf est frappé de plein fouet par les attaques des politiciens « armés » par les militaires. Aziz et quelques officiers qu’il avait manipulés ont mis partout des barrages et des bâtons dans les roues du Président et de son premier ministre. Cette situation politique invivable allait faire prendre par Sidi Ould Cheikh la décision qui allait déclencher une crise d’une extrême gravité.

Dans la nuit du 5 au 6 aout 2008 et dans le plus grand secret, Sidi Ould Cheikh Abdallahi signe un décret mettant fin à l’autorité du Général Mohamed Ould Abdel Aziz sur le BASEP et relevant de leurs fonctions les chefs des trois états-majors. Un observateur analyste politique proche du pouvoir de Sidi avait indexé Boydiel comme étant l’élément qui avait convaincu in «consciemment» Sidi Ould Cheikh Abdallahi de signer un décret qui sera celui de son arrêt de « mort » présidentiel.

La diffusion du décret par les organes officiels de presse tôt dans la matinée de mercredi 6 août prend de court le général qui pourtant avait toujours l’oreille tendue pour écouter tout ce qui se « murmure » dans les couloirs du Palais. Apprenant la nouvelle, Mohamed Ould Abdel Aziz est fou de rage parce qu’il avait été humilié dans les couloirs du palais et le voilà maintenant humilié sur la scène nationale et internationale. Il ordonne à ses hommes de boucler l’accès du palais, se rend à la présidence, s’enferme avec le président dans son bureau et engage une négociation pour essayer de faire revenir le vieil homme sur sa décision. Pris en otage, séquestré au palais occupé par des éléments du Basep, armés jusqu’aux dents et très fidèles au Général Aziz, le président refuse catégoriquement de se plier aux exigences de l’homme qu’il avait démis de ses fonctions. Sidi est menacé mais malgré tout il reste inflexible.

Le « Jour le plus long »

La crise est grave. Rien ne filtre de ce qui passe à l’intérieur du Palais où deux hommes, qui n’ont plus rien à se dire ont aussi tout à se dire. D’un côté, un président démocratiquement élu au pouvoir depuis 15 mois qui commençait à donner de l’espoir aux citoyens de ce pays qui l’ont élu, de l’autre, un Général de division qui a créé et qui commande le BASEP, – une unité spéciale transformée en bataillon – une espèce d’état-major indépendant, autonome qui ne relève plus de la hiérarchie et de l’autorité du Chef d’Etat-major des forces armées nationales.

En somme un « TOM » Territoire Outre Militaire indépendant. Tous les regards sont rivés vers le palais présidentiel où se déroule ce qui sera par la suite le drame politique qui écorchera en profondeur la crédibilité démocratique dont le pays avait commencé à donner un gage. Les regards des chefs d’Etat du Monde, ceux des plus hauts responsables des organisations internationales, des bailleurs de fonds, des investisseurs et ceux des responsables des composantes de la société civile sont tournés vers la Mauritanie.

Le temps presse. Le Général Ould Abdel Aziz n’arrive pas à dissuader le président de revenir sur sa décision. Les Chefs des Etats-majors de l’armée, de la gendarmerie, de la garde tous relevés de leurs fonctions dans la matinée par le même décret sont sur le qui-vive. Les ambassades et chancelleries diplomatiques accréditées en Mauritanie n’ont aucune nouvelle du Chef de l’Etat élu démocratiquement et sont très inquiets.

L’atmosphère est lourde et elle peut être très lourde de conséquences. Le Président n’est plus joignable, sa femme non plus. Les hauts gradés, commandant les états-majors des forces armées militaires, de la Gendarmerie Nationale et de la garde commencent à donner des signes d’impatience et d’énervement parce qu’ils ne savent pas ce que trame l’imprévisible homme fort du BASEP, un officier pas très apprécié de ses collègues, arrogant, autoritaire, capable de tout. Les citoyens craignent le pire, c’est-à-dire un énième coup d’état militaire et prient Dieu pour préserver la paix. Les Nations-Unis et l’Union africaine s’interrogent. Les chefs d’Etat des pays voisins et amis n’arrivent pas à joindre le président ni sur sa ligne rouge ni sur sa ligne directe sécurisée.

