Bien que l’esclavage ait été officiellement aboli en 1981 par l’Etat mauritanien, et érigé en infraction en 2007, puis en crime contre l’humanité en 2012, l’esclavage dit » traditionnel » et la discrimination à l’égard de la caste des Haratines de Mauritanie sont encore monnaie courante.
Ce phénomène concerne en premier lieu les femmes et les enfants haratines dont une partie travaillerait encore comme esclaves pour les » Maures blancs » ou Beidanes, qui sont des Arabo-Berbères. Durant leurs vie d’esclave, les Haratines sont souvent maltraités, les femmes violées, et des familles entières se retrouvent à réaliser des travaux forcés pour les maîtres, sans contrepartie.
Quand ils sont libérés, les Haratines sont délaissés par le gouvernement, livrés à eux-mêmes ; ils vivent dans des bidonvilles en marge de la société, n’ont pas accès à la santé, l’éducation ou encore, l’état civil.
Il n’existe pas de données officielles sur cette pratique mais, selon les estimations de groupes internationaux antiesclavagistes (Global Slavery Index), jusqu’à 43 000 personnes subissaient cette situation en 2016, soit environ 1 % de la population totale.
Portrait de la famille d’Aichetou Mint M’barack, esclave par descendance dans la région de Rosso. En 2010, sa sœur aînée a pu la libérer avec l’aide des activistes de l’IRA après qu’elle a fui ses maîtres qui ont tué son enfant en versant des braises chaudes sur le bébé. La même année, ils ont réussi à libérer tous les enfants d’Aichetou.
Mabrouka, 20 ans, s’est brûlée gravement au bras gauche alors qu’elle cuisinait pour ses maîtres. Mal soignée, elle souffre toujours de douleurs. Libérée en 2011 à l’âge de 14 ans, Mabrouka n’a jamais pu aller à l’école. Elle s’est mariée à l’âge de 16 ans.
La famille Haydel, devant leur tente, à côté de la maison de leur maître Cheikh Ouled Mhammed. Haydel est toujours esclave avec sa femme et ses enfants, sa mère et ses quatre sœurs dans un petit village près de Male, à huit kilomètres de la route principale.
Une classe dans une école mise en place par une association locale pour les enfants des Haratines qui ne peuvent pas intégrer l’école publique car ils n’ont pas d’état civil.
Des femmes Haratines apprennent à coudre dans les ateliers de l’association SOS esclaves à Nouakchott.
Mbarka et ses deux enfants, chez eux, dans le bidonville Darbida à Nouakchott. Mbarka était esclave dans une famille de Maures blancs à Nouakchott. Libérée en 2011, Mbarka dit avoir vécu un quotidien de viols et de violences physiques tout au long de sa vie d’esclave.Les femmes Haratines vendent du tissu sur le marché principal, au centre de Nouakchott.
Femmes en servitude© Seif KOUSMATE
Source : Le Vif (Belgique)