Surprise, juste avant d’amorcer le virage pour regagner les tentes berbères mobilisées avec leurs logistiques puis installées devant la préfecture, c’est une foule immense de jeunes très agités, arborant des brassards rouges et scandant zéro Ghazouani, zéro Ghazouani, BIRAMA, IRA, IRA, BIRAMA, BIRAMA ; liberté, liberté…. qui accueillent le cortège du candidat.
Les éléments du commissaire Gyne et du commandant de brigade de la gendarmerie déployés en force, le CB muni d’une bombe lacrymogène, la sueur au front ont échangé avec les jeunes, tentant vainement de les persuader à mettre fin à leur fronde.
Cette opposition des jeunes de l’IRA a douché les ardeurs des militants de l’UPR qui ont été pris de court par ce mouvement de protestation spontané des jeunes militants de l’IRA. Des jeunes furieux qui n’ont pas hésité à provoquer le camp adverse en faisant des allers et retours incessants entre le virage menant à la Moughataa et le lieu où se tenait le meeting.
Normal, car ces jeunes sont pour la plupart sacrifiés sur le plan éducatif, dépourvus de formation qualifiante, éprouvant toutes les difficultés du monde à se faire enrôler ; bref, des citoyens de seconde zone dans une république islamique. Ils ne voient les politiques qu’en période électorale, se pavanant dans de rutilantes voitures et promettant monts et merveilles, sans jamais donner suite à ces promesses. Trop c’est trop ! Doublée du fait que le candidat qui brigue la magistrature suprême ne fait pas plus de 40 minutes pour s’enquérir des vrais problèmes sur place. Il y’a problème et prendre surtout cette alerte aux sérieux chers opérateurs politiques.
Des choses rarement, sinon jamais vues dans cette contrée réputée toujours favorable aux thèses des régimes successifs. Abou SECK, leur leader que nous avons interrogé se dit très satisfait d’organiser cette manifestation contre l’arrivée du candidat des partis de la majorité, le général Ghazouani et il appelle tous les citoyens épris de paix et de justice selon ses propres expressions, à rejeter Ghazouani, le candidat de la continuité qui selon lui promeut un programme basée sur l’esclavage et l’exclusion.
Il poursuit en affirmant que Ghazouani et Mohamed O Abdel Aziz sont les mêmes, Ghazouani est une copie conforme de Mohamed O Abdel Aziz. Il appelle tous les Mauritaniens à soutenir Birame Dah O Abeîd, qu’ils vont conduire au palais présidentiel. Le tout exprimé dans un français très approximatif.
Les barons des partis de la majorité ont réussi tout de même à mobiliser mais ils déplorent l’arrivée expresse du cortège du candidat qui selon un dignitaire de l’UPR, a un tout petit peu faussé leur calcul. C’est au moment où leurs partisans qui ont passé la journée dans la ville se rassemblaient que le candidat Ghazouani est arrivé. Un manque de coordination entre les la délégation d’accompagnement de la visite de Ghazouani et les structures locales qui soutiennent le candidat du consensus.
Face à lui, l’édile de la ville, Hassane SECK, neveu de l’ancien maire El Hadj SABAYDI (paix à son âme) a lu un discours dans lequel, il a exprimé les doléances du département au nom des quatre communes (Débaye Hijaj, Niabina, Bagodine et M’Bagne). Le problème de l’enrôlement, les problèmes agricoles, l’enclavement, le chômage des jeunes ont dominé son allocution. Une voiture appartenant à un transporteur a été endommagé par les manifestants.
Heureusement, le cortège de l’ancien chef d’Etat Major devenu candidat a échappé à la violence.
Daouda Abdoul Kader DIOP
Avec Cridem, comme si vous y étiez…
Source : Terroir Journal (Mauritanie)