Mondafrique avait relaté l’offensive marocaine au Sahara occidental. Il y eut d’abord, le 22 janvier 2020, le vote de deux lois relatives à l’extension du domaine maritime au Sahara occidental et de la création d’une zone économique exclusive de 200 milles marins avec son plateau continental à partir des côtes du Sahara occidental.
Il y eut ensuite les créations de consulats généraux soit à Laâyoune soit à Dakhla, de la part de la Côte d’Ivoire, des Comores, de la Gambie, du Gabon, de la Centrafrique et de SaoTome-et-Principe.
Enfin, début février 2020 le tournoi de la Confédération africaine de futsal se déroula à Laâyoune, avec notamment les équipes nationales d’Angola, de l’Égypte et du Mozambique mais avec les défections de l’Afrique du sud et de Maurice.
Le quiproquo de Bourita et sa visite à Nouakchott
Si l’extension du domaine maritime marocain n’a pas suscité de réactions particulières de la Mauritanie, en revanche l’Espagne et le gouvernement des Canaries ont assez mal apprécié cette décision unilatérale, inhabituelle dans ce domaine du droit international.
Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères du Royaume chérifien a dû déployer les ressorts de la diplomatie pour apaiser cette montée d’adrénaline espagnole.
Dans son plaidoyer, il eut des propos sans nuance concernant la Mauritanie. S’il avait loué les excellentes relations avec l’Espagne, le ministre marocain poursuivait » malheureusement ces relations n’existent pas avec nos voisins algériens et mauritaniens ».
L’incompréhension de Nouakchott eut sa traduction diplomatique immédiate avec l’absence, pourtant programmée, du ministre mauritanien de la Culture au Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca, du 6 au 16 février 2020.
L’absence de représentants officiels de la Mauritanie pour cette grande réunion internationale, alors même que ce pays avait été désigné « invité d »honneur », était devenue suffisamment grave pour le Roi Mohamed VI. Nasser Bourita devait aller » à Canossa ». Ce fut fait le 18 février 2020.
Porteur d’un message personnel du Roi au président Mohamed ould Cheikh el-Ghazouani, le ministre marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains de l’étranger a fait part au chef de l’État mauritanien de la volonté du Roi d’établir » non pas des relations ordinaires mais extraordinaires » entre les » deux peuples frères ».
Outre les propos convenus dans ce genre de visite diplomatique, dans ses entretiens avec son homologue mauritanien, Nasser Bourita a rappelé un accord de 1970 relatif à la solidarité et au bon voisinage entre les deux pays. Il a évoqué la commémoration du 50 ème anniversaire de cet accord qu’il convenait d’approfondir.
L’accord bilatéral 1970
La référence à cet accord concernant surtout la décolonisation du Sahara occidental n’est évidemment pas anodine. En 1970, le Sahara est encore espagnol. L’Accord de Madrid du 14 novembre 1975, organisant un partage entre le Maroc et la Mauritanie, est encore loin.
A Casablanca, le 8 juin 1970, Hassan II et Moctar ould Daddah ont signé cet accord prévoyant un bon voisinage et une coopération, dans la perspective, de la libération du Sahara espagnol. Les deux chefs d’État envisageaient sereinement l’avenir de ce territoire, d’autant que le 27 mai 1970, à Tlemcen, une rencontre tripartite avec Houari Boumedienne, avait permis une position commune pour une décolonisation rapide de ce territoire.
Cinquante ans après et dans le contexte actuel, il serait surprenant qu’il y ait une commémoration de cet accord que d’aucuns trouveront obsolète.
Une politique équilibrée prometteuse
Le président Mohamed ould Cheikh el-Ghazouani a engagé son pays dans une position équidistante entre d’Algérie et le Maroc. L’évolution en Algérie, avec le nouveau chef de l’État, est également une nouvelle donne.
Le ministre des Affaires étrangères mauritanien avait précédé de quelques jours la visite de Nasser Bourita, à Nouakchott, pour se rendre à Alger. Le 13 février 2020, Ismail ould Cheikh Ahmed avait porté un message du chef d’État mauritanien à son homologue algérien.
A cette occasion, le ministre mauritanien a tenu à rappeler l’excellence des relations bilatérales et le souhait de développer encore davantage les relations économiques entre les deux pays. Enfin, il a confirmé l’appui de son pays à l’implication de l’Algérie dans la solution de la crise libyenne.
Depuis très longtemps, la Mauritanie n’avait pas eu une position aussi centrale, vis-à-vis de l’Algérie et du Maroc. Peut-on espérer que le conflit concernant le Sahara occidental puissent en tirer les bénéfices ?
La rédaction de Mondafrique
Source : Mondafrique