A.H.M.E.
INTERVIEW 48:
Interviews
de Mohamed Ould Maouloud
Mohamed Ould
Mouloud est président de l’Union des Forces du Progrès À BILADI
:
Mohamed
Ould Mouloud est président de l’Union des Forces du Progrès. Il
préside, en même temps, la Coalition de l’opposition démocratique
(COD). Très occupé, mais toujours égal à lui-même, serein et
courtois, il a accepté de répondre aux questions de Biladi. Nous
avons évoqué avec lui certaines questions brûlantes de l’actualité
: la position du gouvernement par rapport à la guerre avec Al Qaeda,
les relations de la Mauritanie et la France, la situation de la COD,
son bilan à la tête de ce syndicat des partis d’opposition, ses
rapports avec Ahmed Ould Daddah…
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Mohamed OULD MAOULOUD à l'Eveil Hebdo: l'Armée doit se recentrer sur ses missions
L’Eveil Hebdo : Depuis le coup d’état du 06 août, la Mauritanie est fracturée entre partisans de l’ancien chef d’état, regroupés derrière le FNDD, dont le vôtre, et des partis et parlementaires pro putschistes. Peut-on aujourd’hui encore croire à un retour dans les meilleurs délais de Sidioca au pouvoir et de l’ordre constitutionnel et civil qu’il incarnait ? Mohamed
Ould Maouloud : Il faut dire qu’il y a d’un côté la junte
militaire, avec les parlementaires putschistes, appuyée par quelques partis, et
de l’autre côté l’écrasante majorité du peuple mauritanien à travers des partis
représentés au parlement, des partis non représentés au parlement, les
principales centrales syndicales, les principales organisations des droits de
l’homme. Je ne vois pas de commune mesure entre les deux camps. Certes le camp
de la junte dispose de la force militaire, de l’administration Nous sommes pour la dignité du peuple mauritanien, nous sommes pour le respect de sa volonté et cela commande le respect du verdict des urnes. Il y a ceux qui malheureusement choisissent de sacraliser la volonté des généraux et d’entériner leur coup de force. Mais le rapport de force politique est incontestablement en faveur du retour à la légalité constitutionnelle. Comme en témoignent les grandes manifestations populaires (marches, meetings) contre le coup d’état. Depuis
le 06 août, il ne se passe pas un jour sans que le FNDD n’en organise une à
Nouakchott ou à Il faut avoir confiance, la Mauritanie restaurera la légalité constitutionnelle. D’autant plus qu’il y va de son intérêt vital de stabilité et de préservation de l’acquis démocratique. Un acquis démocratique qui a redonné espoir à notre peuple au cours des deux dernières années. Il ne peut tolérer que les généraux le replongent de nouveau dans la dictature en reniant dans les faits tous leurs engagements antérieur.
L’Eveil Hebdo : 55 députés pro putschistes sur les 95 que compte l’Assemblée nationale ont approuvé un plan prévoyant la tenue d’une élection présidentielle dans un délai de douze à quatorze mois. Quelle part de légitimité accordez-vous à cette proposition ? MOM :
Aucune. Les parlementaires putschistes ont malheureusement accepté de devenir
une annexe du conseil militaire Ce qu’ils viennent de faire, c’est de servir de
lanceurs de ballon d’essai pour le compte du conseil militaire qui veut tester
ainsi la réaction nationale et internationale et qui, au lieu de s’exprimer
lui-même, fait parler les députés putschistes. De ce point de vue, le contenu
de leurs propositions est sans intérêt, car il est en porte à faux et avec la
légalité (la session est illégale) et avec la légitimité (rupture totale avec
l’opinion publique nationale). Lisez leurs recommandations : les voilà qui
demandent gentiment au Conseil militaire de leur laisser le pouvoir de
légiférer, et ce n’est qu’une recommandation ! Quel est ce parlement qui
s’égosillait contre les prétendus blocages du président de la République et
acceptent maintenant que ses pouvoirs soient délimités non par les textes de la
Constitution mais par le seul bon vouloir des généraux. Ce faisant, ils se sont
placés eux-mêmes en dehors de la légalité, et si nous rejetons la junte et ses
décisions, il va sans dire qu’il en est de même pour ses officines et leurs
suggestions. Mais le jour où ces députés prendront leur autonomie et
accepteront de faire de la Constitution la seule référence pour le règlement de
notre différend, nous serons alors disposés à en discuter avec eux avec tout
l’esprit Je crois qu’il est très clair que toute solution qui consiste à entériner le coup d’état, qui consiste à proposer une nouvelle transition et de nouvelles élections sous l’autorité militaire est un mépris pour la communauté nationale et internationale, parce que ces mêmes militaires, ces mêmes généraux, ces mêmes membres du conseil militaire ont déjà joué cette partition en 2005 en promettant de respecter les résultats des urnes ; et voilà qu’après tant d’énergie et tant de moyens dépensés par tout le peuple mauritanien et la communauté internationale, après deux ans d’une mise au ralenti pour cause électorale de la vie économique et sociale de tout un pays, le tout en raison du crédit accordé aux engagements, les voilà qui manquent à leurs paroles et récidivent par un coup d’état. Ils nous demandent à nouveau de leur faire confiance sur la base de nouvelles promesses de transition et d’élections. Ces