Lors de la présente livraison nous avons voulu revisiter cette thématique et actualiser nos connaissances et les vôtres, sur ce processus d’accumulation qui semble accaparer le clan Aziz et le souder.
Dans un fameux discours, Aziz faisait le serment devant les Mauritaniens de renouveler la classe politique et la classe économique à la fois. Treize ans après, nous pouvons attester que la classe économique a été renouvelée, de fond en comble.
Renouvelée et réduite à l’entourage proche de Ould Abdel Aziz. Voici quelques exemples de ce renouvellement à marche forcée, qui mit à la tête de notre économie une bande de prête-noms gravitant autour d’un général à l’appétit abyssal.
Le Port Autonome de Nouakchott (PAN)
Il y a moins de quinze ans se côtoyaient sur le terreplein du Port Autonome de Nouakchott, la SMPN (Société Mauritanienne de Pêche et de Navigation), la SAMMA (Société d’Accompagnement et de Manutention en Mauritanie), la SEP (Société d’Equipements Portuaires), MAERSK, la SOGECO et bien d’autres.
Aujourd’hui, le grand manitou du PAN s’appelle Med Abdallahi Ould Iyaha qui opère sous le pavillon de la très influente MAURILOG (MAURItanienne de LOGistique). Ayant acquis plus de douze hectares de quai et de terrepleins stratégiques du domaine portuaire, c’est la MAURILOG qui fait la pluie et le beau temps au PAN.
Associé à SHENKER et au Chinois HONDONG (tristement célèbre par ses licences de pêche plus que douteuses), Ould Iyaha est le maître incontesté de cette porte d’accès maritime à la Mauritanie, au Mali et à une partie du Burkina Faso.
Il partage le domaine portuaire avec d’autres prête-noms de la Azizie tels Ould Ghadda, Ould Dewla et Ould M’Sabou.
L’idée, de moins en moins implicite, serait, pour le clan Aziz, de se positionner pour le contrôle de la logistique, de la maintenance et de la fourniture du marché de l’exploitation et de l’exportation des hydrocarbures qui s’annoncent prometteurs en Mauritanie et dans d’autres pays de la sous-région.
C’est ainsi que les futurs opérateurs étrangers dans le domaine des hydrocarbures (BP, Total,…) ont été instamment encouragés à nouer les plus fortes collaborations avec MAURILOG.
C’est aussi l’objet de la Convention d’Etablissement approuvée en Conseil des Ministre le 23 novembre 2017 entre l’Etat mauritanien et l’OPM-Groupe (Opérateurs Portuaires Mauritaniens) qui regroupe tous les prête-noms et porte-flingues de Ould Abdel Aziz. Cette convention porte sur 16,6 millions de dollars.
Les boutiques, toujours des boutiques
Les artères de la Capitales se couvrent de barrettes de boutiques. Des « marchés » apparaissent un peu partout.
Là ce sont les rangées de boutiques et d’appartements bâtis sur le terrain annexé à l’Ecole de Police sur l’avenue Moctar Ould Daddah. Sur la photo du bas, une autre barrette de boutiques construites sur le terrain de ce que fut l’Ecole Marché.
Cette rangée de boutiques est située tout près du Marché dit «de la Capitale» qui est le marché historique de Nouakchott. Les Nouakchottois ne se lassent pas de se raconter l’histoire du «Marché de la Capitale». Après avoir été débouté par la justice qui donna raison aux propriétaires et exploitants du «Marché de la Capitale» qui refusent de quitter les lieux, le clan Aziz décida de s’y prendre autrement.
Pour obliger les commerçants du « Marche Capitale » d’accepter que ce dernier soit démoli et reconstruit selon leur volonté et à leur bénéfice exclusif, les prête-noms de Aziz entreprirent de construire pas moins de deux nouveaux « marchés », un au sud (celui sur la photo) et l’autre à l’ouest (à l’emplacement de l’ancienne « fanfare »).
C’est là un exemple classique des méthodes mafieuses de ceux qui nous gouvernent. Si tu ne te plie pas à ma volonté, je te tue à coups de concurrence déloyale.
