Interview de Fall Moctar au
site www.haratine.com
1.
Bonjour Fall Moctar, présentez-vous aux internautes du site A.H.M.E (www.haratine.com)
FALL MOCTAR :Vous savez quelle détermination de la personnalité
nous porte parfois à des positions que nous ne saurons plus négocier, contre la
domination d’une extrême minorité arabo-berbère en Mauritanie, même si ces
derniers se sont lancés à la natalité comme à la course effrénées à l’armement
des particuliers maures. Je suis militant de la cause noire dans ce que
j’appelle la transversalité de sa condition qui fait qu’elle conditionne le
Noir, particulièrement d’Afrique à subir dans son pays les pires injustices
d’Etat et internationales du fait d’une injustice justement transversale, et
une fois en Europe et en France, cette injustice ne fait que s’exacerber sous
toutes les formes auxquelles son esprit ne le préparait pas, d’où son
aliénation évidente quand le Noir se pose des questions sur son mérite à subir
partout sur terre. Cette vérité est d’autant plus évidente pour un
Négro-mauritanien dans la mesure où il est doublement victime de l’esclavage
institué en système d’Etat et soutenu par les institutions internationales et
les représentations diplomatiques des métropoles qui n’exercent pas de réelle
pression pendant que leurs intérêts sont momentanément garantis par le système
esclavagiste en vigueur.
Le
Harratin a ici sa particularité dans la mesure où il s’affirme tel qu’il se
retrouve vite scotché dans une tribu arabo-berbère, et traité en conséquence
dans les normes esclavagistes les plus
ignobles de cette tribu, ses droits et devoirs sont définis, et l’Etat
participe à l’ordre des choses !
Voilà
qui je suis de me soulever en droite
ligne de Frantz Fanon qui parle d’une violence dans l’espace national et dans
les relations internationales, mais tout reste à dire alors, surtout à faire
que quand je ne négocie pas ma position de devoir de révolte par le refus la
domination et la conscience de résistance, je tolère mal des prises de
positions de Négro-mauritaniens apparemment bien lotis, que ce soit dans
l’opposition ou dans la diaspora en exil, qui effectivement commercent
lâchement avec le système et érigent, à l’instar de la radio Kassataya dirigé
par la soninké Diagana Adboulaye et consort au profit de ould Daddah, où des
supposées associations de droits de l’Homme comme Avom dirigée par d’anciens
soldats, « réfugiés » politiques qui chantaient qu’ils furent
torturés, des transfuges très traitres, les toucouleurs ou peulhs et soninkés,
Ousmane Abdoul Sarr, Sy Thierno, Sy Mamadou et son frère, Niang Issa, des
inutiles comme Abdoul Aziz Soumaré, Babacar Bâ et consort, des coptés nègres
que nous retrouvons dans un cadre de concertation pour le règlement du génocide
et de l’esclavage des Noirs en Mauritanie. Même des femmes : Roughi Dia,
et la canadienne Marie Elaine : une escroquerie internationale sur le dos
des victimes ! Mais on aura compris qu’il y a des cousinages et des
seigneuries noires qui se vendent en entier sans laisser ni femmes ni
enfants ! Sachant qu’au fond ils ne roulent que pour eux-mêmes.. Ils ont
l’outrecuidance de lancer le 5 décembre 2009, leur « cadre de
concertation » sous l’ordre du général criminel Aziz, où ils déclarent que
toutes les organisations de droits de l’homme en Europe adhérent.
Quel mensonge ! Sans oublier
le gros lot de nègres de service affamés qui battent campagne pour la junte au
pouvoir ! Il y a de quoi enrager !
2. A.H.M.E. : En tant que porte-parole
de l’OCVIDH, expliquez nous le rôle que joue l’OCVIDH sur le terrain des Droits
de L’Homme ?
FALL MOCTAR : Un rôle de premier plan puisque nous tendons
à mobiliser non seulement les instances internationales des droits de l’homme
mais aussi les Etat africains et les institutions internationales face à leur
responsabilité et leur devoir d’intervenir en Mauritanie, ou au moins de
manifester un soutien à la lutte contre le génocide des Noirs en Mauritanie, et
de la persistance de l’esclavage qu’incarne aujourd’hui l’Initiative de
Résurgence du mouvement contre l’esclavage de l’ensemble des Noirs en
Mauritanie. Des plaintes ont été déposées dans ce sens et les personnes visées
par ses plaintes sont en liberté, à l’instar de l’ancien président de la
République Taya réfugié au Qatar, les autres colonels sont au pays sans
inquiétude mais se cachent sous la burqa en sortant du pays du colonel Ndiaga
Dieng devenu récemment général, du capitaine Ely ould Dah condamné à dix ans de
réclusion criminelle, à l’instar de tous les autres promus colonels, Alioune
ould Mohamed, Ely fall ould Mohamed Khal ; la longue liste non exhaustive
établie par les rescapés du génocide dénombre pas moins de 125 criminels qui
méritent tous autant de supplice qu’ils en ont fait subir aux Noirs de la
Mauritanie. Tout le monde se rappelle de notre soutien et pression du
professeur français Ahmed Baba contre ses bourreaux Daddahi
Ould Abdallahi, Lemrabott Sidi Mahmoud Ould Cheikh. Eh bien, nous restons sur
la même ligne intransigeante. Tous les Négro-mauritaniens intéressés par
leur devenir, connaissent cette liste consultable sur le site du Front de Libération Africain de la
Mauritanie (FLAM). Cette canaille écope déjà de dix ans de réclusion
criminelle. Je suis étonné que les promoteurs des plaintes qui ont abouti à
cette condamnation soient si pusillanimes et ne remettent incessamment
cette vérité au premier plan. Mais tel est l’attitude négro-mauritanien
malheureusement qui prend les têtes des mouvements de résistance ou de Droits
de l’Homme en adoptant parfois des attitudes aussi confuses d’inexplicabilité
en obstruant malgré eux le chemin aux jeunes générations échaudées à prendre la
relève. Le reste de la junte au pouvoir ne doit sa
survie que par le seul fait qu’il est au pouvoir par la force des armes. Nous disons
à l’Association des esclaves de Mauritanie qui constitue la moitié de la
population de ce pays, et à l’Organisation des Contre les Violations des Droits
Humains en Mauritaniens dont je suis le porte-parole, et qui travaillent avec les abolitionnistes de l’esclavage et de
l’apartheid en Mauritanie, que nous prenons en charge toutes les revendications
des esclaves comme des dénis de droits humains pour en répertorier la nature et
l’exercice par les berbères en Mauritanie. Et qu’à ce titre, il ne doit y avoir
aucune censure de nos expressions et de nos propositions d’action contre la
haine qui nous frappe depuis des milliers d’années, et depuis l’existence de la
Mauritanie par l’indépendance octroyée par les Français, car en effet souvent
nos verves de révoltes sont censurées sans qu’il nous soit proposée une
perspective d’affirmation et d’action concrète sur le territoire de notre
pays !
