Le Président Mohamed Ould Abdel Azizi a bravement vaincu la tentation de réviser la constitution pour briguer un troisième mandat à l’instar de grand nombre de chefs d’Etat des pays en développement,
C’est une décision louable qui s’inscrit dans son actif.
D’ores et déjà les Mauritaniens se préparent pour des élections présidentielles où le président en exercice n’est pas candidat à sa propre succession.
D’abord il est impérieux que l’opposition dans toutes ses tendances comme la société civile et la majorité s’invitent dans un climat serein où passion et obstination cèdent la place à la conciliation et aux concessions, acceptent d’engager un dialogue franc et constructif pour convenir d’un commun accord des conditions de l’organisation des prochaines élections.
Tous les candidats déclarent agir dans l’intérêt national et persuadés de la justesse de la voie empruntée. Adversaires et non ennemis, ils se doivent respect, tolérance et déférence.
Accabler son adversaire, l’accuser, le dénigrer, le discréditer, le décrier publiquement pour l’acculer et le déstabiliser se tolère dans des limites éthiques et morales à ne pas franchir, en abuser peut être préjudiciable de bon déroulement des élections prés et post électoral,
Le discours modéré est la meilleure arme pour se prémunir des aléas d’un lendemain imprévisible. Les alliances politiques se nouent au gré des circonstances, l’adversaire le plus redoutable aujourd’hui peut devenir l’allié le plus proche et pour les mêmes raisons l’allié d’aujourd’hui peut demain se métamorphoser en adversaire virulent.
Nous sommes tous sur le même navire, s’il chavire nous nous noyons tous, s’il se redresse nous survivons tous.
Il revient à chacun de nous de se libérer des sentiments liés à la tribu, à la couleur de la peau, à la région, à l’ethnie pour choisir le candidat qui incarne les qualités qu’exige cette haute responsabilité à la fois source de quiétude et d’inquiétude.
Trouver l’homme à la dimension de la fonction est une tâche ardue, néanmoins il existe tout de même.
Les Mauritaniens sont tous égaux devant la loi, nul ne doit être déclaré inéligible à exercer la fonction du président de la République en raison de la couleur de sa peau, de son origine, de son rang social, de sa tribu, de ses convictions politiques s’il remplit les conditions prévues par la loi.
La fonction du président de la République n’est pas l’exclusivité d’un clan plus qu’à un autre, la fonction n’est pas héréditaire, ne se lègue pas non plus. Ceux qui y ont accédé par la voie des urnes ou par autre voie n’en sont pas les dépositaires éternels, inversement ceux qui n’y ont jamais accédé ne peuvent en être exclus pour quel motif que soit.
Le niveau intellectuel, l’expérience, l ‘impartialité, le sacrifice, la connaissance de la sociologie du Pays et de la population, l’humilité, la probité, le patriotisme sont entre autres les qualités que doit revêtir celui qui aura en main notre destinée pendant cinq ou dix ans,
Une fois notre homme providentiel trouvé, la date des élections fixée, vînt l’étape du choix des slogans et des responsables de communication qu’il faut soigneusement aménager,
La campagne gagne mieux en se déroulant dans un climat où justice et égalité prévalent, devons-nous nous interdire tout ce qui provoque la division, l’incitation à la haine et à la violence.
L’obstination, les propos haineux, le mépris, l’incitation à la violence desservent plus qu’ils ne servent le candidat qui en fait son slogan de campagne.
Ce genre de slogans conduit inéluctablement à la désintégration du pays lorsqu’il est déjà embourbé dans de profondes difficultés.
Le souci de préserver la cohésion, l’unité nationale nous interpelle à nous proscrire les discours qui peuvent les mettre en cause.
Malavisé ou naïf, le candidat qui recourt au slogan invitant à la violence et à la désunion et se prétend capable par baguette magique d’épargner le pays des affres des troubles post-électoraux qui alimentent la radicalisation avec son lot d’horreurs.
Le verdict des élections déroulées dans la transparence et le respect de la loi reçoit le consentement inconditionnel des candidats perdants et ceux gagnants et ne suscite guère de sentiments de rancune entre les électeurs. Les parenthèses se referment sur des écarts et les incivilités commis durant la campagne.
Perdre des élections se déroulant dans des telles conditions ne constitue pas une défaite affligeante au candidat éliminé mais une défaite pour l’injustice et l’arbitraire et une victoire pour la justice et la démocratie,
Me.KEBIR /VALL
AVOCAT
ANCIEN DIRECTEUR A LA BCM