Les acteurs des différents camps tant de l’opposition que de la majorité ont mis au placard leurs agendas politiques. Une partie du bloc de l’opposition démocratique s’est alignée sur la ligne programmatique du vainqueur. Si la bipolarisation qui attisait les dissensions au sein du landerneau politique n’est plus le schéma traçant la démarcation entre les acteurs politiques, c’est que les enjeux ont changé d’orientations. Les calculs sont ailleurs.
Désormais c’est parti pour un monolithisme démocratique voire d’un unilatéralisme des principes qui vide la scène politique de son contenu.
Cette opposition qui avait d’ailleurs du mal à imposer sa loi dans le changement des mœurs politiques se retrouve piégée par une offre nouvelle aux contours flous qui a tout l’air d’un marchandage fatal pour une démocratie vissée par des parodies d’élections compromettant à chaque fois toute alternance au sommet.
Comment en est on arrivés là?
Après la décennie noire que l’opposition démocratique a endurée sous la férule de Mohamed Ould Andel Aziz, le changement de main au palais présidentiel a ouvert de nouvelles perspectives aux acteurs politiques. Les tensions qui polluaient l’atmosphère des relations entre le pouvoir et l’opposition d’une part et de l’autre, les rivalités malsaines avec la majorité se sont dégonflées comme ballon de baudruche.
Certains leaders politiques piaffent d’impatience pour se rejeter dans les bras du nouvel homme fort du pays. Pendant que les blessés des émeutes postélectorales étaient encore aux urgences. Le nouveau président s’engouffre dans cette vague d’opportunités drainant avec elles une foule d’opportunistes pour domestiquer une opposition laminée par de longues années de répression d’embastillements permanents.
La plupart de ses leaders gagnés par l’âge ou le besoin financièr ne se sont pas fait prier pour marcher sur le perron du palais brun. Depuis son arrivée tous les chefs de partis et personnalités d’envergure ont été reçus par Ghazouani. Les réponses après l’audience sont les mêmes et les sujets abordés invariables. Les plus volubiles étalent leur verbiage. Les autres font profil bas. Mais les dessous de ces tétées déguisées en têtes- à -tête sont fonction des appétits. Et selon la taille de l’invité du soir.
Et le deal est engagé
Les prémisses de ce pacte sont palpables au regard des courbettes et des yeux doux dont bénéficie le successeur de Mohamed Ould Abdel Aziz dont les troubles de sommeil ne viennent pas de ses rivaux politiques comme il n’en compte encore. De ce côté il a les mains libres pour manœuvrer dans un espace sans encombre. Ses consignes passent comme un éclair.
Face aux situations périlleuses que vit le pays , les grandes marches de l’opposition contre la flambée des prix, les dénonciations de l’esclavage, du passif humanitaire, les appels au retour des déportés n’étaient donc que de sordides fonds de commerce. Le peuple n’était dans tout ça qu’un dindon de la farce dont on dispose lors d’une élection.
Force est de constater que les causes pour lesquelles les pauvres victimes étaient utilisées comme des moutons d’abattoirs ont bien enrichi les commerces politiques des détaillants comme des grossistes au nom de la maxime bien connue de chez nous « premier venu, premier servi». Les derniers ratent toujours le train.
… Non il y a encore de la place !
Le président Ghazouani est bien à l’aise, lui qui a su jouer sur la misère et la fragilité d’une opposition ventriloque peut pousser ses pions comme il veut. De l’argent il est prêt, des nominations et autres dividendes il a la main facile et en donne à la pelle pour satisfaire les demandes. C’est pourquoi tout le bazar politique trouve son compte.
Le « bibéronage » devient le système le plus efficace pour faire taire le bruit du ventre et imposer son agenda sans rencontrer la moindre opposition de la part de ceux qui passaient pour être les champions de la protestation. Et si l’’opposition parle de dialogue, le mastodonte de la majorité lui ferme le clapet : « Pas de dialogue car il n ya pas une crise de confiance entre nous. Juste la concertation ça fait moins de bruit. Maintenant vous n’avez plus rien à dire » !
Veritblement pour dialoguer, il faut être deux. Or il n y a plus qu’un grand UN !
CTD