Mohamed El Mokhtar Ould Zamel, député
d’Aoujeft, face à Bios Diallo
Quelques extraits :
…
Quid
de la question de l’esclavage. Séquelle, survivance, un fait encore …
contemporain ?
Contemporain ? Où ? Nous devons arrêter de jouer avec les mots. Je ne nie pas
que des faits soient observables, ça et là. Mais, surtout, il faudra cesser de
croire que l’esclavage tel qu’il a été pratiqué par la société arabe est un
fait exceptionnel de la sous-région. Alors que le statut ne diffère en rien,
d’une société maure, soninké, poular ou autre. Pour la bonne et simple raison
que la pratique a prévalu, dans les mêmes intensités, dans toute l’Afrique de
l’Ouest. Et quand on regarde de plus près, les conditions morales et
matérielles ne sont pas plus dures chez les Maures que chez les autres ethnies.
Le seul fait est que les Maures étant d’une race blanche, et que l’histoire a
plus retenu que ce soit celle-ci qui opprime la noire, on la stigmatise à tout
bout de champ.
« L’esclavage, ne jouons pas avec les mots ! »
Et ici, depuis la colonisation, la discrimination raciale a été légalement
abolie. Tout comme l’esclavage. Tous les citoyens jouissent en principe des
mêmes droits. Un document, « Conscience haratine », a été distribué lors des
journées et qui fustige la condition de vie de cette catégorie qui dit être
exclue, marginalisée des sphères de décisions. Et même du pouvoir !
Ce n’est pas parce qu’une personne, ou une poignée d’individus publie ou se
répand sur Internet qu’on va prendre ça au sérieux… Et, étant en démocratie,
les gens doivent pouvoir s’exprimer librement, à visage découvert, et non en
anonymes. Cela dit, je trouve ces déclarations excessives. Prenez, ces
allégations étalées sur ces feuilles, et allez demander à des Haratines s’ils
les approuvent. Je demeure convaincu que la majorité de leurs responsables ne
se reconnaîtraient pas dans de telles déclarations.
En Mauritanie il existe des textes, et un arsenal juridique fort, qui
criminalisent l’esclavage à la disposition de tout le monde. Qu’on ne raconte
pas n’importe quoi. Ce qu’il faut c’est de renforcer les lois par des actes
probants, sur le terrain. Que ces personnes qui ont été pendant longtemps
privées de leurs droits, ou leurs enfants, puissent bénéficier de réelles
mesures d’accompagnement. Qu’elles aient des écoles. Qu’elles aient des terres
de culture, ou qu’elles bénéficient des espaces où elles travaillent sans que
cela ne soit la propriété de personne…
Propos
recueillis par Bios Diallo
Source : Al Mourabit N°24 du 19 janvier 2009
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