Nous avons toutefois des objectifs définis selon
l’histoire récente de la Mauritanie depuis les pendaisons et exterminations
systématiquement organisées des négro-mauritaniens dans les années quatre-vingt et
quatre-vingt dix par le régime arabo-berbère de la Mauritanie. Vous trouvez la
détermination des objectifs de l’OCVIDH, tous les ans renouvelés et redéfinis
par son président, M. Mamadou Youssouf Diagana. A l’occasion de ses vœux de
nouvel an, il réaffirme que le rôle de cette l’organisation est de garder la
mémoire vive des crimes contre l’humanité commis par le système esclavagiste et
d’apartheid. Au-delà de ces objectifs d’ordre pratique pour être de l’ordre du
juridique, l’OCVIDH œuvre à la destruction du fondement même du système
politique et social de la Mauritanie dominée par une franche bien maigre et
fragile d’arabo-berbères qui subsiste sous la forme la plus odieuse de ce que
l’on peut concevoir dans la modernité des systèmes de gouvernance d’un pays.
Nous soutenons aussi tout venant quels que soient ses moyens pour mettre bas ce
régime. Tant pis !
3.
A.H.M.E. : Vous venez de sortir votre premier livre de poèmes «FANON TRAVESTI ».
Quelle est l’idée principale et où peut-on se le procurer ?
FALL MOCTAR : La question du Noir reste centrale dans son destin
en France. La question de la transversalité du destin du Noir rejoint
cette première approche qu’il ne suffit plus d’être Noir en Afrique, en
Mauritanie par exemple pour crever de mille misères, mais que cette déveine te
suivra en s’abattant sur toi contrairement à un autre Noir qui jouissait des
privilège du système de favoritisme en Afrique, en Mauritanie en l’occurrence.
Tous les enfants arabo-berbères viennent en Europe pour se former solidement
pendant que les enfants négro-mauritaniens viennent souvent pour se
clochardiser en héritant le même sort qu’ils subissaient en Mauritanie ! L’exemple du négro-mauritanien qui tombe à
la déchéance en venant en France contrairement à l’arabo-berbère qui suit un
cursus universitaire et de formation réussie, illustre l’idée de la nécessité
de formaliser une société africaine qui donne la chance égale à tous ces fils,
qu’ils soient arabo-berbères ou Noir en Mauritanie, ou fils de ministre ou
simple citoyen d’un autre pays avec la nécessité de la même reconnaissance, du
même suivi et de la même protection en dehors de leurs pays.
Mais
je disais que le Noir en France restait déterminant dans mon ouvrage, puisque
je vais bientôt donner à ces poèmes un échos sous la forme d’une chronique qui
devra illustrer la transversalité du destin du Noir et de sa déplorable
condition en France dans mon idée figée
de sa malédiction dans un système qui ne veut plus poser la question de mon
inspiration dans le sens de Frantz
Fanon, à savoir du Noir terriblement diminué dans son essence au point
de ne plus pouvoir se promouvoir en communauté ni en France, ni dans son exil
depuis la Mauritanie et d’autres pays africains !
Les
Editions Bénévent assurent actuellement la promotion dans des bases de données
de référence grand public : Amazone, Alapage, Chapitre.com, et
professionnelles, Dilicom, en même temps qu’elles essaient de promouvoir mes
poèmes auprès des Fnac, Maison de la presse, Privat, Cultura. Je fais moi-même
ma propre promotion au travers de mes contacts dans le monde de la culture, un
travail de longue haleine pour une vision nouvelle qui pourrait en dévoilant
autrement l’ampleur du désastre de la race noire, consécutif à l’esclavage et
la colonisation, et leurs lots de préjugés.
4. A.H.M.E. : Vous êtes né
au Sénégal. Vos parents et vous aviez été expulsés de ce pays lors du conflit Sénégalo-mauritanien d’avril 1989.
Comment avez-vous vécu cette expulsion ?
FALL MOCTAR : Il y a
une évidence, et il y a lieu de poser
ces évidences pour passer outre puisque votre questionnement devient trop
pesant pour les Harratine qui en furent injustement victimes au Sénégal ! Le
Sénégal a trahi son esprit et sa vocation, Il a trahi son essence en livrant
des Noirs à la pâture de haine des Arabo-berbères pour les réduire plus avant à
l’esclavage ! Sa classe politique dans tous ses bords n’a pas reconnu des
Sénégalais comme eux du simple fait qu’ils étaient historiquement des esclaves
des arabo-berbères, sans une protection suffisante, avec le résultat de
renvoyer des milliers de leurs compatriotes, après les avoir molestés de toutes
manières, dans les chaines de l’esclavage sans réflexion aucune de leur
part !
