Réchauffement de lois répressives héritées de la période du monolithisme et du régime d’exception, arrestation de militants antiesclavagistes, d’opposants et condamnation à mort d’un blogueur.
C’est à travers ce tableau plutôt gênant pour une démocratie, que le dernier rapport d’Amnesty Internationale (AI), ONG de défense des droits humains, présente la situation en Mauritanie.
Ce document pointe «une détérioration» des droits humains matérialisée par «des lois, notamment celles relatives à l’ordre public, à la rébellion et à l’appartenance à une organisation non reconnue qui ont été utilisées pour engager des poursuites à motivations politiques contre des opposants au gouvernement et des défenseurs de droits humains, en particulier des militants antiesclavagistes».
Amnesty accuse les autorités mauritanienne de mener «une campagne de répression accrue contre ces militants en raison de leur engagement contre cette pratique séculaire».
Le rapport fait ainsi allusion à l’arrestation et à la condamnation à une peine de 2 années de prison ferme, finalement réduite à 1 an, de Biram Ould Dah Ould Abeid, leader de l’Initiative de résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) et de ses compagnons, pour avoir organisé une marche dénonçant «l’accaparement des terres et l’esclavage dans l’exploitation agricole».
Par ailleurs, le rapport ajoute que «la liberté d’expression se porte très mal dans le pays, au moment ou des journalistes et des blogueurs écopent toujours de lourdes peines de prison. C’est le cas de Mohamed Ould Mkheitir, condamné à mort pour apostasie à cause d’un article critique sur les inégalités sociales en Mauritanie; cas qui illustre concrètement la réalité brutale du pays».
Plusieurs manifestations de rue exigeant l’exécution de ce blogueur ont été organisées ces dernières années. Toutefois, en janvier dernier, la Cour suprême mauritanienne a annulé cette peine et ordonné une reprise du procès devant une cour d’appel différemment composée.
Avec la toile de fond ainsi décrite, Amnesty estime que «la liberté d’expression en Mauritanie est un trompe l’œil».
Par notre correspondant à Nouakchott
Cheikh Sidya