L’un deux, Mohamed Abidine, (apparemment très affligé) explique avec conviction que le calvaire que vit Ould Abdel Aziz est (selon ses propres termes), causé par un petit groupe de « marionnettes » peu soucieux de l’intérêt et de l’avenir de la Mauritanie. L’autre, Mohamed Ould Abdel Aziz, un proche de l’ancien président (dont le nom revient depuis quelques temps en écho), ne va pas de « bouche-bée » pour dire à très haute voix à qui veut l’entendre, que le pays actuellement géré par une vraie Mafia est en danger.
Mohamed Ould Abdel Aziz (un des disques durs « des affaires » de l’ancien président dont il est cousin) « ordonne » à la justice de libérer immédiatement et sans condition Mohamed Ould Abdel Aziz l’ancien chef de l’état.
Enfin, le troisième, Mohamed Vall Hadi Ould Foyle, apparemment reconverti en « analyste et activiste politique », affirme que l’arrestation de Ould Abdel Aziz suit un processus prémédité mais ne règlera aucun problème. Mêmes sons de cloches chez ces trois mauritaniens qui considèrent que l’ancien président est purement et simplement victime d’injustice, de règlement de compte et de complot.
Ces trois mauritaniens appartiennent justement au dernier bastion du soutien de l’ancien homme fort de Nouakchott. Apparemment, tous trois résistent encore à admettre que l’ancien président est le « problème » de son problème. Un à un, ils ont tirés à boulets rouges et sans ménagement sur l’actuel régime. Chacun d’eux, pour des raisons qui lui sont propres. Que ces raisons soient des raisons de cœur ou des raisons d’intérêts, ils ont cherchés à faire passer leurs messages à travers une vidéo actuellement en ligne sur Youtube.
Mais, j’ai bien peur de croire qu’ils n’émettent pas sur la même fréquence que les auditeurs auxquels ils cherchent à faire parvenir leur message. Maintenant, et ce n’est un secret pour personne, beaucoup de mauritaniens gardent un très mauvais souvenir de l’ancien président. Parce que simplement ils considèrent qu’il a trahi leur confiance. Et, c’est peut être vrai. Puisqu’au départ Ould Abdel Aziz était venu au pouvoir pour lutter contre la gabegie. Mais à la fin de ses deux mandats, les mauritaniens ont découverts que l’ancien président s’était embourbé dans des crimes économiques, des détournements de deniers publics et des actes d’enrichissement illicites d’un nombre et d’importances inimaginables.
On a donc comme l’impression que ces trois mauritaniens, -(dont l’un deux est dans le collimateur de la justice)- tiennent une dernière poche de résistance de soutien à l’ancien président et ne regardent pas le problème sous le même angle que le regardent la justice et les mauritaniens en général. La justice mauritanienne et les citoyens de ce pays, surpris par l’ampleur des dégâts occasionnés par la décennie de Ould Abdel Aziz, regardent le problème en profondeur alors que ses soutiens ou ce qui en reste, jettent un regard furtif sur ce qui constitue l’un des plus incroyables scandales qu’à connu le pays depuis son indépendance.
Une décennie punition de Dieu ?
Il y’a une évidence sur laquelle de très nombreux mauritaniens sont tous d’avis. L’arrivée de Mohamed Ould Abdel Aziz au pouvoir, ses deux mandats successifs et même son départ du pouvoir très « hésitant » ne constituent en réalité qu’une série de cataclysmes violents suivis de « répliques » dévastatrices. Toutes les preuves concourent à démontrer que le régime de Ould Ghazouani n’a en fait hérité de l’ancien régime que des perturbations et des désordres de tous genres inimaginables qui malheureusement, influent jusqu’à ce jour négativement sur tous les aspects du développement économique, social et politique du pays. C’est d’ailleurs pourquoi, le passé comme le présent du pouvoir de l’ancien président empoisonnent sérieusement la vie de la nation. Au fur et à mesure que l’instruction du dossier de la décennie avance, on découvre de temps en temps un nouveau charnier soit économique soit financier. Cette situation est tellement déplorable qu’elle donne l’impression que notre pays est frappé de malédictions multiples.
C’est pourquoi, on est en droit de se poser la question de savoir si les mauritaniens ne sont pas entrain de payer au prix fort l’erreur fatale commise en 2008 d’avoir accepté au pouvoir Ould Abdel Aziz et de l’avoir laissé « se porter » au pouvoir en 2009 ? Si ce n’est pas le cas, la Mauritanie récolte donc peut être les dividendes de la plus grande catastrophe de sa politique de ses soixante années d’existence.