Tous sont accrochés à leurs téléphones et attendent de leurs ambassades ou chancelleries des nouvelles. Abdoulaye Wade acculé par les chefs religieux de la ville Sainte de Kaolack veut avoir des nouvelles du talibé de Cheikh Baye Niass.

Face à face décisif

Aziz est conscient que rien ne va plus pour lui. Il vient de se jeter en solo et à ses risques dans un piège et ce piège est entrain de se refermer sur lui. Devant cette situation, il doit prendre une décision. Il est midi à Nouakchott, ce jour là il faisait chaud et le thermomètre affichait 33 degrés à l’ombre.

L’esprit du Général est surchauffé par l’obstination du Chef de l’Etat. Tous les états-majors sont en alerte rouge et de niveau 5 à cause de cette situation inédite. Plus le temps passait et plus les esprits des officiers supérieurs se surchauffaient. Aziz n’a devant lui désormais que deux alternatives. Soit il se résigne et accepte la mise en application du décret qui le limoge, soit alors il écarte le président démocratiquement élu et il prend le pouvoir de force. Dans le premier cas, s’il se résigne et il accepte la décision prise par le président, il n’est pas censé ignorer ce qui l’attend. Il sera poursuivi pour séquestration du Chef de l’Etat dans l’exercice de ses fonctions, ce qui est assimilé à une rébellion militaire doublée d’une tentative de coup d’état.

Ce sera donc la cour martiale et les conséquences seront catastrophiques pour lui. Dans le second cas, il fonce les yeux bandés et prend le pouvoir. Dans ce cas il lui faut ce qui lui manque, c’est-à-dire la bénédiction et le soutien des hauts gradés des trois Etats-majors qui peuvent aussi refuser de prendre part à son « aventure ambigüe ». Sans cette bénédiction sa prise de pouvoir inopinée risque de faire fiasco et provoquer une intervention militaire des autres corps de l’armée s’ils décidaient donc de rester fidèles au président démocratiquement élu. En tant que militaire, il sait aussi que cela prendra le temps que cela prendra, mais si les officiers ne l’accompagnent pas dans son aventure, ils vont les déloger lui et ses éléments du BASEP par la force.

Il sait enfin qu’en cas d’attaque ses hommes retranchés ne pourront pas résister très longtemps. Le Général prend aussi en compte un autre élément non moins important. Il sait qu’une intervention militaire va provoquer un carnage et un bain de sang dans les rangs de ses troupes composées de jeunes inexpérimentés mais aussi dans les rangs des loyalistes. Enfin et il en mesure les conséquences, il sait parfaitement que cette bataille si elle avait lieu allait exposer le président démocratiquement élu et les membres de la famille à des risques qui peuvent être de conséquences extrêmement graves sur le plan national et international.

Aziz est isolé. Et de la manière dont les choses se sont déroulées cette journée du 06 aout, il avait sans se rendre compte provoqué une rupture de confiance entre lui et les officiers supérieurs qui ne lui ont jamais pardonné d’avoir profité de ses responsabilités de chargé de la sécurité présidentielle pour s’éloigner d’eux petit-à-petit et pour faire ce qu’il voulait. En effet, Mohamed Ould Abdel Aziz avait créé et armé jusqu’ aux dents un bataillon de forces spéciales portant son label et il avait abusé de son pouvoir et des privilèges qui lui étaient accordés pour écarter de son chemin les supérieurs des forces armées qui devaient avoir un regard sur ses activités. Cette indépendance lui a permis de tailler le BASEP militairement sur sa mesure et financièrement à sa convenance.

Coup de force

Quand donc Ould Abdel Aziz a compris qu’il n’obtenait rien du président et que ce dernier refusait catégoriquement de revenir sur sa décision, il a opté pour la seconde solution. Celle de se débarrasser de celui qui venait de le limoger par décret. A partir de ce moment tout se passe très vite. Ould Abdel Aziz confisque les téléphones de Sidi Ould Cheikh Abdallahi pour l’empêcher d’avoir accès à un moyen de communication des supérieurs militaires, et il le place en résidence surveillée. Il neutralise Khatou son épouse en lui arrachant aussi ses téléphones et en l’empêchant de quitter les lieux.

