« Conscience Haratine » : revendications
légitimes ou allégations séditieuses ?
Tout d’abord je vous signale que je ne suis ni
, un professionnel ni un amateur de l’écriture, j’use tout simplement de mon
droit de réponse sur le sujet amplement discuté dans les milieux politiques et
culturels ou en tout cas considéré ces moments comme tels.
Le but de mon propos n’est pas d’écrire pour le
plaisir de le faire mais plutôt d’apporter un éclairage sur une revendication
d’un droit donné à une communauté qui a au moins le droit de vivre décemment
dans son pays ou à d »faut de crier sa souffrance, son anxiété sociale
hélas !
Les journées de concertations ont été l’occasion
pour les différents segments sociopolitiques d’exposer leurs problèmes, leur
vécu quotidien. Le but de ces exposés relatifs aux problèmes sociaux est de
susciter un débat contradictoire mieux que cela d’alerter l’opinion publique
sur une situation peut enviable vécu par les haratines (susciter un dialogue
politique national, franc et sincère en vue d’orienter positivement le champ
sociopolitique dans le sens de l’unité nationale).Une nation au sein de
laquelle tous vivrons dans la paix, la liberté, et la justice. Laquelle chacun
peu s’identifier et jouir de l’égalité citoyenne. Des voix se sont élevés pour
revendiquer des droits légitimes pour quelques uns, compréhensibles pour
d’autres et peut être extrêmes parfois. Cela de mon point de vue, est tout à
fait naturel, car tous ne sont pas au même niveau de responsabilité, ni dans la
même position sociale pour apprécier, ni ne détiennent les mêmes outils
d’analyse.
A la fin cela donne des grilles de lecture
différentes pour une même réalité.
Durant les EGD un document intitulé par ses
signataires « conscience haratine » a circulé, il décrit la situation
des haratines en termes d’exclusion, marginalisation et d’inégalités ! sur le
plan politique économique et social. Une absence des instances de décisions et
des emplois supérieurs au sein de l’Etat. Ce qui m’intéresse ici n’est pas de
confirmer ou d’infirmer ce qui est dit dans le document mais plutôt de
constater la réaction de l’élite dans son ensemble : Elus, hommes
politiques et de culture. Depuis sa parution, il y’a comme j’allais dire un
« TSUNAMI politique et social ». les attaque les plus acerbes
sont venus de nos élus parlementaires dont certains ont intervenu à la tribune
des états généraux de la démocratie tels l’honorable Sénateur de la Moughata
d’AKJOUJT qui a mis en doute la bonne foi des signataires du document allant
jusqu’à les traioter de racistes, pouvant porter atteinte à l’unité nationale,
semant la division et la confusion tout en fustigeant le contenu du document./
Notre honorable sénateur estime que le pays va bien, que la justicerègne
convenablement. Il estime que tous jouissent de la liberté, de l’égalité et
qu’il n’y a pas lieu de parler de marginalisation, d’exclusion ou d’inégalités.
En somme nous vivons dans la république chimérique-verteuse du sénateur et nous
ne devons que rendre louange et grâce à Dieu.
Dans la même ferveur, l’honorable député de la moughataa
d’Aoujeft lui e emboîta le pas. Celui-ci ayant donné un interview dans un
journal de la place « Le Mourabit » N° 24 du 19/01/09. Cette
intervention ne fût pas moins fustigeant et moins acerbe que celle du senateur
d’Akjoujt. L’honorable député d’Aoujeft n’est pas sans connaître que parmi
ceux qui l’ont élu à l’assemblée nationale, il y’a un nombre considérable
appartenant à cette couche silencieuse. N’est il pas sans connaître leurs
conditions sur le plan économiques et social. Tout de même et cela se comprend
aisément notre honorable député n’est pas sensé comprendre le malheur de
cette couche de laissés pour compte pour la simple raison qu’il ne voit pas
leur » condition » ce qui naturellement relativise, pour ne pas dire
subjectivise sa vision des choses. Cet honorable député ne voit dans cette
déclaration qu’un document séditieux visant à encourager le racisme et le
sectarisme ; un acte attentatoire au fondement de l’unité nationale et de
la solidarité collective. Selon les propos de notre honorable député, la couche
haratine n’est ni marginalisée ni exclu et ne l’a jamais été !!!
