La société chinoise Poly Hong dong, par l’intermédiaire de son avocat à Nouakchott, a déposé une plainte contre notre confrère le journaliste Jedna Deida.
Cette plainte fait suite à la parution d’un article publié sur Cridem, dans lequel le journaliste a qualifié de pillage systématique de nos ressources halieutiques l’activité de cette société chinoise liée à la Mauritanie par un contrat qualifié par tous les mauritaniens comme le « scandale du siècle » alors qu’en réalité c’est le « scandale de tous les siècles ».
Que Jedna Deida soit poursuivi pour ce que l’avocat de cette société considère comme diffamation, mais qui n’est en réalité qu’une information « réchauffée » cela ne nous surprend pas nous autres journalistes.
Ce qu’il faut peut être apprendre aux « polyhondongonais » qu’ils soient pêcheurs, leur avocat ou leurs partenaires mauritaniens c’est que les temps ont changés, le régime aussi, et la donne en conséquence.
Les chinois aiment notre poisson ? nous aussi !.
Les pêcheurs chinois aiment le poisson. Particulièrement le poisson de nos côtes. D’ailleurs ils semblent le connaitre mieux que nous. Ils connaissent tellement bien ce poisson ou en tous cas les variétés qu’ils pèchent au point qu’ils confondent la poulpe poisson de fond au mulet poisson de surface. Nous sommes des bédouins pour la plupart d’entre c’est vrai et c’est vrai aussi que l’odeur du poisson donne à ceux d’entre nous qui sont nés loin de la vallée du fleuve ou de la façade maritime atlantique des nausées.
Parce que le poisson est un produit de mer qui ne rentre pas dans leurs habitudes alimentaires. Mais cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas le droit de crier au scandale si ce poisson qui leur appartient est pillé. Ou si la poulpe est pêché comme étant du « yaye boy ». Ce n’est donc pas une affaire qui oppose notre confrère Jidna Deida aux propriétaires des filets dont les mailles sont multidimensionnelles. C’est une affaire nationale, d’intérêt national qui interpelle la prise de conscience de chacun de nous.
L’avocat de l’entreprise a déclaré, dans une lettre adressée au procureur près la Cour de la wilaya de Nouakchott Ouest, que le journaliste Jedna Ould deida avait «écrit un article, affirmant que l’entreprise a fait de la pêche au poulpe sa principale capture, au lieu de la pêche de surface autorisée». Si les chinois qui exploitent nos ressources halieutiques sans arrêt 24 h/24, 7j/7 pensent que depuis 10 ans les mauritaniens employés par leur « respectable » société dormaient 24h/24 et 7j/7, ils se trompent. Fermer l’œil ne veut pas dire dormir.
C’est vrai que les mauritaniens sont différents des chinois. Les chinois ne ferment pas l’œil de jour comme de nuit dans leur intérêt pour piller nos ressources en toute impunité et nos travailleurs ronflaient faisant semblant de dormir 24h/24 et 7j/7 . Ils le faisaient pour le plaisir de quelqu’un mais maintenant qu’il est parti ils se sont réveillés ce que les chinois ne comprennent pas.
Des filets à mailles multiples.
En oût 2019, les mauritaniens qui dormaient les points fermés pendant que les chinois pêchaient, en “péchant”, ont été tirés de leur sommeil par l’ampleur des dégâts occasionnés par les filets de nos partenaires dont le calendrier est figé à la situation politique de l’année 2010, année de la signature de ce contrat mortel pour notre économie. Alors à la plainte déposée contre Jedna Ould Deida, il faut peut être que l’avocat ajoute d’autres plaintes. Une contre Ecofin, une contre la commission parlementaire, une contre moi pour relai de diffamation, et une contre le journal numérique en ligne « le Chiffre d’Affaires » quotidien algérien de l’économie et des finances qui écrivait dans un article publié le 11 mars 2020 que depuis 10 ans « la société chinoise Poly Hong Dong Fishery écume impunément les fonds marins et fait de la concurrence déloyale aux producteurs nationaux et étrangers».
Dans un autre article intitulé /Mauritanie : Quelques informations choquantes sur l’accord avec la société de pêche chinoise Poly Hong Dong mis en ligne le 07 mai 2019 une traduction rapporte que le journal chinanews a fait une interview avec le directeur de la société de pêche Poly Hong Dong au cours de laquelle il a parlé de la licence attribuée à sa société par l’état mauritanien pour la pêche sur les côtes mauritaniennes. Il semble que :
1- la durée de la licence est de 50 ans et non 25 ans comme l’avait affirmé le gouvernement
2- la surface autorisée aux chinois pour pêcher est de 90 milles km2 au lieu de 30 milles Km2 comme le prétend le gouvernement.
3- Le prix de cette licence est seulement de 300 millions de dollars soit 6 millions de dollar par an et pendant 50ans.
4- cette société chinoise emploie moins de 2500 employés et pas 7000 comme l’avait entendre le gouvernement.
5- cette société chinoise exporte 2500 tonnes de poisson par semaine soit à peu près 10.000 tonnes de poissons par mois soit 120.000 tonnes par an..
6- l’accord ne contient aucune détention d’action ne prévoit aucune sanction en cas d’utilisation de filet interdit, ou de pêche d’espèce menacée de disparition. Comme on le voit Jedna Deida ne fait donc que soulever la poussière d’une tempête qui est déjà passée et qui reviendra d’ailleurs bientôt sous forme de cyclone.
Réviser l’accord au lieu de se plaindre.
L’avocat de cette société ne fait que son travail c’est vrai. On ne peut rien lui reprocher. Jedna Deida aussi ne fait que son travail on ne doit rien lui reprocher. Comme d’ailleurs Poly Hong Dong ne fait que son travail puisqu’elle pêche dans des eaux troubles et ses filets aux mailles sans tailles définies ramènent des produits de mers toutes espèces confondues ce n’est donc pas de sa faute.
Moi, à la place de cet avocat conseil, je me retournerais vers mon client pour lui dire que ni le droit, ni la logique, ni le bon sens ne peuvent défendre le contrat signé en 2010, à une époque où les responsables n’étaient pas très regardants en ce qui concerne l’intérêt national et le poisson pêché à cette époque sentait même bon pour certains qui crient au scandale aujourd’hui.
En ces moments “d’inspection générale” ce poisson pêché commence à sentir du TNT. Il vaut mieux pour les chinois de demander à réviser les clauses du contrat qui ne se basent sur aucune logique économique et qui défavorisent la Mauritanie au lieu de poursuivre en justice un journaliste qui défend l’intérêt suprême de son pays en faisant son travail.
Mohamed Chighali
Source : Points Chauds (Mauritanie)