Nous ne reconnaissons ici
ni l’esprit de la Négritude de Senghor, ni les tambours de la mémoire de
Boubacar Boris Diop, ni les nobles et suprêmes courants religieux du mouridisme
et de la Tidjania dont bien des Harratine étaient et restent fidèles.
Des questions politiques
qui ne répondent pas à l’entendement du bon sens ont poussé l’Etat sénégalais à
renier la qualité de citoyenneté à des Harratine qui avaient fui l’esclavage
des arabo-berbères, avant même l’existence du Sénégal ou de la Mauritanie, ce
qui leur octroyait autant du mérite de citoyenneté que n’importe quel
Sénégalais. A un moment de désordre et de rééquilibrage démographique dans
l’Ouest africain orchestrés par des démons arabo-berbères qui veulent, au fond,
faire de la Mauritanie un rempart contre tout Noir du Sud de ce territoire qui
délimite le Maghreb à l’Afrique, bien que la Mauritanie soit un terroir Noir
depuis des millénaires et le restera, bien qu’actuellement ce pays soit habité
par plus de quatre-vingt pour cent de Noirs. Voilà que le Sénégal ratait une
occasion historique d’affirmer que l’esclavage est un crime dont le symbole est
la localité de Gorée visitée par des milliers de Noirs qui souhaitent se
ressourcer de leur passé, voilà que le Sénégal refusait d’honorer la mémoire
d’un site qui fut le départ de millions d’esclaves vers les Amériques.
Vous comprendrez que ni
bien d’autres Harratine, ni moi, ne puissions subir l’expérience de la
déportation par le Sénégal vers un foyer originel de l’esclavage sans sentir le
besoin de mettre ses élites politiques et religieuses devant leur
responsabilité d’avoir abdiqué leur devoir de s’opposer et de soutenir le
Mouvement abolitionniste de l’esclavage en Mauritanie, ou le simple mouvement
d’émancipation des Noirs de l’apartheid, alors que les populations noires de la
Mauritanie n’ont de cesse de solliciter leur support jusqu’à dans ce que l’Etat
sénégalais a de plus précieux, je veux dire son ancrage dans ses valeurs à
travers ses confréries qui déterminent l’essence de toute sa société. En effet,
quand les arabo-berbères s’adonnaient aux meurtres massifs, vols, viols,
expropriations de Noirs en Mauritanie, des comités se sont adressées aux
références de valeurs traditionnelles et religieuses du Sénégal. Je pense à la
déclaration du Comité de suivi de Podor du 8 juin 2000 qui taxe le gouvernement
sénégalais et sa classe politique de « louvoiement » et
« laxisme » face à une « crise cyclique » qu’entretient
l’Etat féodal mauritanien pour son maintien par la force de la violation des
droits des Noirs dans ce pays ! Je pense à la réunion du 18 juin 1988 sous
la présidence de Thierno Mountaga Tall, en présence du Khalif Abdoul Aziz Sy,
qui appelait dans sa résolution la vigilance des populations et du Gouvernement
sénégalais sur la brutalité et l’arbitraire de l’Etat mauritanien. Je pense à
la Conférence de presse, le 29 mars 2010, de Birame ould Dah ould A beid à
Dakar, qui dénonçaient le manque d’engagement des gouvernements afrcians et des
pays voisins immédiats de la Mauritanie. Tout porte à croire c’est l’Etat
sénégalais qui a failli et non ces références de valeurs religieuses et
traditionnelles qui avaient demandé, du côté de Tivavouane une réplique ciblée
et limitée !
5. A.H.M.E. : Beaucoup de
gens ignorent que vous êtes
d’ascendance harratine. Vous avez utilisé cette expression dans un
article précèdent (www.haratine.com,
Article n°11) « départ du fait de l’esclavage et retour du fait de
l’esclavage ». Expliquez-nous le
sens de cette formule ?
FALL MOCTAR :Je le
disais certainement dans le sens de l’histoire d’une vie. L’expérience m’a
montré que ce n’était pas seulement ma vie, mais celle de milliers d’autres
harratine retournés en Mauritanie après le génocide des Noirs par les
arabo-berbères entre 1989 et 1991. Nos parents avaient fui la Mauritanie pour
se départir par tous les moyens de l’ambiance esclavagiste des Maures. Au
moindre prétexte instrumenté par les maures pour exterminer les Noirs en
Mauritanie, les conditions d’esclavage ressautaient au visage de nos parents et
leurs progénitures persécutés par des sénégalais dans leur pays, au point
qu’ils dussent retourner sous le juron des arabo-berbères. Le plus tragique
dans tout cela est que le Sénégal devait en être complice ! Personne n’est
plus placé que l’Etat dirigé alors par Abdou Diouf et son opposition du Parti
démocratique de Wade Abdoulaye, ou du candidat de Ligue démocratique Bathily
Abdoulaye, d’éminents historiens et politologues, pour savoir qu’une campagne
de génocide des Noirs se réalisait en Mauritanie. Pourtant, ils n’ont pas
dédaigné de renvoyer des Noirs de leur race nés dans leurs pays depuis plus de
deux générations, à un moment où l’état civil n’existait pas, dans l’esclavage
obscur qui règne jusqu’à ce jour en Mauritanie. La conscience de la négritude
n’a eu aucun impact et la malédiction des Harratine continue en Mauritanie sans
que l’intelligentsia et l’armée sénégalaise exercent leur devoir de protection.
