D’un côté, les nostalgiques du régime de Ould Abdel Aziz qui a passé le témoin après 10 années d’une gestion très décriée, et de l’autre, les soutiens de la dynamique engagée par le nouveau président qui a permis au parlement de faire toute la lumière sur la gabegie, le détournement et la corruption en rapport avec des dossiers maintenant aux mains de la justice.
Si pour certains,- très critiques-, la traque de Ould Abdel Aziz résulte d’un règlement de compte entre lui et Ould Ghazouani, deux hommes dont les noms sont confondus dans un passif de relations d’officiers impliqués solidairement dans certains changements de régimes, pour d’autres, il y’a effectivement règlement de comptes, mais ce règlement de compte oppose plutôt Ould Abdel Aziz au peuple mauritanien.
Dans ce débat qui fait rage se sont invités hélas des « inconditionnels » de l’homme qui a régné sur le pays onze ans sans partager les ressources avec des citoyens (dont le taux de mortalité a été élevé par la faim, la misère et la maladie), sans partager le pouvoir avec une opposition radicale (qui s’est battue seule contre tous et sur tous les fronts), et enfin sans partager d’avis avec ses premiers ministres ou ses ministres sur certains dossiers d’intérêt national ce qui est plus grave encore. Les tirs à bout portant, les mines « anti-personnelles » et les armes de tous calibres employés dans cette guerre « wattsapienne » rend l’atmosphère politique irrespirable.
Ould Abdel Aziz était un chef d’état dont le niveau de popularité a dépassé l’imagination des mauritaniens, des africains et des arabes. Malheureusement et c’est vraiment regrettable, il est entrain de tomber du sommet comme une avalanche de neige qui emporte sur son passage des responsables qui n’ont commis comme crimes que d’avoir occupé des fonctions de responsabilité. Malheureusement pour eux, ils se rendent compte maintenant mais trop tard, que les cadeaux qui leurs ont été faits étaient empoisonnés. Leurs promotions reposaient sur un volcan qui dormait mais qui reprend de l’activité.
Si aujourd’hui le temps les a rattrapé, il rattrape aussi Ould Abdel Aziz, celui qui, à ce stade des événements se croit vraiment un homme invulnérable, protégé par un bouclier de boucs émissaires enfoncés dans des scandales parce que simplement ils ont obéi à leur hiérarchie et agis sur des ordres reçus du sommet d’une pyramide montée pour des opérations de pillages à « effets boomerang ».
La Mauritanie par la suite des événements liés aux conclusions de la commission d’enquête parlementaire est très affaiblie. Affaiblie par la prostitution en « maison close » de ses valeurs morales. Affaiblie par l’amputation d’une partie des socles sur lesquels reposait son économie et sa souveraineté. Enfin affaiblie par cette tendance à diviser les citoyens à cause des tenants et des aboutissants d’une procédure judiciaire qui n’est engagée contre personne en particulier mais plutôt pour mettre fin aux pratiques de pillage des ressources du pays que ce soit par ceux qui ont dirigés le pays de 2008 à 20019, ou que se soit par ceux qui ont lancé les chasseurs à leurs trousses.
Ce qui est regrettable et vraiment regrettable c’est de constater que malgré tout ce que révèlent les investigations, certains d’entre nous se refusent à admettre que des preuves matérielles justifient ces mises en examens. C’est aussi regrettable que des mauritaniens soient opposés à ce que le pays se décide une fois pour toutes de mettre fin à cette gabegie pratiquée sous forme de détournement, de pillage des ressources et d’une culture d’influence.
C’est pourquoi, je m’explique très mal pourquoi cette bataille fait rage sur les réseaux sociaux. Je pensais comme de très nombreux mauritaniens que le pays avait tout à gagner si les pouvoirs publics se maintiennent dans cette dynamique de règlement de compte entre les auteurs de ce carnage économique et les mauritaniens abusés.
Devant l’histoire et devant Dieu, Ould El Ghazouani avocat défenseur des droits de tous les mauritaniens à des responsabilités qui relèvent de la raison pour laquelle il a été élu. Il est de son devoir de défendre aussi bien les intérêts de la vieille peuhle qui vend le lait le soir dans un coin de rue sombre à Satara que ceux de la descendante des esclaves qui travaille sans contrainte encore chez ses anciens maîtres parce qu’elle n’a ni toit ni moyens pour vivre autonome. Dans un pays où, certains malades qui souffrent du cancer sont sans possibilité d’accès à une structure médicale de référence, où la femme accouche encore de nos jours dans des conditions d’hygiène déplorables, où les infrastructures manquent cruellement, ce pillage est intolérable. Pour que la Mauritanie retrouve le visage de nation qu’elle a perdue depuis 1978, le nouveau président doit se décider.
Seule la fermeté neutralise la complaisance. Et c’est la complaisance la cause du mal « des maux ». Agir avec fermeté est une décision lourde de conséquences. C’est vrai. Mais la responsabilité du chef de l’état, qui a signé un contrat d’entente mutuelle avec les citoyens de ce pays dont les ressources ont été détournées, exige de lui de ne pas reculer devant son devoir. Surtout, pas en ce moment où il est soutenu dans cette dynamique par le peuple dans sa grande majorité.
Même si les mauritaniens sont divisés, « divisés » par ceux qui ont les moyens de payer certaines consciences accrocs de l’argent volé qui coule à flots chez les uns et pas chez d’autres, la responsabilité morale et constitutionnelle de Ould Ghazouani est de siffler la fin de la récréation pour remettre de l’ordre dans le « désordre » instauré par un cercle fermé d’individus adhérents à une secte qui ne s’adonnait qu’à la chasse aux profits.
Peu importe que cette guerre sur les réseaux sociaux qui oppose les proaziz aux proghazouani, continue de faire rage. Qui à tort ? Qui a raison ? Qui provoque qui ? Pourquoi ? A toutes ces questions les réponses seront trouvées lorsque les belligérants seront départagés par une justice indépendante, équitable mais surtout transparente. C’est une mise en défi à laquelle fait face Ould Ghazouani dont des ennemis lancés à ses trousses s’ajoutent à ceux qui « les ont lancés » et qui ne lui feront pas de cadeaux.
Il a reçu la déclaration de guerre, c’est le moment idéal pour lui de prouver –si il l’est vraiment- que c’est un excellent officier et un bon chef de guerre ne serait-ce que pour épargner les civils des dégâts collatéraux d’un conflit qui prend une tournure inquiétante.
Mohamed Chighali
Source : L’Authentique (Mauritanie)