Le Haut commissariat des Nations Unies pour les droits de l’homme a organisé, les 24 et 25 Novembre 2016 à Genève, la neuvième session spéciale du Forum sur les questions relatives aux minorités. Comme de tradition, tous les ambassadeurs des pays-membres des Nations Unies et des organisations accréditées y ont participé.
Comme toujours, la Mauritanie a envoyé une forte délégation particulièrement composite. Il y avait de tout : responsables de la Commission nationale et du Commissariat des droits de l’homme, membres divers du fameux Mécanisme pour la lutte et la prévention contre la torture, le tout assaisonné d’une poignée de gens choisis pour véhiculer les sempiternels réchauffés que la Mauritanie sert systématiquement à la Communauté internationale, à la moindre discussion autour des droits de l’homme. En cela, l’approche des pouvoirs successifs, de 1984 à nos jours, n’a pas changé d’un iota : ressasser, à qui veut l’entendre et à qui ne le veut pas, que tout va comme sur des roulettes et que les violations dont parlent les « ennemis » de la Nation, en interne et en externe, ne sont que pures affabulations. Les travaux de la neuvième session spéciale sur la problématique des minorités n’ont pas dérogé à la règle, avec, en extras, de très fortes invectives et insultes particulièrement discourtoises et insolentes, entre la délégation officielle de la République Islamique de Mauritanie et celle de l’Initiative pour le Mouvement Abolitionniste (IRA) dont le représentant a dressé un très virulent réquisitoire, contre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz, accusé d’entretenir et de promouvoir un racisme d’Etat systématique, envers des minorités nationales, comme les Harratines et les Négro-africains qui souffrent de marginalisation, d’injustice et de toutes les formes de violations des droits de l’homme. Forte réaction de la délégation diplomatique de la Mauritanie qui a demandé la suspension de l’intervention d’IRA, s’indignant de la présence, entre les délégations de pays-membres des Nations Unies, d’une organisation « terroriste » et « non reconnue ». Un semblant de déjà entendu qui ne semble avoir convaincu personne, puisque la parole fut, illico, rendue au représentant d’IRA qui eut la présence d’esprit de rappeler, quand même, que son organisation ne vise pas une communauté nationale mais réclame une enquête, pour identifier les théoriciens, les exécutants et les ordonnateurs des violations perpétrées et leur poursuite éventuelle. Depuis quelques mois, la Mauritanie semble avoir de sérieux problèmes, sur le plan diplomatique. Les multiples revers que le pays subit en sont des preuves éloquentes. Nos dizaines d’ambassades éparpillées à travers le monde ne semblent pas jouer convenablement leur rôle. Les dernières missions du ministre des Affaires étrangères et de son homologue déléguée aux Affaires africaines, Maghreb et Mauritaniens de l’étranger ont fait ressortir beaucoup d’insuffisances, en termes de prestations susceptibles de redorer le blason du pays. Les cris hystériques de quelques personnes en mal d’arguments convaincants ne suffisent pas à corriger les fiascos, de plus en plus gênants et compromettants, de nos institutions diplomatiques et des droits de l’homme. Les sorties intempestives, sur fonds d’indélicatesses langagières, en plein concert des nations, écornent davantage une image nationale déjà très endommagée. Avec un Commissariat et une Commission nationale des droits de l’homme, un Centre tout aussi national des droits de l’homme, un mécanisme de prévention et de lutte contre la torture, une trentaine de représentations diplomatiques très coûteuses, des centaines, voire milliers d’organisations de la Société civile favorables au système, le pays est encore incapable d’élaborer un argumentaire efficace, contre les accusations d’une organisation « non reconnue », constituée d’une poignée de personnes qualifiées de « terroristes ». N’avoir à opposer aux « allégations » de ceux-ci, que l’hystérie, l’insolence et l’indélicatesse, c’est avouer, implicitement, qu’il y a quelque chose qui cloche…