C’est un Algérien qui vous parle. Il SAIT, lui… et face à lui, dans la
salle, se trouvent tous les grands (??) du journalisme français, qui en ont
pris plein les oreilles.
Ces journalistes auront-ils le courage, et surtout l’honnêteté
de reproduire ce discours dans leurs journaux ? J’en doute fort…
Boualem Sansal : la France en voie de faire allégeance au Calife ? Discours sur l’Islamisme
Intervention de Boualem Sansal
devant la Fondation Varenne [13 décembre 2016]*. Importante tant par son
contenu – nous laissons nos lecteurs le découvrir – que parce qu’elle a été
faite devant de grands noms de la presse française et d’illustres
personnalités.
Il ne faut désespérer ni
Billancourt, ni le Qatar, ni l’institut
Mesdames et Messieurs, bonjour, bonsoir,
Daniel Pouzadoux m’a fait l’amitié de m’inviter à
votre cérémonie et il a poussé la gentillesse jusqu’à me demander de venir au
pupitre dire quelques mots. Je le remercie très
chaleureusement. Je vais le faire en essayant de ne pas vous
ennuyer, j’ai tendance ces derniers temps à me répéter, et pas de la meilleure
façon, je veux dire la politiquement correcte.
Je ne sais pas si vous l’entendez mais je vous le dis,
parler devant vous n’est pas facile, dans la salle je vois de grands noms de la
presse française… c’est impressionnant. Et flatteur pour moi, dans mon pays,
l’Algérie, j’ai droit au traitement pour lépreux, on lâche les chiens, on jette
des pierres. En ce moment, à la suite d’un supposé amalgame, blasphème, ou
mauvaise pensée de ma part, on délibère à mon sujet, et la fumée n’est pas
blanche, ça ne dit rien de bon. Mais passons, rien n’est certain tant qu’il
n’est pas arrivé.
Je voudrais, avec la permission de Daniel, et la vôtre
aussi, vous dire deux trois choses sur l’islamisme. Il y a d’autres sujets mais
celui-ci les dépasse, il tient le monde en haleine, et la France
en premier, elle est une pièce essentielle dans son programme de domination
planétaire. C’est ici qu’il gagnera ou perdra face à
l’Occident, il le croit, voilà pourquoi il s’y investit avec tant de rage,
derrière laquelle cependant agit un monde étonnant de froide intelligence et de
patience.
Personne ne peut mieux qu’un Algérien comprendre
ce que vous vivez, ce que vous ressentez, l’Algérie connaît l’islamisme, elle
en a souffert vingt années durant.
Je ne veux pas laisser entendre que l’islamisme est
fini dans ce pays, simplement parce que le terrorisme a reflué, c’est tout le
contraire, l’islamisme a gagné, à part quelques voix dissonantes qu
i
s’époumonent dans le désert, rien ne s’oppose à lui, il a tout en main pour
réaliser son objet. Tout son programme, dont le
terrorisme est un volet important mais pas le plus important, il en est dix
autres qui le sont davantage, ne vise que cela : briser les résistances,
éteindre les Lumières avec un grand L et installer les mécanismes d’une
islamisation en profondeur de la société. On peut dire que l’islamisme ne
commence véritablement son œuvre qu’après le passage du rouleau compresseur de
la terreur, à ce stade la population est prête à tout accepter avec ferveur,
humilité et une vraie reconnaissance.
On en est là en Algérie, le programme se déroule bien,
les islamistes travaillent comme à l’usine, ils contrôlent tout, surveillent
tout, le point de non-retour est franchi et le point final arrive comme un coup
de poing. Encore quelques réglages et nous aurons une république islamique
parfaite, tout à fait éligible au califat mondial. Vous en entendrez parler, je
pense.