Une décennie de tous les malheurs pour les uns et pour les autres.
Aziz est arrivé au pouvoir en 2008 par effraction antidémocratique et anticonstitutionnelle. Son arrivée au palais, marquée par une entrée « d’éléphant dans une boutique de porcelaine » allait petit à petit faire fondre tous les espoirs des acteurs qu’ils soient de la classe politique, qu’ils soient de la classe économique ou qu’ils soient de la classe militaire. A l’époque en 2008, le casse du Palais par l’ancien président avait divisé tous les mauritaniens. En 2009, Ould Abdel Aziz, décrié mais « contraint » de respecter les clauses politiques de l’accord de Dakar, revient au pouvoir sans le quitter, grâce à une mise en scène orchestrée par l’épave politique Abdoulaye Wade, un adepte de nos juteuses licences de pêche.
Candidat à sa propre succession, il est élu par la mise en branle d’un combat politique lancé par le général Sidi Mohamed Ould Maham, un habile prestidigitateur politique et grâce au renflouement de la Caisse de la campagne de Ould Abdel Aziz avec quelques « s’lalikhs » (la bagatelle de 7 milliards d’ouguiyas), contribution politique de Mohamed Ould Bouamatou la plus grande fortune du pays. Une fois élu « démocratiquement » par complicités multiples, Ould Abdel Aziz, bien « callé » dans son fauteuil arraché à « l’arrachée », avait commencé à se montrer sous son autre visage. Celui d’un vrai dictateur. Il s’en prend aux « intouchables » pour la plupart ses proches. Il commet donc, sans s’en rendre compte, une erreur fatale qu’il va payer par son entrée dans une cellule de prison.
Défendre les droits des pauvres en s’enrichissant.
En 2014, Ould Abdel Aziz revient au pouvoir avec force et fracas. Il revient à ce pouvoir complètement métamorphosé, méconnaissable. Il met en place un « système » de pillage, de détournements et commet des actes de vandalisme administratif qui vont peser lourd dans la balance de sa liberté et même le rattraper plus tard. Malheureusement, le système qu’il a mis en place va semer la panique dans tous les milieux.
Par rapport à l’unité et la cohésion sociale par exemple, ce système va diviser les « indivisibles » : Les arabo-berbères sont éclatés en mille tendances. Les leaders harratines tous piégés sont à couteaux tirés et remontés les uns contre les autres. Les négro-mauritaniens, victimes de répressions aveugles de 89 qui étaient solidaires, seront politiquement opposés les uns aux autres et ils seront éparpillés dans des composantes politiques les unes affaiblies, les autres corrompues. Les Ehel Noueighedh, les Ehel Abdallahi Ould Abdallahi, les Ehel Ebdibeu, les Ehel Abdeiderrahmane, les Ould Maham, les Ehel Mamy, les Ehel Dahoud, toutes ces fortunes financières traditionnelles du pays seront écrasées les unes après les autres.
Les leaders de l’industrie et du commerce trébuchent. Certains sont tellement étranglés fiscalement qu’ils finissent par jeter l’éponge. Les pionniers des premières fortunes commerciales accumulées depuis les premières années de l’indépendance laissent place à une nouvelle génération de « recrues ». En moins de deux ans, le patronat mauritanien est « infiltré » et envahi. Les nouvelles « recrues » passent en pôle position en faisant fortunes par des gestes de prestidigitations ou de coups de baguettes magiques.
C’est la saignée. La Mauritanie souffre de contusions multiples. Le système bancaire est contaminé par des virus « mutants » et à souches résistantes. Les institutions financières traditionnelles, la BCI, la BMCI, la BNM, Chinguitty Bank, Wafa Bank islamique, et la GBM qui forçaient le respect de la clientèle nationale et internationale, sont piétinées par de nouvelles institutions « agréées » spécialisées dans les transferts « fluides ». Des banques « cache-transferts » poussent comme des champignons. Les Swift bancaires passent par la délinquance financière et s’affolent. Les comptes du trésor public et ceux de la Banque Centrale sont asséchés.
