Toute la société mauritanienne est corrompue et fondée sur le principe maître- et- esclave » selon un journaliste hollandais : Mikle Hille
par HANEFFI
« Toute la société mauritanienne est corrompue et fondée sur le principe maître- et- esclave » selon un journaliste hollandais.
Nouakchott – (D.I.A.) – « Toute la société mauritanienne est corrompue et fondée sur le principe maître- et- esclave », affirme un journaliste dans un article publié dans un hebdomadaire belge et parvenu ces jours-ci à l’agence Dia.
« Il est exact que je n’ai pas vu d’êtres humains enchaînés qu’on vendait ou achetait. Mais un esclave mauritanien dont les parents et les grands-parents étaient déjà esclaves n’a pas besoin de chaîne, il est élevé comme esclave et n’à pas plus de valeur qu’un animal domestique ». C’est ce
qu’ajoute ce journaliste. Ce dernier, de nationalité hollandaise, répond au nom de Mikle Hille. Il est journaliste dans le domaine de la guerre et photographe dans les Balkans, le Moyen-Orient et
l’Afrique. Il a publié l’article sur la société mauritanienne, selon lui, corrompue et fondée sur le principe maître et esclave dans l’hebdomadaire flammand Tertio. Le titre de cet article est « Esclave au 21ème siècle en Mauritanie ». Voici ; dans des larges extraits, le contenu de cet article, dont les sous-titres sont proposés par l’agence Dia. » Il y a huit siècles, des peuples berbères arabisés de la partie méditerranéenne de l’Afrique assaillirent les peuples noirs au sud du Sahara. Les hommes furent massacrés, les femmes et les enfants faits prisonniers. Ce fut le début d’un esclavage depuis 800 ans sans interruption, un élément constitutif de la culture mauritanienne. Que le Coran interdise la réduction à l’esclavage de frères musulmans
n’intéresse personne. La race et la couleur ont toujours eut plus de poids que la doctrine religieuse.
Ce sont précisément les beydanes qui abusent de leur foi pour justifier l’esclavage. Ils enseignent aux esclaves que ’le service du maître est un devoir religieux’ et que ’les visages noirs sont des musulmans impurs pour qui la seule voie pour le paradis est d’obéir aux musulmans blancs purs’. Il est d’ailleurs interdit aux esclaves d’étudier le Coran, à supposer qu’ils sachent lire et écrire. Malgré un décret datant de 1980 – promulgué à l’époque par la junte militaire – déclarant l’esclavage illégal, des « quadis » – juges et dans une cour de justice musulmane – prennent la défense de l’esclavage contre toutes les plaintes et condamnent très paradoxalement les victimes de façon draconienne. Plus tard, on peut voir accusés et juges boire le thé ensemble, cependant que l’argent change régulièrement de propriétaire.
Il arrive que, en guise de pénitence musulmane, un maître fasse don d’un esclave à des beydanes pauvres. Cela explique ces scénarios bizarres dans les rues de la capitale Nouakchott, où des mendiants arabes aveugles ont pour chien guide d’aveugle un esclave noir. Un million à peu près de victimes ploient sous le joug de cette forme perfide
d’esclavage dans l’ancienne colonie française. Etrangement l’esclavage est dans ce pays une affaire privée plutôt que publique. La Mauritanie contemporaine, indépendante depuis 1960 à peine, ne peut être décrite que comme une communauté sadique, asociale, qui recouvre ses crimes du voile de sa religion.
