Le 24 juillet 2017, le commissariat de la police d’Aioun interpelle deux jeunes individus :
El Heiba Ould Cheikh Bouya (un militaire révoqué depuis juin 2017 pour troubles mentaux) et Brahim Ould Meissara sur la base d’une accusation de vol d’un montant de 10.600 UM de la part d’un commerçant de la ville. Selon les déclarations d’El Moustapha Ould Cheikh Bouya, le frère d’El Heiba, les deux présumés coupables auraient été sauvagement torturés par la police pour leur extorquer des aveux.
Pour confirmer ses allégations, El Moustapha montre à qui veut le voir et l’entendre des photos et des enregistrements sur lesquels apparaissent clairement les stigmates de torture avec traces de menottes aux poignets et blessures sur quelques parties du corps.
Renvoyés devant le parquet, les deux adolescents ont été déposés en prison par le juge d’instruction sur réquisition du procureur. Selon El Moustapha Ould Cheikh Bouye :
« La ville d’Aioun est une citadelle de l’esclavage, de la corruption et du racisme. Il y a moins d’une année dans les environs de la ville (à Ould E’gueyla) dans la commune d’El Voulaniya, une femme a été publiquement battue, rasée et attachée à un arbre par ses maîtres. Moi-même j’ai été pressé par mes cousins étant fils de femme Harratine pour abandonner cette affaire et ne pas, comme ils disent, ‘’se rabaisser dans des histoires d’esclaves’’. Ici, dans cette ville (NDLR : Aioun) l’administration est corrompue. Avec l’argent, tu peux faire tout ce que tu veux. Moi, j’ai les preuves de tout ce que je dis. Je suis capable de le prouver le moment venu. Regardez le cas de cette pauvre fille peulh de quatorze ans qui a été violée par un jeune Maure. Pourtant l’affaire a été étouffée et c’est la famille de la victime qui a failli aller en prison. Rien que de l’injustice et du racisme. La plus grande bande de délinquants est constituée d’éléments de la police. L’affaire de la femme de Kobeni, la voleuse d’habits prise en flagrant délit a été réglée rapidement puisqu’elle n’était que la face d’un grand iceberg qui allait éclabousser toute l’administration et dévoiler de graves et hautes complicités dans le milieu des mauvaises pratiques au niveau d’Aioun où toutes les incommodités sont permises voire même parrainées ».
El Moustapha Ould Cheikh Bouye qui ne décolère pas réclame une enquête pour situer la responsabilité de la maltraitance de son frère et de son ami pour des faits qu’aucune preuve n’a permis d’accréditer. Pour cela, il déclare être prêt à aller partout et à subir tout pour que le monde comprenne que la ville d’Aioun est une forteresse de laisser aller, d’injustice et de mauvaise administration.
Source : Le Calame (Mauritanie)