Le choix de cet ancien professeur d’Al Azhar dont la carrière est singulière augure d’une nouvelle conception du Quai d’Orsay vis-à-vis du Sahel et particulièrement de la Mauritanie. Il est possible que cette nomination définisse la Mauritanie comme point focal de la politique sécuritaire de la France au  Sahel.

La Mauritanie s’est certes engagée, pendant des dizaines d’années, dans une politique visant à confirmer son identité arabe. Mais l’échec relatif de cette tendance identitaire et la chute de ses défenseurs ont contraint les dirigeants mauritaniens à réviser et à opérer un recentrage du pays autour de son environnement géopolitique traditionnel.

Cette nouvelle donne favorise le rapprochement avec la France.

Les succès de la Mauritanie sur AQMI, face aux difficultés d’autres pays de la région commencent à intéresser la France, après une période de scepticisme.

Cette nouvelle attitude de la France a certainement facilité l’accession de la Mauritanie au commandement de la Force du G5 Sahel.

D’autres actions, non moins importantes, ont également suscité l’intérêt de la Présidence française, particulièrement l’évolution vers une démocratie apaisée, matérialisée par une large et active participation de l’opposition aux dernières élections.

La visite du président Emmanuel Macron à Nouakchott, lors du sommet de l’Union Africaine et sa rencontre avec le Président Abdel Aziz se sont soldées par un accord et une grande identité de vues entre les deux hommes.

Les tensions dans la région

La France, pays traditionnellement responsable de la sécurité dans cette zone, s’efforce de suivre avec un grand intérêt l’évolution de la situation. Elle en suit avec attention les nouveaux développements.

Les troubles, que connaît la région, peuvent, en effet s’étendre, à tout moment au-delà.

Parmi ces troubles nous pouvons compter :

–         La vieille tension entre le Maroc et l’Algérie, qui ne cessent de s’observer avec la plus grande méfiance ; aucune évolution positive de la situation ne semble envisagée à court terme ;

–         La guerre du Sahara occidental et ses conséquences sur la région ;

–         L’instabilité en Libye et en Tunisie ;

–         L’armée Malienne et Française essoufflées par une guerre sans fin contre AQMI, guerre qui s’étend vers le Niger, le Burkina Fasso et à d’autres pays ;

–         L’ensemble des pays du Maghreb et  du Sahel qui restent sensibles à la menace terroriste

–         Le flux migratoire irrésistible vers l’Europe ;

–         Le souci de la France de mettre à l’abri ses soldats engagés au Mali, et les manœuvres entreprises pour former une armée capable d’assurer une sécurité régionale, avec l’aide de la France et des autres partenaires.

Toutes ces considérations ont certainement poussé la France à choisir un Conseiller des affaires étrangères de grand talent comme ambassadeur en Mauritanie.

Si l’ancien ambassadeur, M. Joël Meyer, était avenant et généralement apprécié des mauritaniens, il apparaît que M. Pierre Thenard sera certainement d’une grande utilité dans le rapprochement actuel entre les deux pays.

Qui est Pierre Thenard?

Pierre Thenard est agrégé en droit, lauréat du concours général d’histoire, titulaire d’un diplôme supérieur en arabe (option littérature classique), professeur à l’université Al Azhar et à l’Université du Caire.

Il fut premier secrétaire à l’ambassade de France en Algérie, ce qui lui vaut une bonne connaissance des mouvements islamistes et particulièrement le FIS et le GIA. Il fut également chef de service à l’ambassade de France à Jérusalem.

Il a servi à Washington où il suivait les dossiers du terrorisme.

Au Quai d’Orsay, il fut chargé du dossier du terrorisme, de la drogue et du crime organisé en tant que sous-directeur.

Il a occupé d’autres fonctions importantes et a à son actif quelques publications.

Il est Chevalier dans l’ordre de la légion d’honneur française.

Limam Moulaye Oumar