Me voici de retour. En effet, le 10 du mois en cours, j’avais promis de revenir sur le contenu des discours révolutionnaires de Son Excellence le Président de la République lors de sa visite dans le Hodh Echarghi.
À l’entame de cette modeste contribution, un constat succinct bien qu’amer s’impose : cette visite nous a révélé la situation primitive et l’extrême précarité dans lesquelles vivent encore nos concitoyens dans ces zones qui tardent à intégrer l’existence d’un État moderne, tant dans leur esprit que dans leur comportement. Personnellement, j’ai été profondément frappé par des scènes et des propos que je pensais appartenir à un autre âge, et qui pourtant persistent en ce XXIᵉ siècle.


Il est un fait que nul discours, si vigoureux soit-il, ne pourra occulter : la discrimination demeure la gabegie originelle, le terreau de tous nos particularismes, la source première des fractures qui minent notre cohésion nationale depuis l’indépendance.
Dans sa réponse qui m’est adressée, le professeur Mohamed Ould Saleck, président du Conseil national du Parti UFP, mobilise l’argumentaire ethnolinguistique pour affirmer que les Haratines seraient simplement un appendice démographique socialisé dans la communauté arabo-berbère sans singularité historique. Il engage un glissement dangereux : celui qui consiste à utiliser la langue et la culture comme outils de dissolution d’une condition sociale forgée par des siècles de domination. Ce procédé n’est pas inédit. Les anthropologues l’ont souvent observé lorsqu’une élite cherche à légitimer la hiérarchie existante en la présentant comme naturelle.