L’annonce cette semaine à Nouakchott par le président de l’APP Ould Boulkheir de son retour à l’opposition et l’ouverture d’un dialogue inclusif polarise l’attention des observateurs.
Ould Boulkheir monte au créneau cette semaine pour tenter de rebattre les cartes de l’opposition dialoguiste qu’il avait mise en veilleuse après les réformes constitutionnelles de l’ancien président dont il a été l’un des architectes du dialogue politique imposé par le pouvoir.
Il doit son poste de patron du conseil économique et social la deuxième chambre après le parlement grâce à ce sacrifice qu’il payera cher en perdant beaucoup de militants parmi les meilleurs du parti. Des frondeurs qui ne lui pardonnent pas d’avoir soutenu le candidat Sidioca au deuxième tour des élections de 2007 contre le candidat du RFD.
Ce sont les populations du Trarza qui lui en veulent surtout et auxquelles il vient de demander pardon avant d’entreprendre des initiatives politiques pour exiger au nouveau pouvoir un dialogue inclusif de l’opposition.
En faisant ce mea culpa Ould Boulkheir veut rassembler le plus large possible d’abord son camp et pourquoi pas remettre les pendules à l’heure une opposition dialoguiste qui a déjà fait ses preuves.
Et le contexte actuel est favorable d’autant plus que Ould Ghazouani a reconduit son poste président du conseil économique social et environnemental. Et la normalisation des relations du président avec les chefs de l’opposition s’y prête.
Après 6 mois d’exercice le locataire du palais de Nouakchott semble se tourner plus vers l’opposition parlementaire pour traduire dans les faits le programme ambitieux quinquennal du gouvernement. L’opposition a le sentiment que le dialogue n’est plus la priorité du pouvoir.
Cette situation de blocage semble ne pas plaire au président de l’APP qui resurgit sur la scène nationale en perspective du congrès de son parti. Ould Boulkheir est un fin politicien. Le moment est venu de faire taire les critiques sur son rapprochement avec le successeur de Ould Aziz.
En retournant dans le camp de l’opposition pour exiger un dialogue inclusif il se positionne comme le leader de cette opposition dialoguiste dont le président mauritanien a besoin pour faire passer ses réformes constitutionnels. Au premier plan le changement des symboles nationaux ( drapeau et hymne).
Cherif Kane
Source : Kassataya (France)