En effet, il y a peu encore que je souffrais de la schizophrénie de
comprendre… Il y a des harmonisations de l’esprit de la négritude que je
suppose doivent traverser toute la Mauritanie dans ces différentes composantes
noires, et l’Afrique d’ailleurs, pour ne pas dire toute la race noire.
Mais le retour à
l’esclavage en Mauritanie est une fatalité puisque les conditions de sa
persistance sont largement établies par le comportement indigne de l’ensemble
des Noirs, particulièrement les élites noires qui ont joui des dorures
de la République, ces nobles peulhs et soninkés, au point qu’ils oublient dans
un égoïsme affligeant, l’essentiel : la condition générale d’esclavage et
d’apartheid qui frappe les Noirs !
Cependant, une différence
de culture des Harratine les prédispose à une différence de réaction, à un
refus de l’esclavage au travers de leur prise de conscience que l’élite des
autres couches Noires a comprise avant les Harratines, en étant inaptes à
organiser la panacée pour la raison tantôt mentionnée. Comment expliquer en
effet qu’à ce jour on conserve des carrés de nobles et des carrés d’esclaves
dans les cimetières chez les Soninkés ? Comment comprendre que les griots
subsistent selon le même ordre de dépendance que dans la vieille tradition chez
les peulhs ? Ces familles soninkés et peulhs n’ont pas véhiculé à la base
du peuple noir mauritanien tout entier, la mobilisation de révolte qui pouvait
sauver l’ensemble de la race noire en Mauritanie. Cela n’étant pas fait, tous
les Noirs étaient condamnés à être progressivement exterminés, exilés, ou dénaturés
dans la personnalité de leur identité. Les jeunes noirs ne s’habillent ni ne se
comportent de manière à valoriser ou imposer leur culture, leur personnalité et
leur dignité. Cette élite peuhle et soninké a péché en ne sortant pas leurs
groupes et les harratine de la tradition de domination des nobles sur les
castes de basse condition. En outre, une fois prise à la gorge, elle a
malheureusement combattu dans un cercle très étroit qui n’incluait en rien la
base de leurs populations. D’où l’échec et l’extermination qui s’en est suivie.
Alors que du côté des
Harratine, la réaction s’avère actuellement plus basique du retour du mépris
qu’ils ont subi et que toute sa base populaire ressent et rend désormais selon
ses moyens, et plus avant est prête à rendre par les armes à la main jusqu’à
une cohésion de tous les Noirs de ce pays, sans distinction, puisqu’en effet
tous les Noirs subissent la plus ignoble discrimination et esclavage !
Leur base la plus légitime était la fraternité avec l’entourage géographique
des pays noirs comme le Sénégal et le Mali, voire les citoyens sénégalais
envers qui les maures viennent exercer l’esclavage jusque dans leur pays et
bien des pays d’Afrique. Il y a donc un besoin de renaissance du côté de
l’Afrique du rejet vigoureux de l’esclavage qui règne en Mauritanie.
6. AHME. :
Pourtant le Sénégal vient de célébrer le statut de la liberté.
Fall Moctar :
Nous en accordons la nécessité, avec la réserve de faire coïncider la lettre à
l’esprit. Le président Wade qui a résisté à l’assaut du clergé sénégalais qui
voyait dans le symbole de la statue un objet sexuel, devrait peut-être, avoir
le courage de s’expliquer avec son voisinage la Mauritanie dont les esclaves et
les autres communautés noires victimes de l’esclavage appellent son soutien
sans résultat. Le premier effort qui mérite l’investissement physique et
matériel est certainement la liberté. Plus de vingt milliards dépensés dans ce
machin qui cache la persistance de l’esclavage en Mauritanie, n’en vaudrait pas
la peine ! Il devrait dépasser le symbole par la vérité et l’idéal qu’il
prétend véhiculer. Sous cet angle, il y a une trahison de l’élite et du peuple
sénégalais de la cause de leurs frères enchaînés dans l’esclavage en
Mauritanie.
7. A.H.M.E.: Après votre retour en Mauritanie
(vous et votre famille), quels sont vos rapports avec vos anciens
maîtres ? Ces rapports ont –ils
été distendus ou renoués ?
FALL MOCTAR : Tout
retour est attente de perspective, de projection dans la vie et de
l’accomplissement dans son pays légitime. C’est dès lors que l’on se rend
compte que pour une vie normale en Mauritanie, le Noir a des gages d’esclavage
à donner. Tous les droits existent, mais aucun droit n’est accordé sans
l’intercession d’un maître. Le lien reste intact. C’est à prendre ou à laisser,
avec le lot de menaces. Il me l’a dit ouvertement le directeur du journal La
Tribune de Mauritanie, Mohamed Vall ould Oumère. Tu es obligé d’avoir de la
famille.
Dans tous les cas, dès
lors que tu te projettes dans la vie pour le moindre acte administratif ou
autre, tu te rends compte que tout est fermé. Tu commences à chercher des
recours pour l’obtention de ton droit. Tu te retrouves vite dans le giron des
maîtres de tes parents, grands-parents, arrières grands-parents pour légaliser
parfois un simple papier à la police ou à la mairie.
8. A.H.M.E.: De nombreux
harratine ont été assassinés au Sénégal. Ce qui a mis d’ailleurs le feu à la
poudre du côté mauritanien. Comment avez-vous
échappé aux massacres ? Certains sénégalais vous ont-ils protégés ?
FALL MOCTAR : Non et
non ! Le feu à la poudre ! Des salopards d’arabo-berbères appuyés par
le parti Bath de Saddam Hussein ont planifié à un moment donné d’exterminer
tous les Noirs en Mauritanie en s’appuyant sur la caste des esclaves, dans un
premier temps. Et dans un second temps d’exterminer ces mêmes esclaves !