Toujours à Nouakchott, la bande à Aziz investit massivement dans l’immobilier locatif en important le concept, nouveau, de quartier résidentiel pour personnes fortunées.
Cette photo montre une résidence de 12 villas en cours d’achèvement sur ce que fut la terre des Cheibany, de l’autre côté de la rue par rapport à l’hôpital Bouamatou.
Pour financer tous ces investissements dans l’immobilier (boutiques et appartements), la famille Aziz est en train de se doter d’outils de gestion financière, tels des banques et des établissements bancaires.
L’immeuble surmonté d’une coupole est celui de la BFI (Banque de Finances Islamiques) dont la propriétaire ne serait autre que la Première Dame, Tekeyber Mint Malainine.
Cette photo est celle de la BMI (Banque Mauritanienne pour l’Industrie) dont le capital serait détenu directement ou indirectement par Aziz et opérée par le fameux Zeine El Abidine Ould Ahmed Mahmoud.
Ces banques permettent au clan Aziz d’accéder aux devises et à financer les opérations à l’intérieur et à l’extérieur de la Mauritanie. Elles sont très utiles, par exemple, pour l’achat et la gestion des propriétés multiples au Maroc, en France et aux Emirats.
Nous apprenons, par ailleurs, que le marché du nouveau Palais des Congrès, octroyé de la façon la plus opaque et la plus irrégulière possible à l’un de ses proches, a été l’occasion, pour le clan Aziz, de faire rentrer, sans aucun droit de douane, des dizaines de milliers de tonnes de fer à béton qui seront écoulés sur le marché ou qui serviront à construire d’autres boutiques.
Mais Nouakchott n’est pas la seule ville qui intéresse les Aziz. Il y a aussi Nouadhibou, la capitale économique de la Mauritanie. Comme par hasard, tous les anciens bâtiments administratifs, les terrains, les réserves foncières dont l’Autorité de la Zone Franche a décidé (ou à reçu l’ordre) de se séparer, n’ont trouvé preneur en dehors du cercle rapproché de Ould Abdel Aziz (la Première Dame, le Gendre…).
Bientôt vont y pousser des résidences, des boutiques et des Malls commerciaux. Nous reviendrons en détail sur le cas de Nouadhibou dans une prochaine livraison.
Les origines de la fortune
Les Mauritaniens observent, incrédules, l’ascension fulgurante d’une poignée d’hommes et de femmes, presque tous jusque-là inconnus, et se demandent comment une telle fortune a pu être amassée en si peu de temps par des individus que ne distinguent ni l’intelligence, ni le courage et encore moins le niveau d’étude.
Au moment où la sécheresse décime leur cheptel, anéantit leurs champs et les réduits à la pauvreté la plus noire, ils voient les ballets de grues faire pousser, tels des champignons, des boutiques et des résidences un peu partout à Nouakchott
Mais les Mauritaniens savent que les salaires cumulés de toute une vie d’officier supérieur de l’armée nationale ne peuvent, en aucun cas, permettre de construire ne serait-ce que l’immeuble de la banque destinée à gérer les biens mal acquis de la Première Dame.
Les Mauritaniens savent aussi que cette Première Dame était, il y a moins de quinze ans, gérante d’un Hammam situé dans un quartier miséreux du Ksar (voir photo). Son président de mari, Mohamed Ould Abdel Aziz, était connu pour s’adonner à un trafic bien particulier, celui du bois des prosopis en provenance du Parc de la Présidence qu’il apportait pour faire fonctionner le four du Hammam de Tekeyber.
Les portes, juste avant la façade peinte en vert, sont celles de l’ancien Hammam de la Première Dame. Son mari était champion en matière de trafic de bois venant du Parc de la Présidence, du temps où il était chargé de la sûreté présidentielle (BASEP). On mesure la fulgurance de l’ascension économique et sociale en comparant la situation où était ce couple, il y a vingt ans, à sa situation actuelle.
avec l’Observatoire des Biens et Avoirs Mal Acquis
Source : Mondafrique