Monsieur, le Président
Monsieur le Ministre
Chers collègues députés
Un député menotté comme un bandit de grand chemin.
C’est une image qui a choqué plus d’un mauritanien suscitant, incompréhension et indignation, même au-delà de nos frontières. Pour les militants des droits de l’homme, c’est le paroxysme de l’infamie et de l’ignominie.
L’un des locataires de cette auguste Assemblée, un des nôtres, dépositaire du mandat du peuple et de sa légitimité, le député du peuple, Biram DAH Abeid croupit encore en prison depuis 118 jours.
Le député sans l’humilité parlementaire est-il député ? Réfléchissez-y!
Chaque jour qui passe, les autorités posent des actes qui déshonorent notre modèle démocratique en instrumentalisant notre système judiciaire pour confirmer, ce que tout le monde sait déjà : une justice aux ordres.
La justice dans notre pays est devenue ce rouleau compresseur qui broie sans pitié et sans état d’âme les opposants au régime et les militants des droits de l’homme.
La peur est partout. Une peur et une violence qui rappellent a bien des égards la dictature décrite dans le Cercle des tropiques d’Alioune FATOURE ou encore l’horreur dans la vie et demie de Sony LABOU TANSI.
Que nous en garde !
L’honorable député Biram DAH Abeid a obtenu au forceps, le 27 Novembre 2018, son évacuation pour les urgences du Centre National de cardiologie.
Malgré son état de santé plutôt précaire,- les traits du visage étaient bien tirés, signes de la fatigue et du malaise de l’homme – les autorités lui ont passé quand même les menottes.
Ce qui constitue une violation flagrante des droits de l’homme, une atteinte grave à la dignité de l’homme et de tout l’homme.
Honorables députés !
C’est notre dignité d’humain, de musulman et de représentant du peuple qui vient d’être écornée, insultée et souillée à jamais.
Notre silence, votre silence est synonyme de lâcheté et d’indignité.
C’est un silence coupable, un outrage à notre mission de représentant du peuple dont la première vocation est de défendre et protéger les intérêts des citoyens.
Chers collègues députés !
Ce que subit en ce moment Biram doit nous interpeller tous.
En effet, l’injustice, c’est l’ennemi numéro de la république, de la démocratie et du progrès.
Faut-il le rappeler, siéger au sein de cette chambre, c’est aussi le courage de faire entendre une voix dissonante, de danser notre musique et non celle imposée par l’exécutif.
En effet, l’exécutif, à lui la légalité, et à nous le peuple et la légitimité !