Dans un second temps, ces criminels visaient à réduire les esclaves à plus
d’esclavage selon le modèle d’un émirat avec une caste d’arabo-berbères servie
par des harratine ! Quand les esclaves accepteraient dans la soumission
totale, peut-être auraient-ils l’intégrité physique et la vie sauve ! Tel
est le plan galvaudé dans l’esprit de certains idiots qui comprenaient mal que
l’expérience vécue des esclaves différait de celle des autres Noirs et ne
pouvait en aucun cas suivre le même trajet que celui des premiers !
Au Sénégal, comme bien
d’autres harratine que l’on ne pouvait distinguer physiquement du commun des
Sénégalais, le seul moyen d’échappatoire était de s’éloigner du quartier où tu
as toujours vécu et connu par ses populations . Puisque les harratine qui ont
été lynchés ou brûlés vifs, l’ont souvent été
par leurs propres connaissances, des amis intimes parfois, ou que
ceux-là les désignassent discrètement à la vindicte criminelle populaire !
9. A.H.M.E.: Parlez-nous de
l’accueil réservé aux Mouçafirine (mauritaniens expulsés du Sénégal en 1989)
par les autorités mauritaniennes ? Dans la réalité, les Mouçafirine se
composent de maures, de harratine mauritaniens et de harratine sénégalais.
Fall Moctar :Vous
faites bien de préciser qu’il y avait effectivement des maures et des
harratine. Les maures se composant de deux groupes. Les premiers s’estimant
intouchables puisqu’étant de nationalité sénégalaise, bien d’entre eux ne se
sont pas mis à l’abri jusqu’à ce qu’ils le payèrent innocemment de leur vie
dans la vague des violences aveugles que les forces de l’ordre sénégalaises
n’ont pas eu la volonté de parer ! La seconde partie a vite fait de se
couvrir du programme organisé de rassemblement et de protection par l’Etat
sénégalais à la foire de Dakar, par exemple, pour être rapatriés en sécurité.
Quant aux Harratine, ce
fut plus compliqué. Une partie était effectivement expatriée et a suivi le
groupe de leurs maîtres dans les rapatriements organisés. Par contre, une
partie dominante, comme je l’affirmais tantôt, n’a jamais vu ni connu la
Mauritanie, et par ce fait restait exposée dans l’idée qu’ils étaient des
sénégalais, ne parlaient pas le hassanya, l’arabe dialectal de la Mauritanie, ni
n’avaient les caractéristiques physiques du Harratin de Mauritanie, ni ne
connaissaient la Mauritanie en quoi que ce soit, et que par conséquent
n’auraient aucune raison de s’inquiéter. Une fois qu’un avion a atterri à Dakar
venant de la Mauritanie avec son lot d’estropiés de toutes sortes, ce qui fit
verser au Président Abdou Diouf des larmes. Selon certains rapports, ces
rapatriés de la Mauritanie auraient confié aux officiels sénégalais que les
Harratine, encadrés par les maures, étaient à l’origine de tous leurs maux. Là,
il y avait effectivement « feu à la poudre », que ni maure ni
harratin de nationalité sénégalaise et bien établi n’étaient plus
épargnés ! Il faut ajouter, que bien après la velléité de cleptomanie qui
animait certains citoyens sénégalais, quand bien même il fut déclaré que les
« évènements » étaient terminés, des bandes organisées ne se sont pas
privées d’attaquer jusque dans les villages les plus reculés des
Harratine qui possédaient du bétail. Ce fut le cas pour ma famille, dans
le village de Barkédji, fief historique du roi légendaire sénégalais Lobatt
Fall, où nous avons passé une longue nuit avec des pierres qui pleuvaient sur
nos toits. Dieu merci, ce ne fut que des pierres, les assaillants finirent par
disparaître dans la profondeur de la nuit et du néant. Tout le village nous
avait supportés contre ces malfaiteurs, on ne sait venus d’où de la nuit
et de la malfaisance humaine!
Les rapatriements,
disais-je, se sont poursuivis dans la durée, avec l’appui de la Croix Rouge qui
tentait de recomposer les familles éparpillées par le malheur et à transmettre
des messages des ces familles dispersées de part et d’autre du Sénégal et de la
Mauritanie, c’est de cette manière qu’il y eut des transits par la Gambie, via
la représentation diplomatique de la Mauritanie dans ce pays. Il y eut en
effet, un lobby Harratin qui maintenait la pression sur l’Etat mauritanien pour
reconnaitre des Harratine et faciliter leur retour en Mauritanie. Dans ce cas
la diplomatie mauritanienne en Gambie fournissait au moins l’accompagnement
matériel par l’octroi d’un billet d’avion et l’accompagnement pour
l’embarquement. Je veux dire que pour le Harratin, les liens de tribu se
reconstituaient bizarrement sans qu’il n’ait aucune connaissance du mécanisme.
Je fais partie de ce lot. Une fois en Mauritanie, j’ai retrouvé mes parents qui
étaient arrivés avant moi.
D’un point de vue
administratif, pour les besoins de la scolarité, mon Moctar Fall est devenu El
Mokhtar ould … ! La volonté de m’arabiser était manifeste. J’ai dû
batailler ferme pour faire correspondre mon nom avec mon extrait de naissance
du Sénégal et de mon certificat d’études pour faire correspondre les
informations, sans rupture. Le processus d’inscription était un parcours du
combattant puisque l’accord définitif revenait au Comité Militaire de Salut
National.
En réalité, l’accueil
s’effectue dès le départ par un processus d’aliénation.