Beaucoup d’esclaves assassinés ou gravement mutilés
La vie d’un esclave est au sens propre des termes une honte pour l’humanité. La plupart des esclaves travaillent dur, mangent trop peu et meurent jeunes sans avoir jamais gagné un centime. Des tortures sont au menu quotidien et beaucoup d’esclaves sont tout simplement assassinés ou gravement mutilés. Les beydanes ont recours à la violence pour faire preuve d’autorité. Il s’agit ici d’un futur culturel admis depuis des siècles. Le prix d’achat de 75 euros pour un esclave prouve son manque de valeur. Les filles et les femmes esclaves sont souvent gardées comme concubines et elles sont fréquemment violées par des membres de la famille du maître. Aucun esclave ne peut se marier sans le consentement du maître. Les enfants sont arrachés très tôt à leurs parents pour être éduqués comme esclaves, servir de cadeau de mariage ou être vendus. Ils sont utilisés à toutes sortes de travaux, étant donné que les beydanes croient qu’ils ne sont pas nés pour se salir les mains. A la campagne, les harratines travaillent comme paysans dans les champs, dans les villes, comme employés, cuisiniers ou ouvriers dans le bâtiment. Ils sont tous forcés de travailler sans droits ni salaire, sept jours sur sept,
d’année en année. Un cas parmi tant d’autres, Noma est une esclave fugitive de 25 ans. Légalement elle est toujours la propriété de Edah ben Sudi Bona du sud de la Mauritanie (…)
Jamais d’affranchissement d’esclaves
Rares sont les esclaves qui réussissent à s’enfuir. Que des bedyanes affranchissent leur esclave
n’arrive pratiquement jamais. Les anciens esclaves trouvent de l’aide auprès d’organisations telles que SOS Esclaves et l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme. Le gouvernement refuse systématiquement de reconnaître les organisations qui militent en faveur de la suppression de
l’esclavage et contrecarre autant que possible leur action. Les deux organisations susmentionnées ont déjà été accusées de menées subversives par le ministre des Communications, leurs cadres se retrouvent régulièrement en prison. Conséquence, le gouvernement passe donc le problème absolument sous silence. Bamariam Koita, secrétaire d’Etat aux Droits Humains d’origine arabe, déclare fièrement : « L’esclavage n’existe plus en Mauritanie depuis longtemps. Avez-vous jamais vu des esclaves à la chaîne, un marché ou des trafiquants d’esclaves ? Non, naturellement », répond-il avec arrogance à sa propre question, refusant toute nouvelle question.
Enfants esclaves importés de Mauritanie et location des esclaves à des firmes nationales et internationales
Madame Boubacar, fondatrice et dirigeante de SOS Esclaves, secoue la tête, disant que ces messieurs des ministères se prennent pour des « Surhommes ». Elle raconte que l’esclavage ne s’arrête pas aux frontières de la Mauritanie. « Comme ici le marché des esclaves est plus ou moins saturé, on a trouvé
d’autres voies pour le trafic. Personne ne sait que des cheiks de la région du Golfe importaient déjà au milieu des années quatre-vingts des enfants esclaves de Mauritanie. Jusqu’à aujourd’hui, les enfants de ces esclaves sont au travail dans les palais. En Mauritanie, des maîtres louent leurs esclaves à des firmes nationales et étrangères pour de grosses sommes. C’est un secret bien gardé que des esclaves sont employés dans beaucoup
d’ambassades mauritaniennes à travers le monde », signale-t-elle avec un dégoût prononcé dans la voix.
Boubacar fait violemment non de la tête à ma question si de l’aide vient de l’étranger. « Au contraire, des milliers d’esclaves sont placés dans des projets de développement fondés par des organisations d’aide occidentales. Au lieu d’extirper
l’esclavage, l’aide au développement l’a introduit dans les projets et involontairement favorisé. L’aide internationale au développement a injecté des milliards de dollars dans différents projets. Les beydanes ont vite compris comment ils pouvaient percevoir les fonds pour le développement en faisant travailler leurs esclaves dans les nouveaux projets, et cela sans se gêner le moins du monde. Les différentes organisations d’aide et même la Banque Mondiale n’y ont vu que du feu et jugèrent que le mieux était de laisser le contrôle complètement entre les mains des seigneurs locaux, les beydanes ».
Personne n’a jamais été condamné en Mauritanie pour le fait d’ avoir des esclaves
Boubacar déteste les politiciens avec leurs promesses orales : « Depuis le dernier décret de 1980, en vertu duquel l’esclavage a été interdit sous peine de prison et de fortes amendes, jamais personne n’a été condamné pour avoir des esclaves. » Son jugement sur la politique et le système judiciaire en Mauritanie est sévère. Elle ne croit pas non plus à des revirements politiques inattendus (…) Pendant que le président Taya assistait aux obsèques du roi Fahd en Arabie Saoudite, le colonel Vall installa un parlement militaire pour la défense de la démocratie et du droit, et promit de combattre l’esclavage. Il proclama que les temps où un dictateur à la Taya en connivence avec la classe régnante des beydanes pouvait soumettre tout le pays à un modèle de société basé sur la relation maître-esclave appartenaient définitivement au passé. L’année passée furent tenues des élections législatives et communales, et dimanche 11 mars des élections présidentielles démocratiques, mais à une exception près tous les candidats étaient des Blancs.
Aux présidentielles mauritaniennes un seul candidat prône l’égalité raciale dans le pays
Seul le Noir Messaoud Ould Boulkheir mettait
l’égalité des races au cœur de sa campagne électorale, les autres ressassant la « réconciliation nationale », sans référence explicite à l’inégalité ni aux violations des droits humains commises sous le régime précédent. Le gouvernement musulman mauritanien refusa d’établir des statistiques raciales sous prétexte que, selon l’islam, celles-ci n’ont aucune signification (…) »
19/09/2007