La discrimination est une action ou une décision qui a pour effet de traiter de manière négative une personne en raison, par exemple, de sa race, de son âge, de son appartenance ethnique ou de sa langue,.. De telles raisons sont des motifs de discrimination et sont protégés par la loi.
Je me nomme Cheikh Tijane Diop, citoyen mauritanien. Aujourd’hui j’aimerais parler d’un cas de discrimination dont j’ai été victime. J’ai participé au récent concours de l’Ecole Nationale d’Administration de Journalisme et de magistrature, ce concours qui a été organisé par la commission nationale des concours a été entaché comme d’accoutumée de nombreuses irrégularités dont les plus flagrantes sont le filtrage de certaines communautés.
Il faut rappeler que le concours administratif est le procédé de droit commun pour le recrutement dans la Fonction Publique. Tout recrutement fait autrement est nul d’effet.
J’avais postulé pour le poste de conseiller des affaires consulaires, relevant du ministère des affaires étrangères. Le sujet principal que j’avais traité en Français avait pour thème « Le rôle de la diplomatie dans les relations internationales » et le second traité en arabe avait pour thème « L’importance de l’éducation dans la promotion de l’égalité citoyenne ». J’ai obtenu une note de 5/20 pour ces deux matières.
Pour rappel je suis aussi écrivain, ayant rédigé deux essais traitant justement des relations géopolitiques de la Mauritanie, ouvrages qui m’ont d’ailleurs valu une invitation sur le plateau de l’émission le Dimanche Soir sur la Chaîne publique sénégalaise la RTS, cette émission qui est la continuité du Grand Rendez-vous était la plus suivie en Afrique de l’Ouest, par conséquent n’y sont pas conviés ceux qui ne maitrisent pas leur sujet, je suis également titulaire d’un DELF du gouvernement français obtenu avec la note de 88.5 /100 , ce qui prouve que j’ai un minimum de niveau en français, je suis également lauréat du prix du cinquantenaire de la Francophonie, dictée , catégorie Université signé des mains de l’ambassadeur de France en Mauritanie et je suis enfin lauréat du prix lettres Campus France 2020.
Pour la seconde matière, je rappelle que je suis parfaitement bilingue, je parle couramment l’arabe et l’écris aussi. Donc ces notes sont loin de refléter mes performances.
Ayant foi en la Commission Nationale des Concours, j’entrepris dans un premier temps d’envoyer une lettre de réclamation, cette lettre est restée sans suite, je dus faire le déplacement de Nouadhibou à Nouakchott pour me rendre au siège de ladite commission. Dans un premier temps on me fit comprendre qu’il était impossible de consulter une copie, après insistance je pus rencontrer le président de la commission, qui accepta que je consulte la copie. A ma grande surprise, il n’y avait aucune annotation sur la copie. Je ne réagis pas sur le coup, je demandais renseignements à des professeurs de certains pays de la sous-région et d’autres ayant enseigné en Europe et d’anciens professeurs mauritaniens, qui m’ont fait comprendre que les notes et les appréciations du professeur doivent impérativement figurer sur la copie, en plus de sa signature pour pouvoir l’identifier en cas de réclamation, ces pratiques et le refus systématiques de toutes réclamations sans parler des fraudes au niveau informatique et des filtrages à l’oral sont autant de preuves qui montrent à suffisance la mafiosité de cette commission.
Pour la petite anecdote, j’avais postulé en 2019, au Concours des contrôleurs de la Douane, à l’époque j’avais réussi l’épreuve écrite et les tests médicaux et psychotechniques, mais je fus recalé à l’oral. Lors du jour de l’examen, alors que nous étions en récréation à la fin de la première matière, des jeunes hommes arabophones m’interpellent et me sortent une épreuve qu’ils me demandaient de corriger pour eux, il s’agissait là de l’épreuve qu’il devaient traiter à la fin de la récréation, j’y opposa un niet catégorique et en informa le président du jury qui ne donna aucune suite à cette affaire.
Pour comprendre l’historique des discriminations en Mauritanie, il faut remonter l’histoire :
Jusqu’en 1958, la Mauritanie était une circonscription administrative de la France gérée à partir de St-Louis du Sénégal, en 1958 la Mauritanie obtint l’autonomie interne et Mokhtar O. Daddah est nommé Vice-président du Conseil, il faut aussi rappeler que la Mauritanie faisait partie du conseil de l’A.O.F (Afrique Occidentale Française), dont la capitale était justement St-Louis, où sont toujours présents les locaux de l’ancêtre de Radio Mauritanie qui était hébergé par Radio Sénégal International, à St Louis aussi sont trouvables d’anciennes archives de la Mauritanie au CRDS (Centre de Recherche et de Documentation du Sénégal) qui relève de l’université Gaston Berger, archives que les autorités mauritaniennes se refusent de transférer pour on ne sait quel raison.
Donc après l’obtention de l’autonomie interne, Mokhtar Ould Daddah et son acolyte N’diaye Sidi El Mokhtar dont le nom a été rayé des manuels d’histoire de la Mauritanie (Ndiaye Sidi El Moktar est le 2éme député mauritanien à l’assemblée territoriale Française et le premier président de l’Assemblée nationale mauritanienne et parrain du Président O.Daddah dont il soutint les études en France), décidèrent de transférer le pouvoir politique de St-Louis à Nktt. Or Nktt était un désert plat et il fallait tout créer et notamment les infrastructures et l’administration.
Pour ce faire, ils firent appel aux fonctionnaires Mauritaniens de l’ancienne administration coloniale et des fonctionnaires mauritaniens établis dans les autres pays de l’A.O.F., c’est ainsi que mon grand-père infirmier de son état quitta le Sénégal pour servir en tant qu’infirmier major à l’hôpital de Rosso jusqu’à sa retraite. Donc l’embryon de l’administration mauritanienne était composé d’éléments francophones ainsi que les futurs agents et cadres qui avaient tous fait leurs études en français. Par la suite et pour permettre l’accès à l’administration aux arabophones, le Président O. Daddah décida d’arabiser une partie du système éducatif, décision qui ne plut pas aux cadres francophones notamment issus de la vallée, qui voyaient dans cette mesure une volonté de les museler (l’histoire ne leur a t-elle pas donné raison ?), par réaction le manifeste des 19 est rédigé en 1966, les syndicats estudiantins se mettent en grève, des affrontements éclatent entre arabophones et francophones, le président Ould Daddah charge violement les manifestants, de leur côté plusieurs cadres issus de la vallée décident de démissionner dont Bâ Mamadou Samboly dit BMS. Ces événements constituent la première fracture du tissu social en Mauritanie, par la suite plusieurs actions sont entreprises pour sauver la cohésion sociale. Après la chute du président O. Daddah, la Mauritanie entre dans une forte zone de turbulence, avec l’arrivée du président O. Taya, ce dénier remet en cause l’appartenance africaine de la Mauritanie et quitte la CEDEAO et d’autres organisations panafricaines, des éléments ayant fait leurs études en Irak en Syrie et dans d’autres pays arabes, importent l’idéologie baathiste et la suprématie panarabe, depuis lors une politique de dénégrification de la Mauritanie est mise en place, l’outil dominant de cette politique d’exclusion étant l’arabe, car même si tous les mauritaniens partagent la même Qibla, ils ne partagent pas les mêmes cultures et les même codes. Ainsi lors des évènements de 1989, plusieurs cadres francophones et majoritairement négro-africains sont exécutés ou déportés.
(A suivre…)
Diop Cheikh Tijane