Il fait arrêter le premier ministre Yahya Ould El Waghf et le Ministre de l’intérieur puis il déploie ses hommes devant la radio et la télévision. Alors il commence un bricolage politico-militaire incroyable et inimaginable pour faire accepter aux officiers supérieurs, à l’opinion publique nationale et internationale la tournure des événements. Il veut créer un conseil militaire dans la précipitation.

Mais pour créer ce conseil et asseoir une légitimité militaire à son action, il a besoin du soutien d’officiers crédibles représentatifs et d’un poids. Sa côte de popularité au sein des états-majors est très basse, il est impopulaire à cause de son arrogance et son autorité dictatoriale. Il ne peut donc frapper à la porte d’aucun officier pour faire accepter sa prise de pouvoir pour son compte personnel. Il se voit obligé de faire recours à son ami de longue date le Général Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani.

Le Général Ould El Ghazouani est un officier très crédible, respectable et respecté par tous les officiers supérieurs, descendant d’une confrérie religieuse Soufie de la ville Boumdeid où se côtoient en bonne harmonie les marabouts et les commerçants est à cette date le chef d’état-major de l’Armée. Aziz a besoin du poids du Général Ould El Ghazouani et de son influence sur les officiers pour servir de locomotive pour tracter les officiers qui, pour rien au monde n’étaient prêts à suivre Ould Abdel Aziz parce qu’ils avaient tous compris qu’il venait de mettre tout un pays dans un embarras sécuritaire et politique pour son propre intérêt. Mais aussi surtout parce que la réputation de ce général au sein de la grande muette n’était pas très bonne et même entachée par des petits scandales à répétitions.

Le Général Ould El Ghazouani un homme très prudent, très respecté et très écouté par tous les officiers supérieurs de l’ensemble des corps mais aussi par les hommes de troupes, veut bien voler au secours de son ami pour rembourser la vieille dette celle de son élévation au grade de général obtenue grâce à son ami de l’école militaire royale de Meknès mais à des conditions. Que le changement soit soutenu par la classe politique. Aziz se retourne vers ses « bérets rouges politiciens » déjà en grogne.

Les 25 députés et de 23 sénateurs qui avaient jeté l’éponge et divorcé avec le Pacte national pour la démocratie et le développement (PNDD) deux jours auparavant sont mobilisés par le puissant fournisseur d’armes politiques de longue portée Sidi Mohamed Ould Maham. Le porte-parole des députés déclare contre toute attente que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi est décrié à cause de la mise en place d’un « pouvoir personnel ». Le président est présenté comme un homme qui avait « déçu » les espoirs des Mauritaniens et dont la dérive menaçait l’Unité de la Mauritanie.

Les « supplétifs » de la coalition avec les officiers militaires débarquent –comme ceux de « Normandie » en 1944 sur une ligne de front où personne ne les attendaient en tous cas pas les diplomates. Ils soutiennent que ce sont eux qui exigent que les militaires sauvent le pays au « bord du gouffre ».

Avant la fin de la journée une coalition se met en place regroupant des officiers militaires convaincus par Ould El Ghazouani et des élus civils basculés dans le camp des militaires par le puissant « fabriquant de Chef d’Etat de toutes pièces » Sidi Mohamed Ould Maham. En moins de deux heures une stature présidentielle pour Mohamed Ould Abdel Aziz est inventée et il prend le pouvoir de manière si inattendue, si risquée et tellement bâclée qu’elle mérite d’être inscrite dans le Guinness, le livre des records. Limogé à 8 heures par un décret du Chef de l’Etat dont il avait à charge la sécurité et la protection rapprochée, Ould Abdel Aziz transforme la mise en application de la décision en un coup d’état sous le coup de l’énervement.

Une coalition bricolée regroupant des militaires récupérés sur un contingent oubliés dans la « réserve militaire» et des politiciens civils qui ont été achetés aux enchères publiques politiques durant les élections de 2006 est mise en place.

