Malheureusement, cette réforme semble être, hélas, engagée dans la précipitation. En effet, une grande incertitude politique demeure, quant à sa réalisation concrète. .
Malgré la volonté du pouvoir de camoufler, par la propagande , les difficultés rencontrées dans l’exécution de cette réforme, ces dernières sont mises à nu par les insuffisances en infrastructures scolaires et en personnel enseignant qualifié. Insuffisances, qui se sont d’ailleurs fortement aggravées et mises en relief par le processus de limitation de l’enseignement fondamental à l’école publique uniquement.
Indéniablement le département de l’éducation nationale et de la réforme du système éducatif patauge. Il cherche à imposer, sous prétexte de la pertinence de l’option du gouvernement, le bricolage d’une réforme, qui doit mériter plus d’intérêt et plus d’attention. Déjà, les problèmes rencontrés dans son exécution, font vivre l’opinion publique nationale et la famille scolaire en particulier, le spectre d’une énième réforme ratée.
Par sa fuite en avant incompréhensible, le pouvoir risque de donner le coup de grâce à notre système éducatif, et d’hypothéquer l’avenir de nos enfants et par conséquent celui de notre pays.
En effet, en plus des insuffisances susmentionnées, la loi d’orientation 2022-2023, qui suscite encore des controverses sur les langues d’enseignement, peine à être mise en œuvre , à cause de l’imprévoyance, et de l’improvisation .
Comme d’habitude, le regime actuel, a voulu imposer avec insouciance et irresponsabilité, un plan d’exécution, conforme à ses agendas électoralistes irréalistes et démagogiques. Dès lors, il était fort prévisible que les calculs politiques empiètent sur le professionnalisme, le réalisme, la rationalité et l’objectivité nécessaires pour la réussite de cette importante réforme.
Il s’avère qu’inévitablemment, le projet de l’école républicaine va pâtir de l’enracinement de la mauvaise gestion qui gangrène le pays et de l’incivisme de nos décideurs. D’ailleurs la désillusion causée par les difficultés rencontrées dès l’entame de sa mise en œuvre, ravive en nous l’amertume de la mauvaise gouvernance de notre pays, par l’inamovible système politique qui nous régente depuis plus de quarante ans.
Le régime de MOHAMED CHEIKH EL GHAZOUANI, actuelle variante de ce système, la plus aguerrie, la plus expérimentée et la plus intraitable en matière de gabegie, est-il d’ailleurs capable de concrétiser ce projet, on ne peut plus républicain et patriotique ? Rien n’est moins sûr, eu égard aux velléités de redressement qu’il a tenté d’opérer, et qui n’ont abouti à aucun changement.
Après cette longue expérience vécue sous ce système gabegique, qui prend le pays en otage et le mène vers l’incertain, les mauritaniens devraient être suffisamment incrédules pour savoir que le projet de l’école républicaine ne peut être qu’une illusion, une nième réforme ratée ! Et pour cause ! Sa réalisation nécessite, absolument, le changement du régime qui l’a initié.
Pour s’en convaincre, il suffit de poser la question de l’école républicaine (c’est à dire du redressement de notre système éducatif) en termes de conditions de faisabilité, partant de la réalité socio-politique inopportune de notre pays.
En d’autres termes, le regime actuel, peut-il garantir une gestion saine des affaires de l’état, à même d’assurer la réalisation de l’école républicaine? Qu’ a-t-il de républicain, de mieux, à faire valoir pour ambitionner l’instauration de l’école républicaine ?
Normalement son premier atout devrait être la volonté du président de la république.Trois raisons prouvent que ce dernier n’est pas et ne peut pas être républicain:
1 / il était l’un des acteurs principaux du putsch contre le Président SIDI MOHAMED CHEIKH ABDALLAHI, le mieux élu de la Mauritanie moderne et le plus porteur d’espoir.
2 / le pouvoir lui a été adjugé par son prédécesseur, pour lequel il fut un fidèle collaborateur, lors du putsch, et pendant plus d’une décennie de gabegie et d’affairisme pour lesquels ce dernier est actuellement en prison et en jugement.
3/ son premier quinquennat a été décevant, plein de désillusions, voire désespérant, car il se confirme qu’il n’arrive pas à se départir de l’incivisme des oligarques tribaux, militaies, et affairistes qui l’ont porté au pouvoir, et qui tirent les ficelles de la Mauritanie profonde, conservatrice et chauvine.
Et puisque nous sommes soumis à un régime présidentiel, et que l’état est sous la direction souveraine d’un tel président, on ne peut pas, logiquement, espérer de notre gouvernement, de notre administration, de nos services publics, de nos responsables, tous, imbus de plusieurs décennies de gabegie et d’incivisme, d’être habiletés à instaurer l’école républicaine.
Pour cette raison, il n’était pas judicieux que les responsables de la déchéance de notre école publique supervisent les journées de réflexion sur notre système éducatif. Même s’ils ne peuvent qu’accepter son état des lieux lamentable et accablant, leur tutelle a de toute évidence influencé l’évaluation et les conclusions de leurs travaux, surtout en occultant de situer les responsabilités.
Pourquoi et comment sommes-nous arrivés à ce degré de dégradation de notre système éducatif ? Qui sont les responsables ? Normalement on devait plus insister sur les réponses à ces deux questions, si l’on voulait réellement délier les nœuds du problème du système éducatif.
Au contraire, nos réformateurs ont évité les problèmes fondamentaux et sensibles, pour s’appesantir sur la conception d’une nouvelle approche de notre politique éducative, répondant à nos impératifs socio-économiques et socio-politiques.
Certes, la recherche de solutions pour de tels impératifs, est pertinente et constitue d’ailleurs la raison d’être de toute réforme de l’éducation digne de ce nom. En la matière, les résultats de leurs travaux constituent, dans l’ensemble, un consistant plaidoyer pour la réforme de notre système éducatif, sur la base duquel on peut bâtir un projet d’école républicaine.
Mais encore faut-il qu’on soit dans une vraie république, un état de droit, avec une administration et des institutions républicaines, qui fonctionnent normalement, régulièrement avec la déontologique républicaine requise. Où en sommes-nous par rapport à tous ces idéaux.
Très loin ! Nous sommes une république formelle avec des citoyens de seconde zone, où sévissent l’injustice, l’iniquité, l’exclusion, la paupérisation, la marginalisation, la gabegie, l’insouciance, et où les institutions de l’état sont inféodées au pouvoir exécutif et à la nomenklatura chauvine et affairiste.
Alors, dans ces conditions espérer la réalisation du projet de l’école républicaine, relève tout simplement de l’utopie. C’est cette réalité qui nous a mené à là où nous sommes, mais aussi demeure le problème majeur qui entravera la réalisation de la nouvelle réforme.
Et puisque le régime du président MOHAMED CHEIKH GHAZOUANI n’arrive pas à se libérer du mode de gouvernance périlleux dont il a hérité, en laissant en état de nuire, les fossoyeurs de notre système éducatif, sans qu’ils ne soient jamais inquiétés pour leurs forfaitures, sans qu’ils ne craignent de rendre compte un jour, il est légitime de douter qu’il puisse réaliser le projet de l’école républicaine, en toute évidence voué à l’échec.
Mohamed Daoud Imigine