Pretoria considère le Sahara Occidental comme l’une des dernières « colonies » du continent africain. La réponse du Maroc n’a pas tardé. Rabat a organisé sa propre réunion diplomatique avec le soutien d’un trentaine de pays africains. Le Front Polisario lutte depuis 1975 pour l’indépendance du Sahara Occidental, revendiqué par le Maroc. Mais aucune solution n’est encore en vue.
La conférence organisée par l’Afrique du Sud le 25 mars 2019 a réuni les pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et quelques pays observateurs comme Cuba ou le Venezuela.
« On ne peut parler d’Afrique post-coloniale si le Sahara Occidental est toujours occupé par le Maroc », a affirmé la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Lindiwe Sisulu.
« Nous sommes ici pour une cause juste. Et nous notons avec tristesse que le peuple sahraoui lutte toujours pour ses droits. Bien que l’ONU joue un rôle actif dans la résolution de ce problème, nous, membres de la SADC avons décidé d’être solidaire dans leurs efforts », a déclaré Lindiwe Sisulu.
Un clivage qui traverse le continent africain
L’Afrique du Sud, le Zimbabwe ou l’Angola ont toujours affiché un soutien à la cause sahraouie, en raison des liens historique entre leurs mouvements indépendantistes. Pretoria espère rallier l’ensemble de la région australe dans un soutien commun à l’indépendance du Sahara Occidental et appelle à « mettre fin à l’exploitation ‘illégale’ des ressources naturelles du ‘territoire occupé' ».
Cette offensive diplomatique de l’Afrique du Sud arrive alors que le mandat de la mission des Nations unies au Sahara Occidental, qui garantit un cessez-le-feu dans la région, arrive à échéance et que l’administration américaine s’est opposée à son renouvellement pour un an.
Le Maroc réunit ses amis à Marrakech
Le Maroc a organisé la riposte en réunissant 37 pays, le 25 mars à Marrakech. Ces soutiens au Maroc se sont prononcés contre toute « interférence » dans le processus onusien actuellement en cours. Le Maroc, qui a réintégré l’Union africaine en janvier 2017, s’est efforcé depuis de neutraliser toute tentative de règlement au niveau de l’Union africaine (UA). Par un puissant lobbying, le Maroc a poussé plusieurs pays africains, y compris certains de la région australe (Zambie, Mozambique), à geler leurs relations avec le mouvement indépendantiste sahraoui.
Des discussions entre le Maroc et les indépendantistes du Front Polisario ont repris il y a quelques mois sous l’égide des Nations unies, après six années d’interruption. Le représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Horst Kohler, s’efforce depuis plusieurs mois de relancer le processus de discussion, après plusieurs années de blocage. Mais « de nombreuses positions divergent toujours fondamentalement », a-t-il expliqué le 22 mars à l’issue d’une deuxième table ronde à Genève.
Le Maroc veut poursuivre sous l’égide des Nations unies
La déclaration finale adoptée par 37 pays à Marrakech rappelle « l’exclusivité des Nations unies en tant que cadre de recherche d’une solution politique, mutuellement acceptable, réaliste, pragmatique et durable à la question du Sahara ».
Les conférences de Marrakech et de Pretoria reflètent la ligne de fracture qui partage le continent. Pour le Maroc, la « solution réaliste et pragmatique » correspond au statut d’autonomie sous contrôle marocain que veut Rabat. Pour les indépendantistes du Front Polisario, la solution « juste » fait référence au référendum que le Polisario réclame pour obtenir l’indépendance de cette étendue désertique de 266 000 km².
Source : Francetvinfo