Un exemple pour le montrer: dans la petite ville où
j’habite, à 50 kms d’Alger, une ville universitaire dont la
population, 25000 habitants environ, se compose
essentiellement d’enseignants, de chercheurs et
d’étudiants, il y avait avant l’arrivée de l’islamisme,
dans les années 80, une petite mosquée branlante, coloniale par son âge, que ne
fréquentaient que quelques
vieux paysans des alentours
; aujourd’hui, après deux décennies de
terrorisme et de destruction, et alors que le pays
manque de tout, il y en a quinze, toutes de
bonne taille et bien équipées, eau courante au robinet, hautparleurs
surpuissants, climatisation et internet à
tous les étages, et je vous apprends que pour la prière
du vendredi elles ne suffisent
pas pour accueillir tous
les pénitents. Il faudrait clairement en construire
quinze autres ou réquisitionner les amphis et les
laboratoires. Attention, je ne fais pas d’amalgame, ni de
persiflage, je ne dis pas que les pénitents sont des islamistes, aucun ne
l’est, je vous l’assure, n’ayez crainte, je dis
simplement que les islamistes ont bien travaillé, en peu de temps ils ont
assaini le climat et fait de nous de bons et fidèles musulmans, ponctuels et
empressés, et jamais, au grand jamais j’insiste, ils ne nous ont demandé
de devenir des islamistes comme eux. « Point de
contrainte en religion », c’est dans le Coran, sourate 2, verset 256.
En Algérie, on suit avec beaucoup d’inquiétude
l’évolution des choses en France. Je ne parle pas de nos islamistes,
ils se félicitent de leurs avancées chez vous, ni de notre gouvernement, tout
entier mobilisé au chevet de son vieux président, M. Bouteflika, je
parle de ceux qui ont de l’amitié pour vous et ceux qui ont des parents en
France et qui voudraient les voir continuer de vivre leur vie française le
mieux possible. Je vous le dis, ceux-là sont
inquiets, très très inquiets et même désespérés. Ils vous en veulent pour
cela.
Inquiets parce qu’ils constatent jour après jour,
mois après mois, année après année, que la France ne sait toujours pas se
déterminer par rapport à l’islamisme : est-ce du lard, est-ce du mouton, est-ce
de la religion, est-ce de l’hérésie ? Nommer ces choses, elle ne
sait pas, c’est un souci. Pendant ce temps, le boa constrictor islamiste a
largement eu le temps de bien s’entortiller, il va tout bientôt l’étouffer pour
de bon. Insouciante qu’elle est, la
mignonne est allée faire amie-ami avec les gros cheikhs du Golfe que
chacun sait être les géniteurs et les dresseurs du boa et surtout d’anciens
redoutables détrousseurs de caravanes.
Inquiets de voir la France des libertés verser
dans le maccarthysme. Que se passe-t-il, bon
sang, il n’est plus possible, pour personne, de parler de certains sujets liés
à la Chose sans se voir aussitôt traîné au tribunal et condamné
sévèrement. On en sort encore avec des amendes, des sursis et des
marques à l’épaule, mais le jour n’est pas loin où on se verra appliquer la
vraie charia.
Inquiets et
dégoutés de voir cette grande nation
laïque et avant-gardiste exhiber à tout bout de champ
ses imams et ses muftis, ses pachas de l’UOIF, ses
commandeurs du CFCM, et, pour la note moderne, deux trois sœurs cagoulées à
l’arrière-plan, comme jadis au temps des colonies de papa elle promenait de
cérémonies en cérémonies ses caïds chamarrés bardés de médailles, ses marabouts
en boubous et autres sorciers en plumes, et repousser fermement ceux qui
peuvent parler aux gens sans réciter un seul verset ou lever de
doigt menaçant au ciel. On croirait que la France n’a pas été
décolonisée en même temps que ses colonies ou que la laïcité y a été abrogée
par un édit du grand imam.
