L’attente fut longue, très longue, une semaine après le scrutin des législatives régionales et municipales en Mauritanie, les résultats provisoires des régionales et municipales et du premier tour des législatives sont enfin tombés. Avec près de 71,8 % de participation, c’est une victoire écrasante pour le parti au pouvoir El Insaf. Un scrutin très décrié par les partis d’opposition, mais aussi de la majorité qui avancent depuis plusieurs jours des dysfonctionnements le Jour J. Compte rendu du premier tour des législatives.
Cela faisait près d’une semaine que les résultats partiels tombaient au compte-gouttes sur le site internet de la Commission électorale et étaient déjà critiqués par les partis de l’opposition.
Mais ce dimanche midi, le porte-parole de la Céni a enfin mis fin au suspens : selon les résultats provisoires, le parti au pouvoir El Insaf arrive largement en tête au premier tour dans la majorité des circonscriptions du pays comme dans les communes. Au moins 80 députés sur les 176 que compte le Parlement.
Du côté de l’opposition, c’est la déception. Les partis se partagent 24 sièges au total et dénoncent de nombreux dysfonctionnements observés lors du scrutin.
Comme le parti islamiste du Tawassoul qui conserve sa première place de force d’opposition avec 9 sièges au Parlement contre 14 en 2018. Ou la coalition Sawab-Rag rejoint par l’ancien député anti-esclavagiste Biram Dah Abeid, pourtant arrivé second lors de la dernière présidentielle qui n’obtient que 5 sièges. Ou encore la nouvelle coalition FRUD qui crée la surprise et obtient 6 sièges.
Les formations politiques traditionnelles comme le RFD ou l’UFP pourraient bien, quant à elles, ne pas être représentées cette année au Parlement.
Les résultats provisoires devront encore être validés par les hautes instances judiciaires, la Céni se dit prête à examiner tous les recours et corriger toute erreur qui entacherait le processus électoral. 36 sièges seront encore en jeu au second tour des législatives, prévu le 28 mai.
À noter que le parti El Insaf a remporté, selon le site internet de la Commission électorale, plus de la moitié des mairies (165/238, la moitié est à 119) et tous les conseils régionaux (13/13 conseils).
El Insaf se félicite, l’opposition dénonce
Le parti au pouvoir El Insaf comptait sur ces élections législatives du 13 mai pour renforcer son assise et le pari semble gagné dès le premier tour. Le vice-président du parti Mohamed Yayha Horma ne s’étonne pas du résultat. « Nous savions que nous avions un bilan efficace et une campagne robuste. Notre machine de campagne électorale est beaucoup plus puissante que les autres. Il y a beaucoup de proximité, cela a donné du résultat. Compilons et Comptons le nombre de bureaux sur lesquelles il y aurait eu des irrégularités dont nous demandons la correction intégrale et vous verrez que ça n’impacte absolument pas cette élection. »
Les partis d’opposition qui se partage qu’une vingtaine de sièges contestent les résultats et dénoncent toujours de nombreux dysfonctionnements lors du déroulement du scrutin. « Si on regarde la forte présence du parti tawassoul et sa popularité du nord au sud et de l’est à l’ouest du pays tout au long de la campagne, on se rend compte que si ces élections avaient été organisées de manière totalement transparentes, on aurait eu de bien meilleurs résultats. Malgré tout ça, Tawassoul conserve sa place de première force d’opposition, ce qui confirme sa place importante sur l’échiquier politique », estime Soubbi Weddady, vice-président du parti islamiste.
Du coté de la coalition Sawab-Rag qui obtient bien moins de sièges qu’attendus, l’ancien député antiesclavagiste Biram Dah Abeid demande déjà l’organisation de nouvelles élections.
Le 21/05/2023
Léa Breuil, correspondante à Nouakchott
Source : RFI