Rien ne va plus entre les oulémas et les leaders haratines qui luttent contre l’esclavage dans notre pays et qui, tous, reprochent aux oulémas (savants religieux) de ne rien faire pour l’éradication de ce fléau en Mauritanie. Au contraire, la classe religieuse est accusée de perpétuer par ses fatwas et sa lecture archaïque des textes de l’Islam ce phénomène odieux dans notre société.
Tout ce bruit est provoqué par une déclaration de l’association des oulémas qui stipule que l’esclavage ‘’n’est plus légitime’’ en Mauritanie. Cette prise de position, qui se veut comme évolution notoire dans la position des savants religieux par rapport à la question, a provoqué l’ire de certains militants de la cause haratine.
Le parti El Moustaqbel a tenu, lundi dernier, à son siège à l’ilot A, un point de presse en réaction à la déclaration des ulémas de Mauritanie décrétant qu’à compter du 26 mars 2015, l’esclavage, ou ses pratiques, est désormais illicite.
Prenant la parole, les vice-présidents du parti, Pape Moda Diop et Moctar Ould Sidi Maouloud se sont dits indignés et offusqués par la sortie des Ulémas en collusion depuis l’indépendance du pays avec les esclavagistes.
Les responsables du parti trouvent cette sortie inopportune dans la mesure où elle n’apporte rien de nouveau et se contredit même en invoquant la loi de 1981 abolissant l’esclavage dans le pays. C’est une autre politique de fuite en avant, selon eux.
Pour El Moustaqbel, les Uléma ont toujours été des suppôts des pouvoirs politiques esclavagistes et racistes, en justifiant par leurs enseignements et interprétation des textes religieux l’existence de l’esclavage en Mauritanie. Pour le parti El Mousaqbel, la sortie des Ulémas entre dans le cadre des manœuvres et manipulations auxquelles les pouvoirs politiques ont habitué les victimes de cette pratique honteuse.
« La Fatwa et les textes législatifs n’apportent rien de nouveau, estime El Moustaqbel Les responsables du parti regrettent le fait que les Uléma nient le combat que les organisations de défense des droits de l’homme mènent pour trouver une solution définitive à cette violation des droits humains. »
Et toute solution ne prenant pas en compte les Harratines, principaux concernés par cette question est vouée à l’échec, estime-t-on à El Moustaqbel. « La sortie malencontreuse des Uléma est destinée à la consommation des organisations internationales qui financent les projets et programmes du pouvoir, elle ne berne personne en Mauritanie« , affirme Samory Ould Beye, président du conseil national du parti.
IRA, l’autre mouvement qui lutte pour l’abolition de l’esclavage et dont les principaux leaders croupissent dans la prison civile d’Aleg, va dans le même sens et fustigent la position frileuse de l’association des oulémas et les accusent de soutenir tous les régimes et d’être contre l’abolition de l’esclavage.
Par rapport à la même question de l’esclavage, l’ambassade des Etats Unis àNouakchott a publié un communiqué, hier (mardi, 7avril) dans lequel les Etats-Unis ‘’se félicitent des mesures prises récemment pour mettre en œuvre la Feuille de Route pour l’Eradication des Formes Contemporaines de l’Esclavage, y compris la Fatwa de la Ligue des Oulémas émise le 30 mars et les amendements proposés par le Gouvernement à la loi n° 2007-048 sur l’esclavage le 2 Avril’’.
L’ambassade U.S à Nouakchott ajoute ‘’Nous attendons la décision de l’instance judiciaire relative à l’appel introduit par Biram Ould Dah Ould Abeid, Président de l’Initiative pour la Résurgence du Mouvement Abolitionniste (IRA), le Vice-président d’IRA Brahim Bilal Ramdhane, et Djiby Sow, Président de Kawtal etYelitaare.
Nous demandons une fois de plus à la Cour d’Appel de bien vouloir examiner à la fois les condamnations et les peines sans délai, et de traiter ces cas importants d’une manière équitable, impartiale et transparente’’.