Des petits paradis fiscaux poussent comme des champignons. Les retombées de la corruption et du crime transcontinental et transfrontalier sont hébergées dans des comptes anonymes de véritables banques « reversoirs de captage ». Le système des recettes fiscales est « dépravé ». Taillé sur mesure, il est allégé ou alourdi selon la tête et l’identité du client.
Les fondements de l’économie sont complètement fissurés. Les recettes douanières manquent à gagner à cause d’exonérations ciblées qui cachent parfois le parfum de la classe dominante. Le port de l’amitié est transformé en véritable passoire. Le foncier ouvre la voie aux spéculations, à l’arnaque à grande échelle et le patrimoine de l’état est bradé pour être racheté. Le développement économique est reconverti dans la délinquance au profit du crime local organisé. Les relations humaines sont dévaluées, la solidarité tribale est tronquée. L’intérêt général est confisqué. Les valeurs morales, sociales, spirituelles et religieuses sont dépravées. L’indépendance de la justice est terrorisée.
Août 2019, un spectacle désolant et un pays qui boite.
De 2009 à 2019 donc l’état de santé économique, sociale et politique de la Mauritanie va de mal en pire, pour atteindre en août 2019 un effondrement total. C’est la conséquence de ce diagnostique qui a fait qu’en août 2019, la trésorerie du pays était handicapée et en piteux état. Cette trésorerie n’allait survivre que grâce à la mendicité et la vente à la criée des bons de trésor. A cette date la Banque Centrale dévalisée, pillée regorgeait de devises mais « contaminées ». Le port de l’Amitié de Nouakchott même sous assistance respiratoire suffoquait. La Zone franche de Nouadhibou était souffrante financièrement, administrativement et logistiquement. La Somelec raclée jusqu’au dernier centime était en faillite et en cessation de paiement. Tous ces générateurs toussaient et elle était dans l’incapacité d’honorer ses engagements mêmes les moins contraignants. En 2019, la SNDE mourrait de soif. Les vannes de ses finances étaient rouillées. L’ENER et la SONIMEX euthanasiés étaient enterrées.
Si en août 2019 la situation dans laquelle s’est retrouvée la Mauritanie après le départ du « Ram’z » ne relevait pas de la « haute trahison », elle constituait tout au moins la preuve inéluctable d’un sabotage délibéré mis en place par une nouvelle variante du crime économique orchestré.
Au moment de la prise du pouvoir par le nouveau régime, le spectacle était tellement désolant que même deux années après le ratissage de la zone n’est pas achevé. Des charniers économiques et financiers nouveaux sont découverts chaque jour enfuis dans des « caches » de receleurs affiliés à un système à tentacules multiples.
Un pays défiguré qui se cherche.
Mohamed Ould Abdel Aziz, qui crie à l’accusé et qui se dit visé politiquement a défiguré la Mauritanie. Tout au long de l’exercice de son pouvoir, Il ne cessait de « cracher » au visage des mauritaniens les plus démunis qui pourtant attendaient tout de lui. Par ses agissements, les dégâts collatéraux ont plongé de nombreux citoyens innocents dans des difficultés judiciaires insurmontables. Pas surprenant donc qu’aujourd’hui, trois voix des « résistants » s’élèvent pour protester contre la détention de Ould Abdel Aziz. Ces voix qui peut-être tiraient profit de l’époque de la traite de vache s’ajouteront à celle de la folle de l’ancien président, qui retrouve ses esprits lorsqu’elle ne dénigre pas Ould Ghazouani ou Jemil Mansour. Les trois voix, revendicatives peuvent aussi si elles le souhaitent se faire amplifier par celle de Zeidane, un inconditionnel soutien de l’ancien président qui a bâti sa fortune grâce à une « mission d’Etat » dont les contours n’ont jamais été clairement définis.
Mohamed Vall Hadi Ould Foyle converti en banquier après avoir été pris en stop sur l’autoroute du recel des fonds d’origines inconnues, peut toujours crier à tue-tête pour chanter les louanges d’un chef d’état qui a confondu le palais et une entreprise d’import export.
Me Vergès, le mauritanien peut aussi déplorer les conditions de détention de son client et ne pas se soucier pour les préjudices immenses subis par l’économie et les finances de notre pays à cause d’une gestion lucrative de l’ancien président. Ce brillant avocat a ses raisons puisqu’il peut même s’il le veut être payé en devises sur un compte en Turkie, en Espagne, en France ou aux Emirats-Arabes.
