Le positionnement politique des Haratine

Les Haratine doivent refuser toute instrumentalisation de leur sort. En effet, la classe politique dominante qu’elle soit négro-mauritanienne ou maure tente d’avoir les voix des Haratine en vue des élections, de retarder le maximum possible leur prise de conscience  généralisée des Haratine et ce, pour les raisons évoquées dans les articles n° 97 et 116 in www.haratine.com.

Les acteurs politiques sèment des divisions au sein des Haratine en vue de les affaiblir et
d’avoir une mainmise sur eux. Au sein de la communauté haratine, il existe désormais plusieurs tendances : El Hor tendance patriotique, Elhor tendance authentique, El Hor tendance radicale, groupe capitaine Breïka,   etc.

Les Haratine qui jouent le jeu de la division sont des acteurs de l’affaiblissement de leur communauté. Ainsi, tous, les haratine ne sont pas que des victimes. La partie qui compose avec les ennemis de la cause haratine, défend des intérêts  personnels, agit  à l’encontre de la libération et de l’émancipation des Haratine.

Messaoud Ould Boulkheïr,  personnalité politique d’origine haratine affirme l’arabité de sa propre communauté : l’arabité de Haratine se matérialise par « la langue, les us, les coutumes et même
l’environnement ».[1]

Cette définition de l’arabité des Haratine ne répond à aucun critère objectif. L’arabité se définit par des éléments identifiables qui sont l’origine régionale, la langue et l’ethnie. ( voir Art. 97)

Le fait de partager une langue et des éléments culturels ne suffit pas pour appartenir à une même ethnie.

Il existe des exemples qui nous démontrent le contraire. Les Hutus et les Tutsi du Rwanda et du Burundi partagent la même langue et des éléments culturels communs mais ne forment pas une même communauté ethnique. Partant de là on ne peut affirmer que les Haratine sont arabes ou berbères.

Aujourd’hui du fait de l’histoire les Haratine sont une communauté à part en Mauritanie :

Par rapport aux Maures ils partagent des éléments linguistiques et culturels mais  se différencient de ces derniers par l’origine ethnique et spatiale. Les Arabes sont des sémites, les Berbères des berbères et les Haratine des négro-africains. Les Haratine viennent de l’Afrique noire, Les Berbères de l’Afrique du Nord et les Arabes de la Péninsule arabique.

Par rapport aux Négro-mauritaniens, si les Haratine partagent avec eux la même origine noire et certains éléments culturels, les Haratine se différencient par la langue, par leur histoire relative à l’esclavage et le fait qu’ils ont rompu avec leur ethnie d’origine. Ils constituent,
aujourd’hui, une communauté que l’on peut distinguer des autres noirs par leur langue, la culture,
l’histoire lié à l’esclavage maure.

         Au lieu de se laisser manipuler par des forces qui s’opposent, les Haratine doivent affirmer leur identité, à la fois différente et ayant des liens   avec chacune des communautés arabo-berbère et négro-mauritanienne.

Les Haratine sont le fruit de rencontres et de luttes entre trois groupes : Les Arabes, les Berbères et les ethnies négro-afrcaines. Les rapports de domination entre les Maures ( Arabes et Berbères) et les ethnies noires  ont sécrété, par le biais de l’esclavage, les Haratine. Le rôle politique des Haratine est de s’interposer entre ces deux communautés maure et négro-mauritanienne pour la création d’espace politique fondé sur des règles de droit égalitaires entre tous les citoyens. Le combat des Haratine pour la liberté n’a de sens que s’il permet
l’émergence de valeurs démocratiques et  républicaines, permettant de dépasser l’enfermement ethniciste et féodal en Mauritanie.

L’alignement des Haratine sur l’une  ou l’autre des deux communautés crée un déséquilibre inutile et dangereux. Il fait perdre à la cause haratine sa légalité et sa légitimité politique et renforce une féodalité par rapport à une autre  ou un nationalisme par rapport à un autre.

Le 5 mai 2008

Mohamed Yahya Ould Ciré

[1]  Le candidat Messaoud Ould Boulkhair préside un meeting électoral à Tidjikja in Flamnet.fr