Libye : la France se défend de prendre parti pour Haftar

Le 03 mai 2019 – Le C.R.I.D.E.M.

Paris souhaite obtenir un cessez-le-feu en Libye et oeuvrer à l’organisation d’élections, a affirmé jeudi soir au Figaro le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, se défendant de prendre parti pour le camp du maréchal Khalifa Haftar, auteur d’une offensive contre Tripoli.

La France est la cible de vives critiques des Libyens favorables au Gouvernement d’union nationale (GNA) dans la capitale libyenne -le seul gouvernement reconnu par la communauté internationale-, qui accusent Paris de cautionner, au moins tacitement, l’offensive militaire du maréchal Haftar en vue de conquérir Tripoli.

«C’est vrai que nous estimons qu’il (Haftar) fait partie de la solution», admet le ministre dans un entretien avec ce quotidien français : «Haftar a lutté contre le terrorisme à Benghazi et dans le sud de la Libye et cela était dans notre intérêt, celui des pays du Sahel, celui des voisins de la Libye».

Or la France est impliquée dans le dossier libyen «pour combattre le terrorisme», «notre objectif prioritaire dans la région», et pour «éviter la contagion» aux pays voisins comme l’Égypte et la Tunisie, «des pays essentiels pour notre propre stabilité».

«En tant qu’acteurs de l’intervention militaire de 2011 et parce que le suivi politique n’a pas été effectué après la chute de Kadhafi, nous avons aussi une forme de responsabilité dans cette crise», a-t-il ajouté.

Toutefois, Paris ne s’attendait pas à ce que le maréchal Haftar lance une offensive sur Tripoli, assure-t-il. «Dans tous les entretiens que j’ai eus avec lui, je lui ai toujours rappelé, quand il était impatient, la nécessité d’une solution politique».

Le ministre de l’Intérieur du GNA Fathi Bachagha a publiquement accusé fin avril les autorités françaises de soutenir «le criminel Haftar».

«La France a continûment soutenu le gouvernement de Sarraj», a rétorqué M. Le Drian. «Je remarque que Fathi Bachagha, qui attaque régulièrement la France et dénonce son ingérence supposée dans la crise, n’hésite pas à passer du temps en Turquie. Alors, je ne sais pas où sont les interférences», a-t-il lâché.

«L’absence de perspective politique a entraîné l’immobilisme des uns (Sarraj) et l’imprudence des autres (Haftar). Sans élections, aucun acteur libyen ne peut prétendre être totalement légitime», a conclu le ministre français. «Aujourd’hui, personne ne peut prétendre détenir un mandat des Libyens, c’est une des raisons majeures de la crise actuelle».

Le Figaro avec AFP