Dans l’ombre des pouvoirs militaires (30-suite et fin) : Le soleil noir » d’Afrique. Par Ahmed Salem Ould El Mokhtar (Cheddad)

Le phénomène Mandala

Au début des années 1980, on pourrait considérer que la décolonisation directe était pratiquement achevée. En Afrique, les dernières colonies portugaises furent libérées.  En Afrique du Sud, la libération du dirigeant historique Nelson Mandela en 1991 mettra  fin au régime d’apartheid. Le phénomène Mandela mérite qu’on s’y attarde un tout petit peu. Le président de l’ANC, Nelson Mandela fut libéré après plus de 27 ans de prison.  Sa libération eut l’effet  d’une véritable bombe nucléaire sur l’ensemble de notre planète. Jamais, à ma connaissance, l’écho d’un seul individu n’eut autant de retentissement en si peu de temps. L’homme  est  de surcroit un homme noir. Les gens avaient l’habitude d’observer des phénomènes brillants comme le soleil, la lune et même la comète de Haley. Ces phénomènes sont remarquables par leur blancheur. A travers l’histoire,  de grands hommes, ainsi que de grandes femmes, sont toujours présentés avec un teint blanc comme des étoiles.
Nous avons Néfertiti parmi les pharaons d’Egypte, Homère, Périclès et de nombreux philosophes dans la Grèce antique, Confucius,  Bouddha dans l’antiquité  asiatique. Au moyen âge,   nous avons  César, Louis XIV. Plus récemment nous avons  le Général de Gaulle, John  Kennedy, des gens  de couleur autre que le noir  comme le général Giap,  Mao Tse Toung et Mahatma Gandhi. Tous ces personnages historiques sont présentés comme des blancs ou tout au moins comme des non noirs. Au niveau du monde noir, nous avons eu de grands hommes mais sur un moindre plan, notamment le sport. Les plus connus sont effectivement des sportifs: Pelé, couronné  roi du football ou Mickael Jackson dans le domaine de la musique et de la danse et bien d’autres dans les différentes disciplines sportives comme en Afrique, les Kenyans et les éthiopiens dans le domaine de l’athlétisme.
En dehors du sport, les noirs furent  peu visibles. Et pour compenser cette absence supposée  si prolongée dans l’histoire, et comme par miracle, apparut une nouvelle étoile, et bizarrement une étoile noire,  le sud-africain Nelson  Mandela pour tout combler et presque dans tous les domaines y compris le sport. Mandela, dans ses débuts, avait débuté  comme poids lourds en matière de boxe.
La libération de Mandela en 1991 eut lieu dans un monde déchiré par les divisions de tous ordres. Et comme par miracle Mandela apparut brusquement comme point de ralliement de toutes les opinions au niveau des  différents continents.
A supposer que ce phénomène de Mandela eut apparu dans des temps très reculés, je parie que les gens n’allaient pas hésiter à le prendre pour un prophète du moment qu’il possédait en effet presque toutes les vertus  humaines qu’on prêtait aux prophètes. En effet, des qualités morales,  comme le courage, le dévouement, l’honnêteté, l’empathie pour le pauvre, l’intégrité intellectuelle, l’oubli de soi, la sagesse et bien d’autres, Mandela les avait incarnées dans toutes leurs dimensions.

 

Le messager

Donc depuis l’époque  de l’apparition des grands prophètes, on peut affirmer  avec le moins de  risque de se tromper que Nelson Mandela est la première personne des temps modernes  à réunir l’essentiel des  vertus humaines qui caractérisaient les grands prophètes. Il était aussi la première personne à avoir fait le consensus de tous. Après sa libération et jusqu’à sa mort il n’avait connu  aucun détracteur. Et qui sait?  Poussons notre imagination au plus haut degré.  Autorisons-nous à nous demander si réellement Mandela  n’aurait-il pas été chargé d’une sorte de mission à caractère divin ? Les grands prophètes connus apparaissent souvent  dans un contexte de crise  morale, de désarroi  existentiel, dans des moments d’incertitude et de grandes épreuves.
On se rappelle pourtant que lors de la libération  de Mandela les différents continents  connaissaient beaucoup de déchirures et vivaient des crises aigues pareilles. D’ailleurs la situation exceptionnelle de son propre pays, l’Afrique du Sud, suffisait à elle seule  pour justifier l’émergence presque divine de Nelson Mandela (alias Madiba).
En Mauritanie par exemple,  la libération de Mandela avait coïncidé avec les événements raciaux de 1989-91, événements au cours desquels les minorités négro-africaines furent persécutées par le pouvoir en place à l’époque, poussé par des courants chauvins, étroits  et xénophobes. Aux USA, l’idéologie raciale demeure ancrée dans les esprits d’une bonne partie de la population américaine.