En fin de journée donc, la nouvelle tombe. Pour des raisons d’Etat et pour sauver le pays d’un danger imminent, un Haut Conseil d’Etat a été mis en place et il est présidé par Mohamed Ould Abdel Aziz. La mise en place de ce conseil va plonger la Mauritanie dans la plus grave crise politique de son histoire.

Le débarquement des alliés

Ce que beaucoup de gens ne savent pas c’est que c’est Ould El Ghazouani qui a été le grand gagnant dans cette « guerre des tranchées qui n’a duré que quelques heures et à laquelle ont pris part, les « supplétifs » de Ould Maham le puissant politicien de la majorité au pouvoir mais aussi des députés de la majorité « habillés en treillis » qui marquaient le pas au rythme Mohsen Ould El El Hadj sénateur de Rosso et président de la chambre haute du parlement. Les chefs de tribus et les notables en voie d’extinction « espèce de bases arrières politiques » corrompus jusqu’aux os soutiennent le changement. Ould El Ghazouani le poids lourd des forces armées et de sécurité, et ceux qui seront plus tard « les généraux de la nouvelle génération des officiers » donnent la coloration à ce mouvement « civilo-militaire », véritable complot manigancé au plus haut niveau.

Ce soir là comme si rien ne s’était passé la vie a repris normalement. La Radio et la Télévision ont continué d’émettre. Sidi Ould Cheikh Abdallahi, sa femme, son premier Ministre et son Ministre de l’intérieur ont dormi, arrêtés ou en résidence surveillée. Boydiel a été laissé en liberté. Ould Abdel Aziz et Tekbir ont passé leur première nuit de noces présidentielles au palais, une nuit qui a duré 11 ans.

Le jeudi 7 aout 2008, les mauritaniens se sont réveillés surpris. Ely Ould Mohamed Vall l’ancien Président du Comité Militaire pour la Justice et la Démocratie (Rahmetou Allahi Aleihi) avait pris le Capuccino le plus amer de sa vie et il était entré dans une fureur de laquelle il n’est pas sorti jusqu’à sa mort le 5 mai 2017. Depuis ce 06 aout 2008, Ahmed Daddah, Jemil Mansour, Mohamed Ould Maouloud, Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine, Messaoud Ould Boulkheir, Kane Hamidou Baba, Biram Ould Dah Ould Abeid, Sarr Ibrahima et d’autres militants pour le progrès démocratique et pour la justice se sont jetés dans une bataille qui devenait de jour en jour, et de plus en plus, une véritable fournaise. Ils n’ont pas cédé un pouce du territoire qu’ils ont occupé dans leur lutte et se sont battus sans armes mais sans relâche jusqu’au 22 juin 2019, onze ans durant pour essayer libérer le pays des griffes de celui qui –pour eux- aura été le plus grand dictateur politique, économique et financier de l’histoire de ce pays habitué aux rebondissements spectaculaires.

Le jeudi 7 aout 2008, tous les diplomates accrédités en Mauritanie ont repris leur travail déçus par le comportement d’un homme que leurs services de renseignements décrivaient déjà comme une dirigeant à risque élevé susceptible de « s’allier au diable » pour ses intérêts. Le 7 août aussi, les citoyens ont vaqué à leurs occupations disant que ce qui venait de se passer était du déjà vu.

Le mercredi 06 aout 2008, le jour le plus long de l’histoire de notre pays a duré onze années d’un pouvoir totalitaire, plein de rebondissements judiciaires, politiques, économiques et financiers plus surprenants les uns que les autres. Aux premières heures de la matinée du 03 aout 2019, l’ancien président, un homme paradoxal et très controversé, qui a été le plus puissant, le plus populaire et le plus chanté de tous les présidents qui se sont succédé à la tête de ce pays depuis 1960 est arrivé à l’aéroport pour embarquer à destination de la Turquie. C’était pour la première fois depuis onze ans qu’il vient à l’aéroport sans escorte officielle et sans protocole.

