Les Harratines ont marché mardi 29 avril 2014 à Nouakchott pour dire «Assez !» à la marginalisation et les injustes qui les frappent.
Parmi les nombreuses revendications contenues dans le Manifeste que cette frange de la population mauritanienne a paraphé en 2013 pour leurs droits politiques, économiques et sociaux, l’égalité d’accès à tous les postes de responsabilité sans quota discriminatoires, mais aussi un égal accès à la justice.
Or, dans ce registre, les Harratines considèrent que même pour le recouvrement de leurs droits, ils se heurtent à l’iniquité. Le cas d’Abderrahmane Ould Ahmed, détenu pendant 150 jours dans l’enfer d’Inal en 1990, illustrerait ce déni de justice.
Depuis plusieurs années, cet ancien cadre de la SNIM (Société industrielle et minière) devenu plus tard, Directeur général d’une société privée à Nouadhibou, la SRCNI (Société de Représentation commerciale et de Nettoyage industriel) court pour recouvrer ses droits, ballotés d’une administration à l’autre.
Il accuse un général de l’Armée, qui serait profondément impliqué dans le génocide des années 90 d’être derrière le blocage de son dossier. Il déclare que le Commissariat aux droits de l’Homme n’attendrait qu’un coup de fil de ce général, qui gère tous les dossiers relatifs à ces années sombres, pour procéder au règlements de ses dues et les réparations morales dont il se dit avoir droit.
Hartani de souche, Abderrahmane Ould Ahmed se demande encore les raisons qui avaient poussé les autorités administratives et sécuritaires de l’époque, à l’embarquer dans une purge qui ne visait en principe que la communauté négro-africaine. Sa seule réponse aujourd’hui est qu’il a été victime d’un règlement de compte dans ces années troubles où une obscure raison d’Etat avait couvert tous les crimes commis en ces périodes de non droits.
Arrêté par un inspecteur de police, dimanche 27 octobre 1990, il perdra son véhicule, une 504 SR immatriculée M1117, qu’il verra quelques heures plus tard selon lui entre les mains d’un officier de l’armée. Une mallette qui contenait 3 Millions d’UM qu’il venait de retirer pour les besoins de sa société disparaîtront avec. Apparemment, ceux qui l’avaient dépouillé pensaient, selon lui, qu’il était parti pour un voyage sans retour, tellement le fort d’Inal était réputé pour être un purgatoire.
Pendant 150 jours, et sans qu’il ne sut jamais le crime pour lequel il était accusé,Abderrahmane a déclaré avoir vécu sous la torture, la faim, la privation, attaché nu, comme ses 255 compagnons d’infortune, à un pieu, livré aux morsures du froid marin.
Aujourd’hui, Abderrahmane Ould Ahmed réclame à l’Etat mauritanien des dommages physiques et moraux.
JOB
Aidara Cheikh