Cette demande a été formulée lors de la séance consacrée à l’adoption de la recommandation relative au transfert des dossiers élaborés par la commission d’enquête au ministre de la justice pour les mesures à prendre et leur orientation vers les juridictions spécialisées.
Le 30 juillet une source de presse citée rapporte que « le secrétariat général du gouvernement a annoncé que le départ en vacances de la première vague des ministres prévu le 1er août 2020 est reporté à une date qui sera fixée ultérieurement ». La source note qu’aucune raison n’a été donnée sur le motif de ce report de départ en congés des ministres.
Le Conseil des ministres s’est réuni ce 30 juillet. Au vu des événements qui se sont succédés à la rafale avec, les dernières réunions marathons de la Commission d’Enquête parlementaire, la transmission du rapport final et des conclusions qu’il renferme, on pourrait bien se demander s’il n’y a pas corrélations de ces détails avec ces différents événements.
On peut donc légitimement poser la question de savoir si ce conseil des ministres, le dernier de la première année au pouvoir de Ould El Ghazouani, n’est pas aussi le dernier conseil auquel ont assisté les ministres indexés dans des révélations scandaleuses en rapport avec la gestion des affaires du pays par Ould Abdel Aziz de 2008 à 2020.
Très probable. Les conclusions de l’enquête parlementaire, menée avec professionnalisme, impartialité, sens de de devoir et de responsabilité, font porter un lourd fardeau à des ministres qui étaient ce jeudi 30 juillet autour de la table du conseil des ministres entrain de discuter peut être pour la dernière fois, des affaires du pays dans la mythique salle de réunion du palais ocre construit par Maaouiya (par destin) pour ceux qui l’ont renversé.
L’enquête parlementaire, a prouvé que certains ministres et certains collaborateurs de l’ancien président ont été entraînés dans ses agissements. Ils apparaissent au vu des conclusions de cette enquête comme des « reconnus coupables » des faits avérés par un cumul de preuves irréfutables même si ils se considèrent innocents.
Ce qui est certain, c’est que quelque soit l’honnêteté morale et religieuse de Ould El Ghazaouani et sa volonté sincère de ne pas chercher à être en personne derrière des sanctions à l’égard de certains de ses collègues quand il était ministre de la défense qu’il a gardé depuis une année dans ce premier gouvernement de coalition politique de sa mouvance, le nouveau président ne pourra pas résister longtemps à la recommandation des députés, à la pression de la rue et à la critique de la presse.
En tous cas, il est politiquement et diplomatiquement pour Ould El Ghazouani intérêt de se débarrasser de ces collaborateurs devenus trop encombrants avant que les policiers de la Brigade des Crimes Economiques ne viennent les chercher avec leur méthode musclée très critiquée ces derniers temps.
A quelque chose malheur est bon. L’enquête parlementaire nous a appris beaucoup de choses qui nous seront utiles. Cette enquête nous a appris que la gestion de la chose publique sous le régime passé suivait une dynamique de destruction massive des socles de notre souveraineté et le bradage de nos ressources. Elle nous apprend aussi que le pouvoir était concentré entre les mains d’un seul homme, « collecteur de fonds » déguisé en chef d’état. Cette enquête nous apprend enfin -et c’est ce qui fait le plus mal-, qu’aucun des collaborateurs de l’ancien chef de l’état « converti en courtier d’affaires internationales » n’a la culture de la démission lorsqu’on leur impose d’engager l’état dans des malversations abjectes ou des actes qui frôlent la haute trahison.
Comme d’ailleurs enfin, cette enquête nous a démontré que des ministres et certains responsables éclaboussés par des scandales qui étouffent toute une nation n’ont pas un minimum de courage intellectuel ou moral pour jeter l’éponge ne serait-ce que par respect pour le peuple mauritanien.
Les trois dernières démissions spectaculaires qui ont été enregistrés endans ce pays depuis un quart de siècle sont celles du Ministre Ould Maham, qui a démissionné pour sortir indemne d’une humiliation dans laquelle voulait le plonger celui pour lequel il était les deux bras, la seconde, qui a fait l’effet d’un pétard, celle de l’ancien Dircab de Ould Abdel Aziz, qui explique que c’est pour protester contre la « souillure » dont il a fait l’objet de la part de la Commission Parlementaire d’Enquête, alors qu’en réalité c’est parce que la scolarité de ses enfants dans une prestigieuse école à l’étranger a été interrompue par une injonction de rentrer sans délai et sans préavis au pays.
Et la troisième digne d’éloges, celle de ce cadre négro-mauritanien du Ministères des Affaires Etrangères qui a jeté l’éponge pour protester contre ce qu’il qualifie de comportement raciste de son ministre de tutelle.
Il y’a probabilité donc que dans les jours qui viennent des événements sans précédents se précipitent. Si au début de la semaine prochaine, des démissions volontaires de ministres ne sont pas annoncées, certains d’entre eux risquent de quitter leurs fonctions sous escorte policière et sous les feux des projecteurs des caméras des télévisions.
Pendant qu’il est temps, ils ont le choix. Soit, qu’ils démissionnent et se mettent volontairement à la disposition de la Justice, s’ils n’ont rien à se reprocher même si par ailleurs ils ont tout à se reprocher, soit alors qu’ils restent mais dans ce cas qu’ils ne soient pas surpris des désagréments que pourraient leur causer les policiers de Ould Merzoug qui ont vraiment des difficultés à se conformer aux règles qui régissent les droits humains.
En tous cas les «cauris» de la vieille halpoular de Couve, l’un des quartiers les plus pauvres de Nouakchott, un « nomansland » du grand banditisme et de l’insécurité ont parlé. Ces cauris disent que « l’homme de teint clair » qui semble être un très grand responsable de ce pays et qui ne parle pas beaucoup, va surprendre par sa prise de certaines décisions spectaculaires qui vont le sortir de cette épreuve la tête haute, et qui vont montrer certains la tête baissée.
Mais il parait comme dit l’adage qu’on « ne doit pas démentir l’horoscope, mais aussi on ne doit pas faire confiance à ce qu’il dit ».
Je ne pense pas personnellement que la justice de Haimouda Ould Ramdhane croit aux spéculations des cauris. La Justice d’un pays de droit croit à des faits et des preuves matérielles irréfutables. Et ce sont ces faits et ces preuves irréfutables qui risquent de faire descendre aux enfers, certains responsables et certains hommes d’affaires qui n’ont jamais su faire la différence entre ce qui dit le Dieu qui recommande de ne pas « manger » l’argent des orphelins et des pauvres et ce que dit le Satan qui conseille le contraire c’est-à-dire de voler l’argent des mendiants et des handicapés et d’aller jouer au « casino » chez les mécréants.
Bonne fête à tous, essimah et gardez votre ndeywné s’il est prélevé sur des fonds « mal acquis ».
Mohamed Chighali.
Source : Points Chauds (Mauritanie)