À quelques jours de la présidentielle en Mauritanie, France 24 propose une série de reportages sur les enjeux du scrutin. Le premier volet est consacré à la lutte contre la marginalisation des Haratines, descendants d’esclaves toujours discriminés.
Au cœur de Nouakchott, la capitale mauritanienne, Brahim Ramdhane, un militant de la cause haratine, a identifié une famille vivant dans une grande précarité. Comme beaucoup de Haratines, des descendants d’esclaves, cette famille est marginalisée.
Ce jour-là, Brahim Ramdhane rencontre l’une d’elles, dont les quatre garçons sont exclus du système scolaire. Le père occupe un poste de gardien d’une maison en construction.
« Ça, c’est un métier réservé pour les anciens esclaves : les métiers de gardiennage, les métiers de nettoyage… », explique Brahim Ramdhane. Et il poursuit, en montrant les enfants : « Il y en a des milliers comme ça à Nouakchott ».
La famille n’a aucun revenu fixe et ne parvient pas à faire instruire correctement les enfants, dans un système scolaire qui fonctionne à deux vitesses. « Les plus grands, on les a envoyés dans le public mais ils n’ont rien appris. Alors on espère que le bon Dieu nous aidera à trouver les moyens d’envoyer ceux-ci dans une vraie école privée. Ça m’inquiète, je ne pense qu’à la scolarisation de ces enfants », explique leur père, Brahim Ould Abeid.
« Une injustice caractérisée »
D’après le manifeste pour les droits des Haratines, la communauté concentre 85 % des analphabètes du pays.
Brahim Ramdhane est à l’origine de la Fondation Sahel, une association qui lutte justement contre ces disparités. En deux ans, cette dernière a permis à 2 000 enfants de retrouver le chemin de l’école. Le militant dénonce un manque d’implication des autorités : « Il y a beaucoup de bruit mais dans les faits il n’y a rien. […] Il y a une injustice caractérisée, il y a un racisme d’État. »
À l’agence nationale Tadamoun de la lutte contre les séquelles de l’esclavage, on assure être à l’œuvre pour réduire les inégalités : « Le gouvernement alloue à l’agence Tadamoun annuellement 2 % du budget annuel de l’État, soit 1 % du PIB », répond Mohamedou M’Haimid, chargé de mission au sein de l’agence.
La discrimination positive en faveur des Haratines est au cœur des programmes des candidats à la présidentielle du 22 juin.
Source : France24