Cette étude d’Arab Youth Survey révèle ce qui inquiète le plus la jeunesse du monde arabe. Que pense la “jeunesse arabe”? C’est à cette question que le cabinet américain d’études d’opinion PSB (Penn Schoen Berland) a tenté d’y répondre.
En tout, 3300 entretiens individuels ont été conduits avec des jeunes de 18 à 24 ans, du 6 au 29 janvier 2019, dans 15 pays arabes – allant des pays du Golfe au Maghreb- pour mettre à nu les aspirations, les espoirs et les craintes de près de 200 millions de jeunes du monde arabe.
Intitulée “Qu’est-ce que 200 millions de jeunes Arabes ont à dire sur leur avenir?”, l’étude interroge les jeunes sur leur perception de la religion, de l’Etat, mais aussi sur leur évaluation du degré de liberté et de l’engagement de leur pays à résoudre les problèmes socio-économiques.
La réforme des institutions religieuses s’impose
Ces jeunes qui considèrent que la religion joue un rôle très important dans la région du Moyen-Orient appellent à réformer les institutions religieuses.
L’étude révèle que la moitié des jeunes interviewés pense que les valeurs religieuses sont en train d’accabler le monde arabe.
La hausse du coût de la vie, le grand défi des gouvernements arabes
Agir contre la hausse du coût de la vie est le principal défi des gouvernements arabes en 2019, selon ces jeunes. Ils estiment également que parmi les plus grands obstacles auxquels est exposée la région figurent le chômage, le manque d’unité arabe et le ralentissement de la croissance économique.
En revanche, ils sont de moins de moins nombreux à voir Daech comme principale menace pour le monde arabe. Aujourd’hui, c’est le volet économique et social qui semble prendre le dessus sur tous les autres aspects, et ce contrairement à la période allant de 2015 à 2018 où la montée de Daech et les menaces terroristes étaient parmi les plus importantes préoccupations qui hantaient les jeunes arabes, d’après cette étude.
Ils ont également déclaré pour une large majorité que c’était au gouvernement de fournir des subventions pour les soins de santé, l’éducation, la sécurité et l’énergie. Un peu plus des trois quarts des répondants de la région du Golfe ont déclaré que leur gouvernement devraient fournir des logements et plus d’un tiers (36%) des personnes interrogées ont déclaré qu’il était de leur devoir de rembourser les dettes financières de tous les citoyens.
Insatisfaits de la qualité de l’éducation dans leur pays, ils préfèrent poursuivre leurs études à l’étranger
D’après cette étude, 78% de la jeunesse arabe se dit préoccupée par la qualité de l’éducation disponible dans la région. En Afrique du nord, ce chiffre grimpe à 81%.
Cette crainte a été clairement exprimée par le souhait d’un peu plus de la moitié (53%) des jeunes arabes d’aller étudier dans un pays occidental.
Près de la moitié des interviewés ont déclaré être insatisfaits des efforts fournis par leur gouvernement en ce qui concerne la préparation pour l’emploi de demain. Et, ce à l’exception des jeunes des pays du Golfe qui sont près de 80% à être satisfaits de l’efforts de leur gouvernement à cet effet.
“C’est facile de se procurer de la drogue”
Pour 58% des interrogés, il est facile de se procurer de la drogue dans le monde arabe, spécialement en Afrique du Nord (78%) et au Levant (70%).
Autre révélation: la consommation de drogues chez les jeunes est à la hausse dans le monde arabe, selon cette étude. 59% des sondés en Afrique du Nord estiment que le nombre de jeunes qui consomment de la drogue est en hausse contre 36% pour les pays du Golfe.
A leurs yeux, la pression de l’entourage, le stress et l’ennui sont les principaux facteurs qui poussent ces derniers à se droguer. Pour eux, une bonne éducation et une loi stricte avec une meilleure application constituent la solution efficace pour lutter contre ce fléau.
Les relations personnelles, premier facteur de stress
Les relations personnelles et les difficultés financières sont les deux principales causes de stress quotidien pour les jeunes d’Afrique du nord.
D’après l’étude, 52% d’entre eux estiment qu’il est difficile d’avoir des soins médicaux de qualité pour les problèmes de santé mentale, d’anxiété ou de dépression.
La 11ème édition du rapport sur l’état d’esprit des jeunes du monde arabe est l’une des recherches les plus importantes réalisées au Moyen-Orient et offre un aperçu unique des attitudes et des aspirations du plus grand groupe démographique de la région. Cette dernière couvre cinq pays du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Bahreïn, Koweït, Oman et Émirats arabes unis), d’Afrique du Nord (Algérie, Égypte, Libye, Maroc et Tunisie), le Levant (Irak, Jordanie, Liban et Palestine) et le Yémen. L’échantillon de 2019 n’inclut pas la Syrie ni le Qatar.
Certaines réserves ont été menées à l’encontre de cette étude qui selon certains reste floue et vague. Le fait de mettre toute la “jeunesse” dans un même panier “arabe” sans tenir compte des spécificités de chaque pays et ne consulter que les jeunes urbanisés des grandes villes remettent en doute la pertinence des chiffres dévoilés.
Wafa Samoud
Source : HuffPost Maghreb