« Je suis victime d’un règlement de compte mais je vais me défendre », a assuré lors d’une conférence de presse M. Aziz.
« J’ai passé sept jours en détention arbitraire injuste alors que je suis venu de façon volontaire dans ma voiture à la sûreté de l’Etat », a expliqué l’ex-dirigeant mauritanien de 2008 à 2019. C’est sa première déclaration publique depuis son départ du pouvoir en août 2019.
« Je n’ai répondu à aucune question car la procédure est illégale », a-t-il indiqué, tout en précisant « avoir confiance en la justice » de son pays.
M. Aziz s’était rendu le 17 août au siège de la Direction générale de la Sûreté nationale, répondant à une convocation.
Au terme de cet interrogatoire policier le 24 août, il n’a pas été inculpé mais son passeport a été retenu. Il lui interdit de quitter Nouakchott, selon son avocat, Taghioullah Aïda.
M. Aziz doit répondre à de « fortes présomptions de mauvaise gouvernance et de détournements de biens publics », avait auparavant indiqué une source sécuritaire à l’AFP.
Le président Aziz avait pris le pouvoir dans ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest de 4,5 millions d’habitants par un coup d’Etat militaire en 2008, puis remporté la présidentielle en 2009 et en 2014.
L’actuel président, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui lui a succédé en août 2019, fut son chef de cabinet et ministre de la Défense.
M. Aziz a depuis lors été marginalisé par le nouveau pouvoir. En décembre 2019, il avait perdu la direction de l’Union pour la République (UPR), parti qu’il a pourtant fondé.
« La commission d’enquête parlementaire est illégalement composée. Je connais parfaitement tous les membres de cette (cmmission) et pourquoi ils sont là. Chacun de ses membres traîne des affaires qui le disqualifient », a affirmé jeudi soir, sans plus de détails M. Aziz.
Une commission parlementaire, chargée en janvier de faire la lumière sur plusieurs dossiers pendant ses années à la tête de l’Etat, a transmis début août son rapport à la justice mauritanienne.
Parmi les dossiers étudiés par la commission parlementaire figurent la gestion des revenus pétroliers, la vente de domaines de l’État à Nouakchott, la liquidation d’une société publique qui assurait l’approvisionnement en denrées alimentaires ou encore les activités d’une société chinoise de pêche, Pully Hong Dong, selon des sources parlementaires.
L’ex-président Aziz avait ignoré début juillet une convocation de la commission parlementaire. Les députés ont ensuite voté fin juillet une loi instituant une Haute cour de justice, compétente pour juger le chef de l’Etat et les ministres en cas de « haute trahison ».
AFP
Source : TV5 MONDE (France)