Avant de lui répondre et à travers lui à tous ceux
qui utilisent le même prisme déformant, laissons les chiffres parler
d’eux-mêmes et lever ainsi l’équivoque. Voyons le tableau récapitulatif des
nominations faites par le haut conseil d’Etat depuis sa prise de pouvoir le
06/08/2008 jusqu’à la date du 12/01/2009.
Tableau récapitulatif des nominations depuis le
changement du 6 Août 2009 :
Date
|
Evènement
|
Arabes
blancs
|
Arabes noirs (Haratines)
|
Négros-Mauritaniens
|
Total
|
14/08/2008
|
Nomination
primature
|
01
|
00
|
00
|
01
|
21/082008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
27/08/2008
|
Décret présidentiel
|
00
|
00
|
01
|
01
|
31/07/2008
|
Formation du gouvernement
|
20
|
03
|
05
|
28
|
31/27/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
01/09/2008
|
Décret présidentiel
|
02
|
00
|
00
|
02
|
02/09/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
04/09/2008
|
Conseil ministres
|
06
|
01
|
01
|
08
|
12/09/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
01
|
00
|
02
|
21/09/2008
|
Décret présidentiel
|
07
|
00
|
01
|
08
|
24/09/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
25/09/2008
|
Conseil ministres
|
10
|
01
|
00
|
11
|
28/09/2008
|
Décret présidentiel
|
00
|
01
|
00
|
01
|
29/09/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
09/10/2008
|
Conseil ministres
|
04
|
00
|
02
|
06
|
16/10/2008
|
Conseil ministres
|
20
|
00
|
09
|
29
|
16/10/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
17/10/2008
|
Décret présidentiel
|
05
|
00
|
01
|
06
|
27/10/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
30/10/2008
|
Conseil ministres
|
07
|
00
|
04
|
11
|
30/10/2008
|
Arrêté primature
|
02
|
00
|
02
|
04
|
04/11/2008
|
Décret présidentiel
|
02
|
00
|
00
|
02
|
06/11/2008
|
Conseil ministres
|
07
|
00
|
00
|
07
|
06/11/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
20/11/2008
|
Conseil ministres
|
03
|
00
|
01
|
04
|
10/12/2008
|
Décret présidentiel
|
01
|
00
|
00
|
01
|
11/12/2008
|
Conseil ministres
|
02
|
00
|
00
|
02
|
18/12/2008
|
Conseil ministres
|
20
|
00
|
04
|
24
|
25/12/2008
|
Conseil ministres
|
35
|
02
|
04
|
46
|
08/01/2009
|
Conseil ministres
|
02
|
02
|
01
|
05
|
11/01/2009
|
Arrêté et/ou décret primature
|
03
|
00
|
00
|
03
|
15/01/2009
|
Conseil ministres
|
05
|
00
|
01
|
06
|
22/11/2009
|
Conseil ministres
|
18
|
00
|
06
|
24
|
Total
|
188
|
11
|
46
|
245!
|
Pourcentage
|
77 %
|
4%
|
19%
|
100%!
|
Source: conseil des ministres, décrets du HCE, décrets
primature ; AMI, site de la primature, site officiel de la république
islamique de Mauritanie.
Ces données ne sont pas crées par nous. Je ne
sais pas ce que ses données peuvent signifier pour notre honorable député
qui est de surcroît un éminent statisticien. Ces statistiques signifient pour
moi et pour tout observateur objectif et il y’a n’a heureusement, une absence
de justice sociale et par voie de conséquence une inégalité de chances devant
les instruments de mobilité sociale. Dans un ascenseur social à deux vitesses
pour ce qui concerne les nominations et les promotions au sein de l’appareil
d’Etat.
Il est à noté que l’attitude politique de nos
parlementaires est encore plus grave que cette situation de non justice
sociale. En effet, quant ceux qui sont sensés résoudre les problèmes sociaux
globaux, veiller à leur intérêt, défendre le droit, faire régner la justice, se
comportent de la sorte, l’espoir est totalement perdu. Je leur rappelle que
quand on a peine à écouter le cri du malade souffrant, il serait illusoire de
penser qu’on le soignera. En revanche, je rendrais hommage à l’attitude
courageuse et honnête de certains parlementaires qui ont plutôt usé d’une lecture
objective du document en question. Parmi ceux- là je citerai l’honorable député
d’ATAR. Quant aux parlementaires partis en croisade contre le document, ils
auraient dû le lire avec réalisme et objectivité. La Mauritanie gagnerait plis
s’ils avaient usé d’un esprit positif en proposant des solutions concrètes pour
régler ses problèmes de société au lieu de la politique de l’Autriche et de
tenter de jeter la poudre aux yeux !