10. A.H.M.E.: Que répondez-vous
à ceux qui accusent la communauté
harratine d’être responsables des massacres de leurs frères
négro-mauritaniens ?
FALL MOCTAR : Ceux-là
n’ont rien compris. La moindre des erreurs que leur accusation suscite est de
valider la thèse des criminels nationalistes arabo-berbères de la division
nécessaire des Noire entre Harratine à assimiler arabes et Négro-mauritaniens à
indexer en tant que non mauritaniens et à bannir. Puisque le Harratin que je
suis a dû faire profil trop bas au Sénégal pour échapper aux pogroms que les
Sénégalais ont préparé aux Harratine, et qu’en Mauritanie le même pogrom est
exécuté contre tous les autres négro-mauritaniens. Harratin ou non, tout noir
qui voulait sauver son existence devait donner un gage de son appartenance
à la Mauritanie en obéissant aux ordres des maures qui les mobilisait pour
exterminer les « sénégalais » : le noir en général. Et les
esclaves, les harratine étaient les plus désignés.
Il y a peu que nous remettions à l’ordre du jour le cas
du général N’diaga Dieng. Celui-ci a torturé des Noirs. Il était désigné pour
anéantir le président de l’Initiative de résurgence du mouvement abolitionniste
de l’esclavage, monsieur Birame ould Dah ould Abeid. Le général Dieng ne fait
qu’obéir aux maures. Il y a peu que le ministre des finances Kâne Ousmane était
désigné pour remettre la gestion du pays en ordre, puisque la Mauritanie
subissait la désaffection des bailleurs de fonds. Une fois que les maures
étaient rassurés, ils ont démis et bouté dehors le sieur Kâne. Les exemples
peuvent s’allonger où le Noir est désigné pour une œuvre au seul bon vouloir des
maures, que ce soit exterminer son frère noir ou les servir dans une tache
administrative. Quelle différence au fond ? C’est le système esclavagiste
qui conditionne ce rapport, et aucun Noir n’a le choix.
Tant que ce système
esclavagiste subsistera, sa logique du Nègre au service de l’arabo-berbère
éternisera !
Disons donc que ces
accusateurs ne sont que des parleurs incapables d’épauler leurs frères de même
sort pour entreprendre leur devoir de lutte sans merci contre la domination
esclavagiste qui frappe tous les Noirs sans distinction en Mauritanie. La
preuve en est là que nous ne voyons pas de personnalité qui émerge pour poser
la question du génocide des Noirs en Mauritanie. Dans aucune couche des
accusateurs, halpularen, soninké, wolof, bambara, aucune personnalité n’émerge
en tant que figure de proue à l’intérieur du pays ! Cela est-il
concevable, plus de vingt ans après le grand génocide et la grande déportation
qui ont frappé les Noirs ? Il y aurait donc une peur bleue de la violence
du Maure qui crée un besoin d’évacuation chez certains Noirs par l’accusation
de leurs frères, là où une responsabilité commune s’impose. Il fut un temps où
les Noirs en Mauritanie avaient les moyens de déterminer la justice plus
facilement. Que l’on pense au moment aux Comités militaires de Redressement ou
Salut National, avec les Noirs qui en composaient : Ane Amadou Babaly,
Yall Abdoulaye, Ly Mamadou, Athié Hamat, Dia Amadou, et j’en passe, autant de
négro-mauritaniens que d’arabo-berbères ! Et bien avant, aux débuts de
l’existence de la Mauritanie quand les Noirs plus instruits dominaient
l’Administration ! Qu’a-t-on fait de nous-mêmes ? Telle est la grande
question ! Je considère donc les accusations réciproques d’infantilisme et
d’imbécilité qui créent une polémique absurde pour compenser la carence de
détermination et les moyens nécessaires à la fin de la domination d’une entité
trop restreinte et méprisante d’arabo-berbères de la pire espèce imaginable.
11. A.H.M.E.: Que
pensez-vous de la loi incriminant
l’esclavage en Mauritanie ? Quelle est l’efficacité de celle-ci puisque les
esclavagistes restent impunis ?
FALL MOCTAR : Une loi
civile dont la conjugaison de son inapplication à jamais est contrôlée par le
terrorisme de quelques criminels en treillis dont nous sommes appelés à nous
défaire pour la remise en orbite de la Mauritanie dans le sillage d’un pays
civilisé, compréhensible par le bon sens de la modernité. Toute analyse
politique restera fausse dans le cadre d’une gouvernance esclavagiste face à
une opposition politique floue sur cette affaire d’esclavage, puisqu’il n’y a
pas d’opposition politique préoccupée par le fondement esclavagiste du système
social et politique, il ne peut pas y avoir d’opposition face à une force brute
armée qui ne croit qu’à la violence de sa terreur pour définir l’Etat, le
fonctionnement des institutions, le droit de vie et de mort de l’opposition
comme du commun des citoyens. Raison pour laquelle, l’opposition dans son
ensemble et le clergé aussi se débrouillent au même titre que le quidam
mauritanien pour sa pitance et sa survie !
La criminalisation de
l’esclavage ne fait pas échos dans l’assemblée et le parlement. Pour un
phénomène qui touche quarante cinq pour cent de la population, et par ricochet
de l’apartheid, quatre-vingt cinq pour cent des citoyens de seconde zone pour
être de race noire, la criminalisation de l’esclavage et de l’apartheid devrait
envahir quotidiennement l’espace public par le rejet d’une suprématie raciale
des arabo-berbères. C’est un crédo que les populations doivent porter tous les
jours dans les rues pour faire rebrousser chemin le trajet que le pays a pris
et qui ne peut plus continuer.
