Qu’est-ce que le G5 Sahel ?

Qu'est-ce que le G5 Sahel ?Le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie ont créé ce cadre de coopération pour améliorer la sécurité et le développement dans cette vaste région semi-désertique où ont essaimé les groupes djihadistes. Six ans après sa création, les défis à relever sont toujours nombreux.

Au Sahel, la menace djihadiste est toujours bien présente et a infligé ces derniers mois de lourdes pertes aux armées qui la combattent. Jeudi dernier, le Niger a subi la pire attaque de son histoire avec 89 soldats tués à Chinégodar, dans l’ouest du pays, un mois après celle d’Inates, dans la même région, qui avait coûté la vie à 71 de ses soldats.

Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron a réuni lundi à Pau les cinq pays du « G5 Sahel » pour revoir la stratégie militaire dans la région, mais aussi « relégitimer » la présence française sur place et mobiliser davantage les alliés internationaux, surtout européens. Explications.

1. Quelles sont les missions du G5 Sahel ?

Créé en 2014, le « G5 Sahel » est un cadre de coopération entre cinq pays, le Tchad, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et la Mauritanie, à la fois sur la sécurité et le développement.

Dans cette vaste région semi-désertique enclavée aux frontières mal contrôlées, des groupes djihadistes ont en effet commencé à essaimer dès 2012. Pour les combattre, mais aussi lutter contre le crime organisé et le trafic d’êtres humains, ​le G5 Sahel a officiellement lancé en 2017 une « force conjointe » transfrontalière.

Le défi est de taille : couvrir une vaste bande de 50 kilomètres de part et d’autre des frontières, notamment dans le Liptako Gourma, la région des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), où se concentrent désormais la majorité des attaques.

Sur le volet développement, le G5 Sahel encadre 40 projets régionaux, destinés à améliorer les infrastructures et l’accès aux ressources, pour un coût total de 2,4 milliards d’euros. A ces projets s’ajoutent ceux de l’Alliance Sahel, qui regroupe l’Union européenne et plusieurs Etats membres, dont la France et l’Allemagne, ainsi que des institutions comme la Banque africaine de développement et le Programme des Nations-Unies pour le développement.

Au total, 12 bailleurs qui financent plus de 600 projets dans la zone, pour un montant total de 9 milliards d’euros.

2. Qui soutient la force conjointe du G5 Sahel ?

Sur le plan tactique, elle bénéficie essentiellement de l’appui de la France, avec les 4.500 soldats de l’opération Barkhane, la plus importante opération extérieure de l’armée française lancée en 2014. La France fournit véhicules, matériel, conseil et formation aux armées des cinq pays sahéliens.

L’ONU est également présente au Mali pour tenter de pacifier le pays via l’une de ses plus importantes missions, la Mission des Nations Unies au Mali (Minusma). Déployée en 2013, cette mission de maintien de la paix (excluant donc toute opération offensive) compte environ 13.000 Casques bleus. Une résolution de 2017 prévoit qu’elle apporte un soutien opérationnel et logistique à la force conjointe.

Enfin, l’armée malienne bénéficie aussi depuis 2013 du soutien de l’Union européenne, via la Mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali), qui compte environ 600 militaires européens.

3. Quels défis à relever ?

Le sommet de lundi à Pau est « une occasion pour tout remettre à plat ! », titre en une le quotidien malien « Les Echos ». Les défis sont en effet nombreux pour le G5 Sahel.

Il lui faut déjà monter en puissance jusqu’aux 5.000 hommes prévus à terme, alors qu’elle est freinée par des problèmes d’organisation et financement. Seuls 300 millions d’euros sur les 400 promis par la communauté internationale ont été effectivement apportés l’an dernier, selon la présidence française.

Il lui faut aussi mobiliser au-delà de la France. Le président nigérien Mahamadou Issoufou s’est ainsi dit déterminé à lancer « un appel à la solidarité internationale » .

Enfin, Paris tient surtout à enrayer la montée de mouvements anti-français sur place. Dénonçant ce phénomène en décembre, Emmanuel Macron avait évoqué pour la première fois un possible retrait français de la région.

Sophie Amsili

Source : Les Échos (France)