Il avait donc le temps cette fois de regarder plus attentivement cet aéroport moderne qu’il a fait construire dans des conditions rocambolesques avec un financement réuni au moyen d’une « collecte de fonds artisanale » qui a couté très cher aux finances de la SNIM, mais aussi un aéroport qui est et qui restera l’une des plus grandes réalisations accomplies par cet homme durant ces deux mandats. Son arrivée est discrète et tout le contraire de ses autres arrivées pour accueillir de très nombreux chefs d’état de pays arabes et africains qu’il avait fait venir par un courage politique et diplomatique qui ont rehaussé sa cote de popularité diplomatique ces trois dernières années. Ce matin là, loin des fanfares et objectifs de caméras, il est arrivé à l’aéroport masqué d’un turban blanc. Un turban qui rappelle à tous égards celui que porte toujours sur lui Hussein Habré l’ancien président tchadien.

Ces deux hommes ont comme quelque chose en commun. Hussein Habré a massacré son peuple faisant 40.000 victimes et a commis un crime contre l’humanité, Ould Abdel Aziz a massacré l’économie de son pays laissant à son actif plus de 40.000 problèmes plus compliqués les uns que les autres et qui font de lui l’auteur d’un crime économique sans précédent qui a frappé de plein fouet les « pauvres » dont il était le président.

L’un, Hussein Habré, a quitté son pays avec ses « malles » bourrées de devises pour vivre reclus au Sénégal dans une somptueuse villa qu’il a achetée avec l’argent des contribuables de son pays. L’autre, Ould Abdel Aziz va quitter son pays aussi avec des « malles » bourrés -parait-il- de biens mal acquis et il s’envolera pour la Turquie où selon certaines sources il a acheté une somptueuse villa au bord du Bosphore avec de l’argent appartenant à des mauritaniens qui peinent sous le poids de la dette et de la misère. L’un, Hussein Habré, a été jugé plus de vingt ans après son renversement par le tribunal pénal international et condamné à perpétuité pour crimes contre l’humanité, l’autre sera peut être jugé un jour par les tribunaux de son pays pour crimes économiques aggravés.

Quand l’avion de société nationale affrété -selon des informations non confirmées- pour la bagatelle de 78.000.000 d’ouguiyas transportant l’ancien chef de l’état, les membres de sa famille et ses malles pleines du « mal acquis » a quitté la piste, Mohamed Ould Abdel Aziz assis du côté des hublots à jeté un dernier regard sur la Capitale Nouakchott une ville surdimensionnée et toute en lumière.

Il était satisfait du travail qu’il a accompli pour donner à cette ville un visage de capitale moderne avec ses larges avenues et ses milliers de lampadaires qui ont couté une fortune à la SOMELEC société qu’il a laissée derrière lui en faillite et cessation de paiement. Son regard est resté longtemps figé sur le palais présidentiel au loin, reconnaissable à ses lumières vives et phosphorescentes et à ses hauts palmiers importés du Maroc pays dont sa tribu est originaire.

Il regrettait en ce moment déjà d’avoir quitté ce palais qui a fait de lui 11 ans durant l’homme le plus puissant et le plus applaudi de la Mauritanie. Un palais d’où il a chassé du pouvoir deux présidents élus démocratiquement et où il a régné sans partage de 2008 à 2019 instaurant une gabegie financière, politique et antidémocratique unique dans les annales de l’histoire du continent.

Quand cet aube du 03 aout 2019, l’avion de la Compagnie nationale, – un des appareils de la flotte moderne qu’il a laissée en héritage à son pays, s’est retrouvé à la verticale de Oumtounsi, le champ de bataille où le lieutenant Patrick de Mac Mahon a été tué par la résistance affiliée à Mrabih Rabou Ould Cheikh Melainine le 18 août 1932 et dont l’aéroport international de Nouakchott porte le nom, les diplomates des chancelleries occidentales et ceux de l’ambassade des Etats-Unis ont poussé un ouf de soulagement considérant qu’enfin une page de l’histoire de notre pays a été tournée. Quand deux heures plus tard les mauritaniens politiciens et simples citoyens se sont réveillés, ils se sont réveillés encore une fois divisés.

Divisés entre ceux, pour qui aussi une page de l’histoire de la Mauritanie venait d’être tournée et ceux qui considèrent que cette histoire va continuer de s’écrire sur la même page.

Mohamed Chighali
Journaliste indépendant

Source : Le Calame (Mauritanie)