Plusieurs milliers de Mauritaniens, pour l’essentiel des commerçants, sont installés depuis des décennies dans ce pays lusophone considéré comme le petit poucet de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avec laquelle la Mauritanie a rétabli, en 2015, des relations commerciales privilégiées.
Dans un cadre plus restreint, la Mauritanie et la Guinée-Bissau entretiennent de fortes relations au niveau de la pêche, de l’agriculture, de la lutte contre le terrorisme et du tourisme. La coopération dans ce dernier domaine a été renforcée, au cours de cette visite, par la signature d’un nouvel accord.
Au niveau sous-régional, Bissau et Nouakchott ont initié, en février 2019, avec Dakar et Banjul, une discussion pour la gestion conjointe d’un aquifère partagé s’étendant sur près de 350 000 km2, le plus grand bassin de la marge atlantique du nord-ouest de l’Afrique.
Les eaux souterraines qu’il renferme constituent une ressource stratégique pour les quatre Etats de l’aquifère, respectivement la Gambie, la Guinée Bissau, la Mauritanie et le Sénégal, dont les populations – qui comptent plus de 24 millions de personnes au total – dépendent dans une large mesure pour leur accès à l’eau potable et divers usages sectoriels.
Certaines villes importantes de la région, telles que Bissau et Dakar, y trouvent une part essentielle de leur approvisionnement en eau.
En se référant à la Note d’Orientation sur les Avantages de la Coopération dans le Domaine des Eaux Transfrontalières, élaborée dans le cadre la Convention sur l’eau, les quatre Etats avaient procédé à «l’identification d’un large faisceau d’avantages qu’une coopération renforcée sur le bassin sénégalo-mauritanien pourrait générer, tant en termes d’avantages économiques, sociaux et environnementaux».
Il s’agit, notamment, de l’augmentation possible des revenus dans les petits projets d’agriculture irriguée et la réduction des coûts de production et d’exploitation pour l’approvisionnement en eau potable, d’avantages liés à la coopération économique régionale et en matière de paix et de sécurité (par exemple la stabilité régionale propice aux investissements et la lutte contre l’exode rural).
Sur le plan des relations personnelles, Umaro Sissoco Embalo, 48 ans, semble avoir plus d’atomes crochus avec Mohamed Cheikh Ghazouani qu’avec son prédécesseur qui a renoncé difficilement à un troisième mandat assimilé par le Président bissau-guinéen à un «coup d’Etat», ce qui lui a valu l’animosité de certains de ses pairs africains.
Embarqué en 2019 dans une présidentielle qu’il a remporté avec 52%, Ould Ghazouani n’est probablement pas de ces présidents qui «se pensent irremplaçables», ce qui le classerait, avec le Président nigérien Mahamadou Issoufou qui va bientôt quitter le pouvoir dans la catégorie des modèles pour un Umaro Sissoco Embalo aux idées révolutionnaires d’un Thomas Sankara.
Respect de la constitution, savoir partir, quand on atteint un certain âge, mais surtout jouer à fond la carte de la franchise avec le peuple, telles sont quelques-unes des «pistes» que le Président bissau-guinéen préconise pour que l’Afrique ne reste pas un continent à part.
Par Mohamed Sneïba, Correspondant permanent – Nouakchott
Source : Afrimag (Maroc)