Inquiets et en colère de voir que les Algériens
d
e France, pourtant instruits de la vraie nature de l’islamisme, et pis, qui
savent qu’il a lancé une OPA sur leurs enfants, ne s’engagent pas plus que ça
dans la lutte contre lui, pas au-delà des protestations de principe : « C’est pas ça
l’islam » ; « L’islam est
paix, chaleur et tolérance », « l’islam est une chance pour la France ». Misère,
comment le dire : l’urgent n’est pas de sauver l’islam de l’amalgame
mais de sauver les enfants de la mort
Inquiets et effarés de voir l’Europe se déliter
et devenir un amplificateur de crises et fabricant d’un islamisme européen
véritablement monstrueux, qui par ses prétentions totalitaires et ses haines
tous azimuts, s’apparente au nazisme-fascisme d’antan, qu’il contribue de la
sorte à ressusciter.
Désespérés en fin de compte de voir que la France
et l’Europe sont à mille lieues de pouvoir concevoir et mener ensemble le seul
combat qui puisse venir à bout de l’islamisme : le contre-djihad, conçu sur le
principe même du djihad. Et le djihad n’est pas la guerre, c’est
mille chamboulements dans mille domaines différents, menées sans restriction ni
frein, dans un mouvement brownien accéléré irréversible.
Après tout ça, y-a-t-il de l’espoir ? Oui,
il existe, il est puissant, la France est un grand pays avec une immense
histoire pleine de ressort et d’énergie, il continue de vivre et de se projeter
dans l’avenir, mais chacun sent que l’effort coûte de plus en plus, que le poison islamiste court dans ses veines, que la
langueur de la décadence le travail, que le pays perd de sa cohérence et de so
n
unité, que le gouvernement n’y entend goutte, que l’Europe est un boulet, bref
chacun comprend que la fin approche. L’espoir est précisément là, dans
cette horrible sensation que l’Histoire est finie, c’est là que le désespoir
trouve sa meilleure énergie.
Il y a une condition cependant, un vrai challenge de
nos jours, la France doit retrouver l’usage de la parole
libre et en faire une arme. Si le terrorisme se combat dans la
discrétion et la patience, par le renseignement et l’infiltration, l’islamisme
se combat par la parole, dite au grand jour, haut et fort. Ce combat a toujours
été celui des journalistes et des écrivains, qu’ils reprennent le flambeau, il
est à eux.
On n’oubliera pas de mener ce combat en premier
contre l’armée des idiots utiles et des bienpensants, qui avec une poignée de
considérations de patronages ont
réussi à paralyser la France, peuple et institutions, et
l’ont livrée aux islamistes et demain à la guerre civile : « pas d’amalgame
tu feras », « l’assassin
de ton frère est ton frère, des bisou ours tu lui adresseras », « raciste et islamophobe tu es si tu
ne tends pas l’autre joue », « ta coulpe tu
battras car colonisateur et esclavagiste tu fus », « de remords
et de pénitences, tu te nourriras », « ta place tu
cèderas, d’Hilmi tu seras », « paix,
tolérance et soumission, tu pratiqueras avec tes agresseurs ».
Ces formules sont arrivées à
l’école, avec
d’autres douceurs du même genre, ce qui facilite les abandons de demain.
« Cons et dangereux », disait d’eux Yves Montand, qui fut lui-même
un idiot-utile des plus célèbres, c’était hier, aujourd’hui il dirait plus :
« cons, dangereux, et heureux de l’être ».
Vous l’avez noté, à aucun moment je
n’ai parlé de l’islam. Vue par-là, l’affaire nous dépasse, on est
dans l’intouchable, l’islam,
c’est Allah, c’est Mahomet, le Coran, le Califat, la Oumma, c’est la fin
universelle des hérésies et de la mécréance. « L’islam est
l’horizon indépassable de notre temps », ce cher Jean-Paul Sartre nous le dirait sans
faute s’il revenait parmi nous.
A côté, l’islamisme n’est rien, avec
sa pauvre charia et ses sabres ébréchés, on pourrait le balayer ce soir, si on
nous le permettait, il n’est que
l’expression des délires et des caprices de bédouins du désert arabique,
abrutis par des siècles d’ignorance et de consanguinité féroce, soudainement
enrichis et ennoblis par des Anglais idiots et accueillis à bras ouverts dans
les grandes capitales d’Europe. Nous vivons les frasques de ces enfants
monstrueusement gâtés, jouisseurs fous et insatiables.
