La cour de récréation du lycée El Mina 2 dans la proche banlieue de Nouakchott est calme. Seuls les élèves des classes de terminale préparent le bac qui aura lieu dans une vingtaine de jours. Les autres sont en vacances.
L’un des élèves que nous interrogeons vient du lycée Sebkha 1. Il s’y était présenté au bac série sciences naturelles. Résultats : zéro admis. Et ce lycée n’est pas un cas isolé.
Le directeur du lycée El Mina 2, Mohamed Ould Bekaye, 30 ans de carrière, pense que les raisons des résultats catastrophiques du baccalauréat sont à chercher dans le passé des élèves. « Ils arrivent en terminale sans niveau. Sur les 40.000 ou 50.000 candidats, seuls 5% à 10% ont le niveau, le taux de réussite ne peut être que très bas », dit-il.
Manque de moyens
La baisse du niveau ne concerne cependant pas seulement les élèves.
Sidi Idoumou Boudida, professeur de sciences naturelles, président de la Coalition des organisations mauritaniennes pour l’éducation, pointe du doigt « le cas des enseignants avec une formation initiale insuffisante, sans formation continue et qui travaillent dans des conditions déplorables. »
L’Etat mauritanien a fait d’énormes efforts en matière de construction d’établissements scolaires mais il est encore loin du compte par rapport aux recommandations de l’Unesco sur la part de l’éducation dans les dépenses publiques.
Sidi Idoumou Boudida rappelle que selon ces recommandations, « l’éducation doit profiter de 6% du PIB ou de 20% du budget de l’Etat. » Or, ajoute-t-il, « en Mauritanie, nous avons moins de 3% du PIB pour l’éducation et moins de 12% au niveau du budget. »
Mauvaise gouvernance
En plus du manque de moyens, l’éducation en Mauritanie souffre aussi de la mauvaise gouvernance. Fa Ould Sid Ahmed est directeur du lycée de garçons 2. Il est à une année de la retraite. Pour lui, « depuis l’arrivée des militaires, l’éducation est en faillite et ça continue. »
C’est, selon Monsieur Fa, « la même situation pour tous les pays gouvernés par des militaires. » Il donne les exemples de la Libye, de l’Algérie et du Soudan et affirme que « c’est la mauvaise politique du gouvernement qui est à l’ origine de la faillite de l’éducation. »
Khalilou Diagana
Source : Deutsche Welle (Allemagne)