Marche du Mithaq Harratines : Pour une reconnaissance effective des H’rratines

Marche du Mithaq Harratines : Pour une reconnaissance effective des H’rratines Ils étaient des milliers à défiler simultanément vendredi 29 avril 2016 à Nouakchott et à Nouadhibou pour réclamer le droit des Haratines et leur citoyenneté effective. il s’agissait de l’actede commémoration du troisième anniversaire du Mithaq Haratines, ce document créé par les Haratines pour en quête de leurs droits pleins et entiers en Mauritanie 

« L’adoption de lois criminalisant l’esclavage ne suffit pas, il faut que ces lois soient appliquées pour éradiquer ce fléau ».
 C’est en ces termes que Boubacar Ould Messaoud, premier vice-président du Pacte pour les droits économiques, sociaux et politiques des Haratines (Mithaq) s’est exprimé lors de la marche organisée le vendredi 29 avril 2016 à Nouakchott.

Et le leader d’ajouter : « Le leader de SOS Esclaves s’est toutefois félicité de l’existence d’un cadre juridique national criminalisant les pratiques esclavagistes. Il trouve toutefois que la paix et la cohésion sociale ne peuvent être consolidées que par l’égalité de tous les Mauritaniens devant la loi et les opportunités économiques, sociales, culturelles et politiques.

« Force est de constater que les demandes raisonnables et légitimes présentées dans le Manifeste ne sont toujours pas satisfaites ». Face à l’intervenant, des milliers de visages desquels se dégageaient ressentiment et l’angoisse.

Il faut dire que l’indignation ne cesse de monter dans les rangs des haratins, après trois années passées depuis la rédaction du Pacte des Haratines et le silence assourdissant du gouvernement mauritanien à en satisfaire la moindre proposition. Une telle angoisse sera d’ailleurs évoqué par chacun des intervenants du jour.

A l’entame, près de 3000 personnes, militants haratines, représentants de la société civile, droits de l’hommistes, hommes politiques, anonymes de toutes les couches confondues de la population, ont marché de la nouvelle maison des jeunes de Nouakchott à la Place Ibn Abass, au centre-ville de la capitale. 

Tous avaient un seul objectif : crier à la liberté, à la justice sociale et à l’égalité, pour une Mauritanie débarrassée de la discrimination ! C’est en substance ce qu’ils scandaient et qui a été souligné dans les banderoles desquelles on pouvait lire entre autres : « pour une citoyenneté pleine et entière des haratins”.

A la tribune érigée Place Ibn Abass pour le meeting final, après une marche qui a traversé le centre ville de NouakchottBoubacar Ould Messaoud a harangué les foules, soulignant qu’il n’y aura pas de liberté pour les Haratines tant qu’ils ne s’investiront pas résolument dans combat. L’intervenant devait ensuite lancer un appel en direction du Pouvoir, demandant la libération immédiate des deux détenus de IRA.

Nouadhibou, des centaines de personne ont également marché ce 29 avril 2016 . une prmeière du genre ! C’était aussi pour commémorer le troisième anniversaire du Mithaq Haratine. La première avenue de la capitale économique, l’Avenue Médian a refusé du monde avec des manifestants véhiculant des slogans divers, « Liberté et égalité : ! » ; « Assez la marginalisation des Haratines ! », « Pour une éducation sans discrimination ! »

Dans la capitale économique, les marcheurs sont partis du virage de la Fédération vers le carrefour Hawtat, soit une distance de 5 kilomètres. Faut-il dire que la présente manifestation, est la première organisée depuis la disparition du premier président du Mithak, le regretté Saïd Ould Hamody. Elle aura certes drainé du monde, mais beaucoup moins que les années précédentes. 

Ahmed B.

Encadré

Quelques propositions du texte du Manifeste 

– Engager, dans les meilleurs délais, une large concertation nationale pour la mise en place d’un véritable contrat social, fondé sur l’appartenance commune à une Nation Unifiée et garantissant la liberté et l’égalité réelles entre tous les citoyens ;

– Créer des zones d’éducation préférentielle dans les espaces d’extrême pauvreté (adwabas) avec tous les avantages liés à ce statut en termes d’enseignement, d’infrastructures, de moyens budgétaires appropriés, d’encadrement et de suivi pédagogique, d’évaluation et de motivation des enseignants, des élèves et de leurs parents, d’accès prioritaire et préférentiel aux bourses dans l’enseignement professionnel et supérieur, de création d’internats et de cantines scolaires…etc.

– Mettre en application effective la Loi criminalisant l’esclavage et les pratiques induites par la révision ou le renforcement de certaines dispositions afin de permettre aux organisations de la société civile d’ester en justice en lieu et place des victimes de l’esclavage qui doivent être considérées comme personnes indigentes par causes de l’esclavage et de l’ignorance. 

Il convient aussi de créer une Structure Publique chargée de ce dossier et de toutes les politiques publiques pour l’égalité réelle, tout en axant ses efforts sur le repérage, l’affranchissement et la réadaptation des personnes réduites à l’esclavage. 

– Revoir les règles de partage du pouvoir pour attribuer un quota stable de 40 % au minimum (de manière tacite ou solennelle) à la communauté haratine au niveau des Institutions constitutionnelles, du Gouvernement, des Administrations et Établissement publics et des postes de hauts fonctionnaires de l’Etat (Cabinets Présidentiel et ministériel, Administration centrale et territoriale, Diplomatie, Projets de développement, Grands corps de l’Etat..etc.)

– Instituer une règle imposant que les deux postes supérieurs du pouvoir exécutif (Président de la République et Premier Ministre) ne soient plus occupés par deux personnalités de la même communauté ; la mesure permettrait de mieux favoriser le partage du pouvoir.

 Source : L’Authentique (Mauritanie)