Aujourd’hui, ils saccagent des pays comme hier, quand
ils apprirent à prendre l’avion et actionner des ascenseurs, ils saccageaient
les palaces du monde libre avant de les acheter pour les mettre à leur
goût. C’est cela que les idiots-utileset les bienpensants aiment en vérité
: l’argent des cheikhs, il sent bon l’encens et le
mazout. Avec eux, Billancourt ne désespérera jamais, et d’ailleurs
par leur faute Billancourt n’existe plus, il a disparu en même temps qu’une
certaine France. A Colombe-les-deux-Mosquées, il y en a un qui doit salement
râler.
Pour terminer, je voudrais vous dire
mon sentiment sur les propositions récentes de l’institut Montaigne pour
réformer l’islam et rendre possible l’émergence d’un islam de France. J’ai
vérifié, c’est bien d’islam qu’il parle, d’islam de France, ce qui déjà est un
gros blasphème, l’islam est un, il est partout chez lui. C’est par le JDD du
18/9 passé que j’en ai pris connaissance. Ces propositions qui s’enfilent
comme des perles sont au nombre de dix et se résument ainsi : on lève une
redevance sur le halal, on construit des mosquées, on forme des aumôniers et
des imams, on enseigne l’arabe aux écoliers et le français aux imams, on
expurge l’histoire, on crée un secrétariat d’Etat à la laïcité et aux cultes,
on implique les maires, on actionne la diplomatie pour endiguer l’influence des
régimes wahhabites d’Arabie et du Qatar. Quand j’ai lu ça, je suis tombé à la
renverse,
J’ai compris que le plan était un
programme d’arabisation et d’islamisation des plus sévères,
il ne laissait aucune possibilité
de faire machine arrière en cas de regret. Il
ressemblait comme deux gouttes d’eau au plan d’arabisation et d’islamisation
que le pouvoir algérien a mise en œuvre en Algérie au début des années 80 sous
la pression de l’Arabie saoudite et qui allait en peu de temps faire de nous
des perroquets wahhabites salafistes.
Il fallait réfléchir et comprendre l’intention de
l’institut. Même à long terme et dans un climat apaisé, ces
propositions seraient à mon avis sans portée ni effet quant à l’objectif visé
: réformer l’islam et faire émerger un islam de France, accepté de
tous, les Français d’abord, religieux et laïques de tous bords, et ensuite tous
les pays arabes et musulmans, et à leur tête l’Arabie saoudite gardienne
universelle du dogme.
Au contraire, elles joueront dans le sens de la
réalité et celle-ci est la suivante : la France est déjà très avancée dans la
voie de son islamisation par un islam importé, archaïque et brutal, sectaire et
haineux, affairiste et opportuniste en diable, fortement teinté de salafisme
mais pas seulement, adepte du djihad mondialisé, et ces propositions généreuses
inespérées vont formidablement aider à son expansion et son enracinement.
L’effet multiplicateur et accélérateur n’a pas été
pris en compte dans l’étude, il jouera à plein, ce que l’étude
montre pourtant puisqu’elle nous apprend que 29% des
musulmans de France sont déjà en rupture avec la communauté nationale. Il
semblerait que l’institut n’a pas travaillé sur la réalité mais sur une image
de la réalité
. Le fait de formuler de telles propositions dans ce
contexte de déchirement et après une année 2015 riche en attentats islamistes,
révèle que le but recherché par les planificateurs des attentats est atteint
: la France est prête à tout céder, les dix propositions de
l’institut se présentent comme un acte d’allégeance au calife.
Je ne veux pas désespérer l’Institut M. mais on doit
le lui dire : le calife tient son pouvoir d’Allah, il n’attend rien
de personne, il écrase tout sur son chemin, les idiots utiles, les allégeants et les soumis en
premier. Je vous remercie. •
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