Le sieur Wajaha Ould El Hassene, un déguerpi du Sénégal au début des années 90, a atterri dans ce village qui l’a reçue à bras ouverts. Compte tenu des liens de parenté qui le lient aux autochtones de la part de sa grand-mère, il a été vite adopté et une parcelle de terre agricole lui a été concédée afin de la fructifier.
Après s’être bien installé, celui-ci s’est employé à mûrir des stratagèmes aux fins de s’approprier le domaine appelé « LEGUETT ou MACHRA’A EHEL Cheikh », du nom d’une famille de cette localité qui y demeure jusqu’à nos jours. Paradoxalement, le père de ce prétendant a déjà témoigné de l’appartenance de cette terre aux ascendants de ceux à qui il la dispute actuellement.
Ce témoignage a eu pour résultat deux verdicts, au début des années 70, en faveur de cette communauté contre des notables de leur tribu qui ont voulu eux aussi les exproprier au nom de leur vassalité tribale.
Doit-on en conséquence, attacher du crédit à l’assertion qui dit que la connexion des Haratine à une certaine organisation tribale ou sociétale, est en elle-même la source de leurs malheurs et de leur privation de tous les droits ?…
Cette situation est aggravée par la partialité évidente des autorités publiques et des agents de l’Etat, en particulier, la gendarmerie dont le commandant de la brigade locale ne cesse de proférer, à l’encontre de pauvres citoyens, des menaces, des insultes et d’autres propos vils et dédaigneux.
Propos dont la prononciation est pourtant interdite par la loi, mais les premiers qui en usent et abusent sont ceux-là même qui sont chargés d’y veiller ; à savoir l’administration et les auxiliaires de la justice.
Par quelle logique alors, des autorités responsables pourraient-elles favoriser l’intérêt d’une personne quelqu’elle soit, sur celui de tout un village, que pour les raisons bien connues de tous et consistant à perpétuer la situation emblématique d’exclusion des Haratine.
Cette exclusion dont le cas le plus flagrant se révèle être celui des petits paysans sans terre, encore soumis à la domination et l’exploitation esclavagiste et féodale, souvent fondée sur le détournement de la réforme foncière de 1983 par des autorités administratives et des magistrats au nom d’une solidarité de classe, parfois de race, mais toujours parée des oripeaux de la légalité républicaine.
Face à la récurrence de ces formes de connivence flagrante entre l’administration publique et une certaine frange de privilégiés, à l’intérieur du pays et sur toute l’étendue du littoral, auxquelles s’ajoutent quelques faisceaux d’indicateurs concordants aussi négatifs les uns que les autres, mais dont la signification et la teneur sont tout aussi limpides ; l’on est en droit de se poser sérieusement des questions sur l’essence même de notre Etat, tout comme la nature profonde du régime qui nous gouverne.
Nouakchott, le 18 Décembre 2017.
Le Manifeste
Pour les droits politiques, économiques et sociaux des Haratine au sein d’une Mauritanie unie, égalitaire et réconciliée avec elle-même.
Source : Manifeste des haratine