D’aucuns verront ces inégalités normales compte tenu
(selon eux) du nombre restreint de compétences, des diplômés, de l’expertise
professionnelle au sein des cadres haratines. Même si nous leur concédons cette
affirmation elle ne justifie en rien ce inégalités criantes.
Au contraire, elle doit faire appel au sens
égalitaire, libertaine et républicaine donc intégrateur de l’état et des
parlementaire. Cela atteste le fait que l’Etat a échoué lamentablement dans sa
politique d’intégration sociale de cette couche. Le rôle de l’état et des
parlementaires serait de travailler pour faire sortir de l’ignorance et de
l’analphabétisme la jeunesse de ce groupe social résultante de condition
de naissance. Cela n’est que leur rendre une justice compensatoire compte tenu
des séquelles de siècles de servilité « bestialisant » par voie
de conséquence des politiques de rattrapage sociales seraient non seulement
pertinente et justes mais nécessaire pour atteindre un niveau de compétence et
d’expertise professionnelle au moins acceptable par rapport aux cadres des
autres groupes sociaux. Le problème des haratines est dû au manque d’accès à
l’éducation et aux ressources. Ils sont également exclus et marginaliser des
centres de décisions. Je tiens à rappeler que la situation de ce groupe social
est la résultante d’un système traditionnel ayant volontairement et à dessein
empêcher cette couche d’apprendre pour mieux s’en servir. Les régimes qui se
sont succédés depuis l’indépendance à nos jours ont toujours été complices
actifs et n’ont jamais voulu traiter l’esclavage et ses séquelles de façon
appropriées. Bien au contraire, les politiques de ces différents régimes n’ont
été que trop ethno tribaliste avec pour conséquence la marginalisation,
l’exclusion et les inégalités à tous les niveaux de la société. Il y a qu’un
imposteur, un obnubilé, celui qui ne souhaite pas la paix sociale et qui
justement favorise la non concordance nationale qui peut nier les conditions de
vie de cette couche. Quant à ceux qui voient dans la politique des quota un
spectre ou un monstre dévoreur pour ce pays je leur rappel que toutes les
politiques de tous les régimes qui se sont succédés ont toujours été des
politiques de quota d’une façon ou d’une autre, qui de la tribu qui de la
région qui du camp politique ou de la race. Rien n’empêche que les haratines
bénéficient de leur quota au sein de leur position sociale traditionnelle.
L’essentiel est qu’ils soient traités en hommes respectables et citoyens ayant
des devoirs et des droits. Les haratines doivent accéder à toutes sortes de
ressources au sein de la tribu, de la région ou de la fraction. Ils doivent
avoir un égal accès aux ressources au même titre que tout le monde.
La consolidation de l’unité nationale exige :
la justice sociale, la justice pour tous, la construction d’un Etat
véritablement national. Ce n’est pas la suspicion et la stigmatisation de
l’autre qui convient le mieux comme solution. Pour cela, je souhaiterais que
nos décideurs politiques,nos parlementaires, nos élus locaux, les hommes
politiques aient assez de discernement, d’objectivité, de compréhension, de raison
critique quand il s’agit de traiter les problèmes nationaux. Cela en
particulier les problèmes sensibles tout en étant des revendications légitimes
des composantes nationales ; ders revendication de liberté et d’une vie
décente.
Nous leur demandons de prendre la distance et les
précautions nécessaires vis-à-vis des manipulations de lobbies, de féodalités
corrompus et de ceux qui sèment les divisions. Ceux-là ne veulent pas que ce
pays avance. Ce n’est pas toute revendication de justice qui est raciste,
de même que revendiquer ses droits légitimes n’est pas synonyme de porter
atteinte à l’unité du pays. Par contre , la politique de l’Autriche,
l’entêtement , la poursuite d’une politique de marginalisation et d’exclusion
de l’autre, c’est cala justement le racisme dans toute ses envergures évidente
et par voie de conséquence pouvant conduire à terme à des lendemains
incertains.
Bilal ould samba
Syndicaliste
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