Au grand dam du Maroc, l’arrimage de la Mauritanie aux Emirats et à l’Arabie saoudite est sur le point d’être accompli.
Des motifs géostratégiques seraient à l’origine du coup de colère du ministre marocain des Affaires étrangères, du jeudi 28 mars à Casablanca, contre les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite.
«Les ambitions et les intérêts du royaume en Afrique de l’Ouest et particulièrement en Mauritanie seraient menacées par les deux pays du Conseil de Coopération du Golfe», nous confie une source proche du dossier.
«Abou Dhabi et Riyad prévoient d’asseoir leurs influences politiques et militaires chez le voisin du sud en lançant de grands projets d’investissements. La construction du port de Nouadhibou serait dans le viseur, d’autant que l’accord signé en avril 2018, entre les autorités mauritaniennes et une société chinoise bat de l’aile», ajoute-elle.
Le port Dakhla Atlantique menacé ?
«Une mainmise des Emiratis, ayant déjà acquis l’ »expérience » dans la gestion des ports en Afrique, notamment au niveau de la Corne de l’Afrique, équivaudrait à une menace pour le projet Dakhla Atlantique, en cours d’études géotechniques et de conception et dont les travaux devraient être lancés cette année. Le coût de réalisation est estimée à 10 milliards de dirhams. Les Qataris seraient prêt à financer au grand dam des deux « alliés » du royaume qui auraient décidé de riposter à leur manière», précise la même source.
En avril 2014 à Dubaï, les Mauritaniens avaient vanté aux Emiratis les avantages d’investir dans la zone franche de Nouadhibou sans toutefois parvenir à les séduire. Mais le contexte a depuis évolué. Le Maroc ancien «grand allié» des Emiratis et des Saoudiens est désormais dans leur viseur. Les criantes divergences sur la guerre au Yémen, le «Deal du siècle» sur la Palestine et le soutien du royaume à la tutelle de la Jordanie sur les lieux saints islamo-chrétiens d’Al Qods ont apporté un sérieux coup de froid aux relations entre les trois Etats.
Ce qui explique en partie la colère de Nasser Bourita lorsqu’il a estimé le 28 mars que «la coordination (avec Abou Dhabi et Riyad, ndlr) devrait se faire dans les deux sens. Elle ne doit pas être à la carte, elle doit couvrir toutes les questions importantes au Moyen Orient comme en Afrique du Nord, à l’instar de la crise libyenne».
Ces derniers mois, l’arrimage du voisin du sud aux Emirats et à l’Arabie saoudite a sensiblement progressé. Outre nos informations concernant le port de Nouadhibou, il y a aussi le projet de base militaire saoudienne rapporté par plusieurs médias, cependant démenti par des voix officieuses à Nouakchott. Enfin, le gouvernement mauritianien a durci sa politique à l’endroit des associations islamiques proches des «Frères musulmans» dont le dernier acte s’est produit mercredi dernier avec l’interdiction de l’association «Main dans la Main». Un autre signe d’alignement sur Abou Dhabi et Riyad.
Mohammed Jaabouk
Source : Yabialdi (Maroc)