La pré campagne électorale en Mauritanie bat son plein depuis l’annonce des principales candidatures à l’élection presidentuelle. L’enthousiasme semble prévaloir partout dans la sphère publique. Le point d’orgue est le premier meeting de soutien des hommes d’affaires à l’actuel président-candidat. C’est très bien. Seulement tous ces candidats connaissent-ils les statistiques sur la pauvreté ? Je ne crois pas. On dirait qu’on aurait honte d’en parler et même d’évoquer le sujet. En tout cas, une évidence saute aux yeux, les hommes d’affaires si prompts à réagir n’ont jamais la lutte contre la pauvreté dans leurs préoccupations et leur agenda !
En Mauritanie, 2,3 millions de personnes, soit 56,9% de la population ou encore six (6) personnes sur dix (10), vivent en situation de pauvreté chronique et multidimensionnelle. Ce type de pauvreté prend en compte des criteres en matière d’éducation, de santé, de conditions de vie et d’emploi. Les zones rurales sont des poches de pauvreté qui devraient requérir davantage l’attention des pouvoirs publics, car près de ( huit personnes sur (10) dix, soit (77,1 %) vivent dans la pauvreté multidimensionnelle. En d’autres termes, 771 personnes sur 1000 vivant dans nos campagnes et en dehors des centres urbains sont pauvres ou extrêmement pauvres. Un diagnostic édifiant sur l’échec des pouvoirs publics à enrayer ce fléau.
Ces statistiques font froid dans le dos. À mon avis, notre président de la République et son gouvernement ne devraient plus beaucoup dormir à l’idée insoutenable que près de 80% des populations vivant dans nos campagnes ne mangent pas à leur faim, ne bénéficient pas de soins médicaux adéquats, n’ont pas accès à l’eau potable et dont les enfants ne vont pas à l’école ou même s’ils y vont sont condamnés à terme à sortir du système scolaire. Par conséquent, je formule ces interrogations. Nos dirigeants actuels sont-ils conscients de la réalité de ces statistiques récentes qui proviennent de l’Unicef en 2023 ? Pourrait-on jamais parler d’un mandat présidentiel réussi quand on traîne cette triste évidence qui confine plus de la majorité de nos populations dans la pauvreté et l’extrême pauvreté ?