Mais j’ai comme l’impression que c’est un avocat à variantes multiples. Il déplore et dénonce les conditions de détention de son client Aziz, accusé d’enrichissement illicite et de recel de fonds de corruption. Si il l’a oublié, je voudrais simplement lui rappeler qu’il avait joué par le passé le rôle de l’avocat humanitaire du « maudit forgeron ». L’auteur du blasphème. Celui-ci après sa sortie de prison avait déclaré qu’il était resté toute la durée de sa détention enfermé dans une cellule d’un mètre carré. Pour faire ses besoins il n’avait qu’un pot de tomate rouillé.
Ould M’kheitir, a ajouté dans sa déclaration qu’il, n’avait vu la lumière du jour que lorsqu’il avait été extirpé sur la pression –parait-il monnayée- des occidentaux. Et pour rafraichir la mémoire de Me Ould Ichidou, qui a été longtemps mon voisin de bureau dans le même immeuble, c’était sous le régime d’un certain Mohamed Ould Abdel Aziz que Ould M’kheitir était détenu. Détenu à une époque où les mécanismes contre la torture étaient en vigueur ou les droits humains étaient sensés respectés.
Si Ould Abdel Aziz se retrouve aujourd’hui derrière les grilles d’une villa au lieu de la cellule dans laquelle croupissait Ould M’Keithir, il doit s’estimer heureux. Le pays est devenu u pays de droits. Me Vergès le sait bien. Si son client qui se retrouve aujourd’hui par ironie du sort dans la villa où sous son mandat El Senoussi, le bloc- notes de Kadhafi avait été « hébergé » par le gouvernement mauritanien six mois durant en attendant le versement de la « rançon » en échange de son extradition, c’est parce que l’histoire a dit un philosophe « est un éternel recommencement ».
Mohamed Ould Abdel Aziz a peut être chaud dans sa villa haut de gamme de l’Ecole des Policiers de feu Ely Ould Mohamed Vall. Je demande à son conseil (Me Ould Ichidou) – s’il aura l’occasion de le revoir- de lui transmettre mes sincères compassions. Et de lui dire que la température de son lieu de détention est très basse par rapport à la température de la tristement célèbre prison de Oualata où ont péris Djigo Tafsirou et Tène Youssouf Guèye. Pour la petite histoire, c’est dans cette prison du fin fond de la Mauritanie de Oualata qu’a failli mourir malade d’une infection de la vésicule biliaire un certain Me Moctar Ould Daddah qui était, quand il était au pouvoir, le père de la nation et qui, dans sa prison, était indexé comme le vrai criminel du régime déchu.
Que Ould Abdel Aziz reste là où il est actuellement, (ou le climatiseur marche mais pas très bien), ou qu’il aille à Oualata (où de justesse Ould Daddah a été sauvé in extremis par une jeune médecin militaire du nom de Fassa) ou qu’il aille ailleurs, j’ai comme l’impression qu’en attendant son départ vers l’inconnu ces préliminaires des conditions de sa détention ont été taillés pour lui donner un avant goût de ce qui l’attend peut être dans les prochains jours, les prochaines semaines ou les prochains mois. Sauf si.
Sauf si, un compromis est trouvé pour le sortir de cet enfer infernal. Ce compris pourrait être par exemple qu’il restitue aux mauritaniens leur argent qu’ils réclament et ainsi il pourra aller librement de la prison à son domicile à pied même s’il veut, entouré de ses trois supporters, de sa folle, de Zeidane son crieur public et des curieux qu’il avait confondus avec ses sympathisants. Mohamed Chighali été enfermé dans un mètre carré de cellule sans toilette et sans lumière pendant toute la durée de sa détention sous le régime de son nouvel client n’a rien à reprocher à cette police judiciaire qui ne fait que son travail.
Si il a été choisi par Ould Abdel Aziz, le mis en accusation ou si il s’est commis lui-même d’office pour le défendre, s’il croit qu’il sera payé par l’argent du contribuable derrière lequel court le pole des magistrats il se trompe. J’ai bien peur qu’il n’obtienne finalement que les montants de la collecte de la folle de Aziz qui retrouve tous ses esprits quand elle n’est pas dans un champ de caméra à moins qu’il parvienne à faire restituer à Foil Ould Lehah son passeport pour qu’il aille faire un retrait d’un des comptes qu’il a fait héberger à l’étranger. Ça c’est une autre histoire.
Chighali Mohamed