Une loi de criminalisation
à laquelle on soumet les cas les plus abjects d’esclavage, de dépossession de
propriétés terriennes, de rapt, de vol, de viol, et qui ne trouve rien à redire
ne mérite pas d’autre traitement que ce l’on attaque frontalement ses
instigateurs qui l’ont adoptée grâce à la pression incessante des esclaves.
L’Etat arabo-berbère ne la respectera cette loi, jamais, si l’opposition dans
son ensemble, politique comme militante de droits de l’Homme, ne l’y contraint.
Malheureusement, il existe trop d’imbéciles qui dominent l’opposition et les
associations de droits de l’homme, que ce soit les partis d’obédience
religieuse comme Tawassoul, unificatrice comme l’AJD/MR, moderniste comme le
RFD, tous des complices et des aigrefins et escrocs qui ne pensent qu’à leur
embonpoint. Le gagne-pain en Mauritanie s’appelle la bénédiction par la secte
criminelle de quelques mercenaires maures. Une secte en réalité d’une faiblesse
criante facile à mettre bas, si l’opposition supposée du côté des
arabo-berbères voudrait jouer le jeu de la justice par la fin de l’esclavage et
l’apartheid. Nous ne sentons en rien cette volonté de leur côté, bien au
contraire, en récoltant leur quote-part, cette opposition maure par sa
duplicité patente soutient la secte restreinte des criminels de la même race
maure qu’elle, d’où leur criminalité par leur silence, en attendant que par la
force des choses, le mouvement montant incontrôlable des harratine leur
rappelle que leur salut dépendra désormais de leur tendance à honorer leur
vocation d’opposition. Le régime actuel est aussi illégitime que celui de Taya.
Ce dernier, suite à son comité militaire de salut national a prétendu instaurer
un multipartisme que son Parti Républicain Démocratique Social dominait sans
possibilité d’opposition, pour imposer son élection en 1992 et 1997. De même,
l’actuel régime du général Aziz, suite à son Conseil militaire pour la justice
et la démocratie muée dans l’Union pour la République domine toutes les
affaires sans d’autre possibilité d’opposition que la collaboration des
haleurs. Méthode appuyée par des campagnes d’implantation à travers le pays,
campagne d’abêtissement de la base populaire maure. Une certaine idiotie
intemporelle anime cette insensibilité au fondement esclavagiste dont la
tension permanente retournera à la sale gueule de ses laudateurs. Nous savons
que cette prétendue opposition aussi bananière que la République sera obligée
de s’aligner, contre son gré, au mouvement de libération de l’esclavage, mais
ne sera-t-il pas trop tard pour elle. Ne sera-t-elle pas jugée et châtiée comme
elle le mérite ?
12. A.H.M.E.: Quel est, pour
vous, l’avenir de la lutte contre les inégalités en Mauritanie ? Selon
certaines ONG, les problèmes des déportés sont en phase d’être régularisés par
le chef de l’Etat actuel ? Qu’en pensez-vous ?
FALL MOCTAR : Nous
parlons trop alors que cette question devrait être la question primaire et
finale qui pourrait se reformuler par le questionnement de savoir si le Noir a
un avenir en Mauritanie. Les maures ne connaissent que la brutalité et la force
sauvage. Dès qu’ils sentent qu’un personnage noir et esclave d’après leur
barème, comme Birame de l’Initiative de résurgence du Mouvement abolitionniste
de l’esclavage, pose le vrai fléau de la Mauritanie, ils retournent à leurs
sources, à Kadhafi, à la Syrie, à L’Irak, où la force est utilisée pour
l’esclavage à outrance du Noir. C’est récemment le sens de la visite de
quelques politiques maures de l’Etat comme de l’opposition, en Lybie, qui ont
pressenti qu’il y avait un mouvement anti-esclavage qui contestait justement la
légitimité de l’esclavage fondé sur le mensonge des idéologues politiques et
religieux.
Toutefois l’avenir du Noir
en Mauritanie comme de la lutte en général passe obligatoire par la libération
du Noir de ses propres attaches esclavagistes dans son ethnicisme
aberrant ! Nous comprenons mal que tous les mouvements de libération dans
le monde aient leur leader historique qui gène l’incarnation étatique de
l’injustice, sauf chez les Négro-mauritaniens ! Aucune tête de proue
n’émerge chez les Noirs mauritaniens, je le répète chez les Soninkés et les
Halpulars. Chez les premiers, l’opportunisme et l’égoïsme du bien-être doublé
du système de caste est très gênant. Chez les seconds, les querelles intestines
du fait de la noblesse des uns et du paria des autres est très
dégoûtante !
Il y a donc un travail que
le Front de Libération Africain de la Mauritanie devrait, à mon avis, avoir
réussi depuis longtemps mais qu’il tarde à concrétiser, à savoir l’exaltation
des valeurs de la communauté halpular à travers un personnage qui l’incarne et
le proclame à l’intérieur du pays, puisque la distance a désenchanté beaucoup
de jeunes, cela tarde à se concrétiser au point que les nouvelles générations
vivent à l’encontre de l’impulsion primordiale du FLAM, c’est du moins ce que
l’on pourrait retenir des derniers rebondissements de la fausse arabisation
récemment déclarée par l’Etat mauritanien. Nous courons le risque que ce
travail soit fait par d’autres à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, cela
mettrait à mal le Mouvement historiques de lutte qui va se révéler suiveur de l’évolution
politique au lieu d’en être l’incitateur et le provocateur des évènements qui
vont changer la situation et le rapport de forces arabo-berbère et Noirs.
