Ce lundi trente janvier deux mil vingt-trois, lors d’une séance plénière du parlement mauritanien convoqué pour discuter des lois régissant les élections, notre assemblée nationale a été le centre d’un incroyable vacarme suite à un débat sur la discrimination positive.
Cette plénière à laquelle était présent le représentant du gouvernement Monsieur le Ministre de l’intérieur et de la Décentralisation et que le Président du Parlement avait réservée à la présentation des interventions des femmes parlementaires relatives au déséquilibre du quota qui leur est réservé en ce qui concerne les postes électoraux, cette séance s’est tout bonnement muée en une occasion d’altercations entre parlementaires.
L’honorable parlementaire, le Hartani Sghayir Ould Atiqh, faisant remarquer à ses paires que jusqu’ici les interventions n’ont concerné qu’une seule parmi les catégories sociales nécessitant une discrimination positive , s’est aventuré à aborder, dans son intervention, l’élargissement du débat sur cette notion à d’autres larges couches encore victimes d’injustices, d’autres citoyens
vulnérables, d’autres mauritaniens victimes de marginalisation en général et en particulier les Haratine s’agissant du domaine des postes électoraux.
L’oubli du cas éloquent des Haratine par nos honorables parlementaires de même que la réaction défavorable manifestée à leur égard par certains députés intervenant à propos sont assez significatifs : Au niveau même du pouvoir législatif, les Haratine semblent complètement ignorés en matière d’égalité de chance et soulever un cas qui concerne leur émancipation
constitue comme il s’est avéré un scandale si ce n’est un affront.
L’honorable député Sghayir en posant le problème de la discrimination positive en faveur des Haratine afin de combler l’écart existant entre ceux-ci et d’autres citoyens mauritaniens, a soulevé un grand tollé faisant ressortir que la mentalité rétrograde de l’infériorité des Haratine est encore profondément ancrée dans notre société.
Au vingt-et-unième siècle et à l’heure où la communauté mondiale travaille d’arrache-pied dans le sens de la liberté, de la justice et de l’égalité des hommes, au moment où la Mauritanie s’est engagée auprès des organisations internationales à respecter les accords relatifs aux droits humains, il est tout à fait regrettable que notre pays soit encore au stade où poser un problème pour accéder à un droit élémentaire ne trouve pas une oreille attentive.
Il me semble que, dans l’intérêt de l’unité, de la cohésion nationale et de la paix sociale d’une part et, d’autre part, en vue de l’émergence et du développement d’une Mauritanie véritablement apte à s’insérer dans le concert des nations d’aujourd’hui, il nous est grand temps de nous ressaisir, nous les mauritaniens pour échapper à la menace de périr qui nous guette.
Nouakchott le 01/02/2023
Oumar Yali
Ancien ministre, ancien Sénateur et Président du parti RAG