 

Ébranlement du suprématisme blanc

Là, beaucoup croyaient encore à la  supériorité congénitale du blanc sur les autres personnes de couleur, notamment les noirs. L’arrivée de Mandela ébranla de fond en comble cette idéologie à la fois raciste et raciale. Un noir au sommet de la montagne des valeurs humaines, ça change tout.  Avec son avènement, toutes les idéologies chauvines furent battues en  brèche.
L’émergence de Nelson Mandela fut suivie un peu plus tard par l’élection du Ghanéen  Koffi Annan à la tête de Nations Unies et celle de Barak Obama comme président des USA. Dans ces deux événements, une part de hasard ou de coïncidence aurait peut-être pu jouer. Mais aussi un impact direct comme conséquence de l’ « effet Mandela » aurait certainement sa part.
La pause qui va suivre les derniers moments des guerres de libération, correspondait à une sorte de répit pour ne pas dire de démobilisation générale. On pourrait même se demander  n’était-ce pas le climat d’effervescence et de mobilisation intense et permanente entretenu par les nombreux mouvements de libération à travers le monde, qui avait alimenté  un état de mobilisation généralisée contre le monde occidental et  la part archaïque  de ses valeurs jugées  avant comme étant le principal rempart contre l’émancipation des peuples colonisés ?
La disparition de cette cause mettra à nu le grand retard en matière de démocratie des pays du bloc soviétique. Les soulèvements des peuples de cette zone interviendront peu après. Coïncidence ou réalité,  on se rappelle que  la fin des guerres de libération, notamment  la guerre du Vietnam, fut suivie immédiatement par une sorte d’état de démobilisation généralisée un peu partout à l’époque. Donc, tout indiquait que ces guerres de libération servaient de carburant idéologique pour l’ensemble des partis et mouvements de gauche dans le monde.

 

Dernier assaut contre le néocolonialisme

Chez nous et dans les ex-colonies françaises en particulier, les réformes arrachées de haute lutte  aux gouvernements néocoloniaux en place à l’époque, comme la nationalisation de la MIFERMA (Mines de Fer de Mauritanie) et la création d’une monnaie nationale, nous avaient privés, à notre niveau, d’armes de lutte pour entretenir  la mobilisation de nos militants et des masses populaires qui étaient attentives à notre discours.  Ailleurs, en Europe, au Japon et dans plusieurs pays industrialisés, les mouvements similaires aux nôtres connurent des reflux certains. Un grand nombre de leurs militants versèrent  dans le terrorisme. De nombreux militants s’organisèrent en bandes armées. Ils se mirent à s’attaquer  aux  grandes personnalités et  symboles de la haute société bourgeoise.
On se souvient de l’enlèvement et de la mise à mort tragique de l’ex-premier ministre italien Aldo Moro par les Brigades Rouges  et l’assassinat du directeur général de Renault George Besse en France par Action Directe ou les « Cellules Communistes Combattantes » (CCC). De nombreuses actions qui faisaient beaucoup d’éclats et de retentissements mais qui ne faisaient qu’éloigner de l’objectif recherché. Toutes ces bandes armées finirent par s’évaporer complètement  sans laisser aucune trace significative.
Sauver la planète Terre

Depuis, le monde bascule dans l’incertitude des  lendemains.
Son intégration accélérée sous l’effet de la mondialisation n’atténue nullement le creusement continu de ses différences et ses écarts socioéconomiques en dépit d’une révolution technologique de grande ampleur et d’une accumulation sans précédent des richesses.
Le réchauffement accéléré et la pollution généralisée de la planète Terre, notre unique habitat pour le moment, ne fait que rendre le tableau de plus en plus apocalyptique.
Espérons, comme l’exprimait l’un de nos détenus d’antan, dans deux vers bilingues intelligemment bien tricotés, qu’« au-delà des grilles on pourra percevoir  l’aurore ». Raison pour laquelle, il exhortait ses camarades à continuer la lutte jusqu’à l’aboutissement de leurs nobles objectifs (1).
Désormais « sauver la planète Terre » doit figurer en tête des priorités  de l’humanité.
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(1)-
من اورا لي كري @ذاكهولورور
ناضلك يا خي@ناصلكانكور