Pour briser les tabous de sa société et encourager les victimes de violences sexuelles à s’exprimer, elle partage son histoire – celle d’une survivante. Aujourd’hui mariée et mère de deux enfants, Aicha* a dû surmonter le pire alors qu’elle était encore enfant : le viol, la grossesse puis le rejet de sa famille.Elle nous raconte son histoire : « J’avais 13 ans quand c’est arrivé. J’étais seule à la maison avec mon cousin de 30 ans. Il m’a demandé de lui apporter de l’eau et quand je suis rentrée, il s’est jeté sur moi. Quand j’ai repris conscience, j’étais en état de choc. Je me suis vite habillée avant le retour de mes parents.»
Quand elle commence à reprendre ses esprits, elle repense alors aux mots de son père : « Si tu perds ta virginité, je te tuerai.»
Victime de l’une des formes d’abus sexuel les plus brutales que l’on puisse endurer en tant que fille ou femme, elle décide de tout faire pour que sa famille ne l’apprenne pas.
Pour éviter le déshonneur, de nombreuses victimes renoncent à porter plainte
Le viol des femmes et des enfants a un effet dévastateur sur les individus et les communautés dans leur totalité. Pour beaucoup de filles et de femmes, la violence sexuelle est la culmination de toute une série d’agressions. En Mauritanie, la virginité – et la notion de pureté qu’elle implique – est fondamentale. Le sexe hors mariage, et donc le viol, est considéré par beaucoup comme un déshonneur pour la victime et la famille.
« Quelques semaines plus tard, j’ai commencé à avoir des douleurs à l’estomac.» reprend Aïcha. Après le viol, Aicha doit annoncer à ses parents qu’elle est tombée enceinte de son violeur : « Ils ne voulaient pas en entendre parler. J’étais une victime et en même temps, j’avais un sentiment de honte. J’ai sali l’honneur de ma famille. » se confie la jeune femme.
Pour éviter “le déshonneur lié à l’agression sexuelle”, de nombreuses victimes renoncent à porter plainte sous la pression de leurs proches ou par crainte d’un jugement défavorable. La plupart du temps, un accord financier est trouvé, mais dans certains cas, la victime peut être contrainte d’épouser son agresseur.
En 2019, 4 victimes d’agression sexuelle sur 10 soutenues par l’Association mauritanienne pour la santé de la mère et de l’enfant** ont retiré leur plainte avant la fin du procès. Mais dans un centre pour femmes et enfants victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles, certaines, comme Aicha, trouvent l’aide dont elles ont besoin. « C’est pendant cette période que j’ai appris à connaître le centre. Avec l’aide de ma grand-mère, j’ai pu bénéficier d’une aide sociale. J’ai passé une visite médicale et j’ai porté plainte. » explique Aïcha.
Soutenir et accompagner les victimes de violences sexuelles
Dans le monde, une proportion effarante de jeunes filles âgées de 15 à 19 ans – 1 sur 20, soit environ 13 millions – a subi au cours de sa vie un viol.
Grâce au soutien de l’UNICEF et de ses partenaires, les femmes et les enfants victimes de violences physiques, psychologiques ou sexuelles bénéficient d’un suivi psychologique et d’un soutien juridique. « Au centre, j’ai commencé à me reconstruire. Au contact de psychologues et d’autres victimes, j’ai progressivement repris confiance en moi. »
Dans ce centre, des travailleurs sociaux et des psychologues les accueillent, les écoutent et les conseillent tout au long de leur prise en charge. Les jeunes femmes bénéficient de cours hebdomadaires et d’un soutien financier pour créer des activités génératrices de revenus afin de favoriser leur autonomisation et leur émancipation. Ce fut le cas d’Aïcha qui a pu recevoir de l’aide pour développer son activité de coiffure.
Pour soutenir l’accompagnement des filles victimes de violences : faites un don à l’UNICEF
* Le nom d’Aicha a été changé pour protéger son identité.
** L’Association Mauritanienne pour la Santé de la Mère et de l’Enfant est une association de référence pour l’accueil et la prise en charge des victimes d’agressions sexuelles en Mauritanie.
Source : Unicef