La question des réfugiés,
leur départ et leur retour organisé dans les calculs politiciens des
arabo-berbères, je l’appelle la question transversale de l’esclavage et de la
condition du Noir en général. Elle devrait mobiliser au-delà de nos efforts
tous les pays africains et toutes les diasporas noires. Il me semble
inconcevable qu’une poignée de négriers puissent subsister au vingt-et-unième
siècle au cœur de l’Afrique noire sans faire réagir le Sénégal, le Mali,
l’Afrique du Sud, les Négro-américains, les Béninois, les ghanéens, autant de
comptoirs de transatlantiques ou transsahariens.
Encore une fois, nous
sommes, nous autres Noirs de la Mauritanie d’une lâcheté et d’une
irresponsabilité sans commune mesure, ne serait-ce que par notre incapacité à
mettre au premier plan l’esclavage et l’apartheid qui règnent en Mauritanie.
Nous ne pouvons en aucun cas compter sur l’opposition politique en Mauritanie,
ni sur des acteurs extérieurs sans nous mettre au-devant de la scène
nous-mêmes.
Les réfugiés retournés du
Sénégal sont plus dans la position de ceinture humaine pour le régime
arabo-berbère, puisque la figure de la soudanisation de la Mauritanie plane
dans l’air. Ou nous faisons de ces réfugiés un levier de révolte contre le
régime qui se sert d’eux comme bouclier, ou le régime en place les mette à son
profit pour un nouveau génocide sur les Noirs et leur nouvelle déportation.
L’allégeance du régime à
ceux de Tripoli et de Khartoum ne présage rien d’autre qu’un modèle solidement
établi d’expédition punitive contre une communauté et une race, tel
qu’effectivement l’appliquent la Lybie contre les Noirs de son pays et le
Soudan contre les esclaves de ce pays !
Dès lors, les précautions
et les anticipations sont de mise, et les Noirs de la diaspora mauritanienne
seront condamnables en ne franchissant pas le pas de leur libération.
Il n’y a aucun règlement à
attendre pour le problème des déportés comme pour le reste des pendaisons et
tueries pour lesquelles les responsables dirigent le pays sans d’autre
inquiétude qu’un front Noir qui émerge du peuple et de l’élite en exil.
13. A.H.M.E. : La langue arabe
est encore récemment signalée par le premier ministre et la ministre de la
culture comme la seule et exclusive dans l’administration.
Fall Moctar :
De leur part, ce n’est même pas une provocation. Il s’agit d’une aporie mentale
et intellectuelle. Quiconque chez les arabo-berbères pouvant représenter sa
tribu, peut se voir un jour nommer ministre afin qu’il collecte sa part du
budget de l’Etat dévolu à sa tribu. Ce ne sont pas des ministres, ce sont des
représentants de leur tribu, pas plus. Et comme dans les tribus arabo-berbères
l’esclavage est le moteur du fonctionnement, la mentalité consiste en une
négation de tout ce qui ne contribue pas à son fonctionnement. D’où le rejet
spontané de toutes les autres langues et cultures. De la même manière qu’ils
rejettent les autres composantes de la société quatre fois majoritaire, de la
même manière ils rejettent tout ce qui est étranger à leur univers esclavagiste
qui peut en remettre en cause la sauvagerie. Cependant, ils sont obligés de
faire des concessions sur le plan international, - et national ! Ne
serait-ce que pour faire les beaux yeux menteurs et hypocrites auprès des
institutions internationales pourvoyeuses de fonds et de légitimité.
Voilà pourquoi les Noirs
de ce pays doivent arracher des concessions, par toutes les formes de
désobéissance et de résistance, dans le but de créer les conditions de leurs
rapports autres que l’humiliation permanente
dans l’esclavage et l’apartheid.
14. A.H.M.E. : Quelles sont les
appréciations que vous portez sur les
activités de l’Association des Haratine de Mauritanie en Europe (A.H.M.E) dans
son combat contre l’esclavage en Mauritanie ?
FALL MOCTAR : En tant
que membre de cette association, ou plutôt organisation dont je définirais
aussi l’esprit par notre volonté de ne pas nous ancrer dans l’exil qui nous
éloigne d’une confrontation qui va être inévitable si les maures esclavagistes
ne veulent pas céder nos droits légitimes d’égalité, je dirais que mon
appréciation est funèbre d’un processus d’entêtement imbécile de la part des
arabo-berbères et conjugué au processus parallèle et imbriqué de notre dessein
d’arriver à la fin de l’esclavage, et que le point de rencontre de nos deux
initiatives sera explosif.
Les activités de
l’Association des Harratin en de Mauritanie en Europe sont assez sensible ici
comme au pays pour empêcher plus d’un de dormir sans cauchemar !
15. A.H.M.E.: Avez-vous un message à
délivrer aux lecteurs de notre site ?
Fall
Moctar : Oui ! Tout ce
que nous disons est vrai ! Notre détermination n’est portée que par notre
conviction sans aucune lâcheté d’en devoir découdre avec les inconditionnels de
l’esclavage des Harratine, et au-delà d’une poignée de criminels aux sens
politiques et religieux qui taguaient de croix gammées les maisons des Noirs à
détruire, à incendier et à exterminer à Zoueirat et d’autres endroits du pays,
comme ce fut projeté et effectué des maisons juives par Hitler et sa bande.
Nous disons aux lecteurs de notre site et à nos compatriotes que l’argument
tenant du religieux qui légitime l’esclavage et l’apartheid ne diffère en rien
des délires nazis de la hiérarchisation de l’espèce humaine, les chanteurs de
haine contre les Noirs en Mauritanie peuvent chanter tous les textes de l’islam
et du coran, nos taguons leurs chansons de criminel et d’imposture au nom de
ces textes sacrés.
L’équipe du
site www.haratine.com vous remercie d’avoir
répondu à nos questions.
Paris,
le 03 mai 2010
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