Deux candidats pour les Beïdanes : un pour les Guerriers et un pour les Marabouts. Un candidat pour les Harratines. Un candidat pour les Halpulaar. Un candidat pour les Wolofs. Un candidat pour les Soninkés qui ne devrait plus tarder à annoncer sa candidature. Comme ça, toutes les communautés nationales seront représentées à la présidentielle de 2019.
Et que ne tombe qui ne soit soutenu par son bras. C’est comme ça. La Mauritanie dans tous ses états…d’âme. Ainsi, ses nationaux n’auront que l’embarras du choix : des têtes chauves. Des têtes brûlées.
Des têtes chaudes. Des têtes rasées. Des têtes froides. Des têtes bien pleines. Des têtes bien faites. Des têtes malformées. Des têtes déformées. Des têtes formatées. Des têtes colmatées. Du premier choix. Du second. Du troisième. Et du rebut, même, comme dans un jardin de mandarines : ni le goût ni la saveur ne sont garantis. Un président, c’est comme une mandarine.
Il faut d’abord goûter pour savoir. Sucré ou pas sucré. Aigre ou non. La couleur et l’odeur ne suffisent pas. L’apparence est trompeuse, ça fait un sacré bail que tout le monde le sait. Ce n’est pas parce qu’on précampagne en avion qu’on sera un bon président ni même qu’on va gagner. Ou qu’on la fasse à dos d’âne qu’on ne sera pas un bon président ni qu’on va perdre. Ne sous-estimez jamais le peuple : il peut surprendre. Les Algériens suscitent des émules ou, même, des jaloux.
Changer par la rue ou par les urnes, c’est pareil : l’essentiel, est que ça change. Pour cette histoire d’avion militaire loué, bof, ce n’est pas vraiment grand-chose. Voyez l’adage : « celle qui a quelque chose n’a qu’à le mettre ». C’est comme ça : vendre, louer, sous-louer, louer/vendre (location-vente). Et, même, prêter/ louer, en comptant sur les explications « bienveillantes et bienvenues » du porte-parole du gouvernement. Gouvernement qui détient, et le contrat et les factures, justificatifs de l’usage/abus de l’avion militaire utilisé par le candidat militaire. Pardon, ancien militaire.
En réalité, c’est être trop affairé pour en parler. Si un ancien général, très fraîchement retraité, ne peut pas utiliser un petit hélico militaire, pour aller dire aux gens qu’il est candidat… où allons-nous, je vous le demande ? Et puis, ici, qui n’est pas à « vandr », pour reprendre l’écriteau d’un ami sur un tacot qu’il voulait liquider ? Que n’a-t-on a vendu dans ce pays ? Je ne citerai rien, par pudeur, de ce répertoire des choses « vandues ». Imaginez-les comme vous voulez. En tout cas, moi, je vais faire le con : vendre, c’est plus que louer.
Entre une école et un vieil hélico, c’est quoi le plus important ? Ça dépend, me direz-vous et vous aurez bien raison. Mais qui vole un œuf, volera un bœuf. Qui vend une école, louera donc un hélico. Ici, chez nous, la vente, c’est presque tout : les écoles, les musées, les âmes, les consciences, l’honneur ; Tout est à « vandr »… pour le ventre. C’est comme ça, les affaires : il faut vendre, il faut acheter, louer, sous-louer. Il faut mentir. Il faut investir. Il faut flagorner. Avec, bien sûr, une marge de risque. Mais qui ne risque rien n’a rien.
Or qui ne veut pas quelque chose, ici, chez nous ? On ne lèche que le doigt où il ya quelque chose dessus. Il y avait pourtant un moyen simple de valider les candidatures, pour la présidentielle, en lieu et place des fameux parrainages. Une technique en rapport avec la vente et la location : Tout candidat qui ne peut pas louer un avion militaire et une société nationale pour déblayer son terrain d’atterrissage est recalé d’office. Résultat : ou le candidat sort l’argent, pour renflouer les caisses du Trésor, ou il sort du jeu, pour faire « reposer sa tête » et reposer les autres.
Vive les forces armées nationales ! Vive l’armée ! Non, Zeidane : ici, c’est moi le candidat du consensus national. Salut.
Sneiba El Kory
Source : Le Calame (Mauritanie)