promesses ne peuvent guère être meilleures que les précédentes. Pour accorder crédit il faut avoir confiance. Le peuple mauritanien n’a plus confiance en la parole de ces généraux. C’est pourquoi en aucun cas entériner le coup d’état, s’engager dans une nouvelle transition et de nouvelles élections ne peut plus constituer une option crédible et viable pour une sortie de crise. Le seul cadre réellement valable pour une solution politique est le cadre constitutionnel. Effectivement, toutes les forces politiques peuvent se retrouver, discuter et envisager une solution où toutes les options seront ouvertes, mais sur la base de l’ordre constitutionnel, c’est-à-dire avec le retour et la restauration du Président de la République et de son gouvernement et l’éloignement de la junte du champ politique. Cela est capital, parce que si la force militaire participe au débat politique, celui-ci est faussé, il n’est plus crédible, on ne peut pas discuter avec un revolver sur la tempe, on ne peut pas s’entendre politiquement sous la pression des armes. Donc la première chose pour régler la crise, c’est d’abord que les militaires se retirent, qu’ils rejoignent les casernes et qu’il s’occupent de leur mission noble qui est de défendre le pays. L’Eveil Hebdo : Le gouvernement de la junte a annoncé la tenue fin septembre des « Etats Généraux de la Démocratie ». L’ UFP, voire le FNDD y prendra- t’il part ? MOM :
Entériner le coup d’état est dangereux pour la Mauritanie. Il ne s’agit pas
d’une simple question politicienne, c’est-à-dire en rapport avec les rivalités
partisanes. Nous ne pouvons donner une quelconque légitimité ou crédibilité à
une telle concertation, car certaines forces politiques sont sous la contrainte
des généraux et ne peuvent discuter librement. Ce dont le pays a besoin, c’est
d’une véritable concertation entre toutes les forces vives du pays pour
parvenir à une sortie de crise consensuelle ; et cette concertation ne
peut être libre et crédible que dans un cadre constitutionnel en dehors de
toute pression militaire. La condition nécessaire pour une telle solution passe
par le règlement du problème du coup d’état. C’est-à-dire que le président de
la République reprenne ses fonctions. Quant à la fameuse concertation prévue
par la junte pour fin septembre , elle n’est rien d’autre en réalité qu’un
artifice médiatique destiné à tromper L’Eveil Hebdo : On dit que vous avez rencontré le Président du RFD, Ahmed Ould Daddah, avant Messaoud Ould Belkheir ? Peut on connaître l’objet de ces conversations ? MOM :
Oui, effectivement Ahmed Ould Daddah a inauguré ainsi des contacts sur sa
demande avec quelques personnalités du FNDD. Nous étions dans les meilleures
dispositions d’esprit mais je crois que les choses L’Eveil Hebdo : Votre opinion sur les perspectives de sortie de crise ? MOM : Notre problème est double. Il y a le problème de l’ingérence de l’armée à travers la junte et il y a le problème des différends politiques, ou de la crise politique. Les deux problèmes ne peuvent pas avoir la même solution. Pour ce qui est de la crise militaire, il est évident que notre pays ne peut plus tolérer que l’on détourne l’attention et les moyens de notre armée vers la compétition politique, la compétition économique avec des hommes politiques et des hommes d’affaire alors que notre pays est menacé d’insécurité nationale. L’armée nationale doit être réhabilitée, rééquipée, réorganisée pour pouvoir mener à bien sa mission actuelle. Elle doit être totalement concentrée sur sa mission. D’autre part, cette junte est la même qui a déjà fait le serment de respecter le verdict des urnes des élections qu’elle a organisées. On ne peut pas lui reprocher de manquer à ses paroles aussi ostentatoirement et en même temps lui accorder un nouveau crédit. Ce qui fait que la crise militaire actuelle passe par une démarcation claire entre le champ militaire et le champ politique. Il faut que la junte renonce aux pouvoirs politiques et à ses ambitions politiques et que le président Sidi Ould Cheikh Abdallahi et son gouvernement soient restaurés, ce qui marquera l’échec du putschisme. Par contre nous devons chercher pour le règlement de cette crise militaire, toutes les voies qui s’appliquent sur cette solution entre les partis en cause. Maintenant
il y a la crise politique qui oppose les acteurs politiques, ça c’est le jeu
normal de l’institution ; on était dans ce jeu en apparence jusqu’à la fin
de la session parlementaire passée. Ceux qui s’opposent au Président de la
république avaient tous les moyens constitutionnels de continuer à le
combattre ; c’est L’Eveil Hebdo : Actualité oblige, votre point de vue sur l’attaque de soldats mauritaniens dans le nord du Pays, précisément à Zouerate MOM :
Cette attaque est la troisième du genre avec un résultat malheureusement
similaire. Notre armée est toujours mise dans des conditions frustrantes, et du
fait que le nord du pays est le terrain de prédilection des bandes armées, il y
a là un risque majeur pour la sécurité nationale et cela demande une
mobilisation de notre armée et de toutes nos ressources, mais aussi de notre
unité nationale pour faire face aux dangers. Malheureusement, avec le coup
d’état, on voit que l’armée est détournée de cet objectif, détourné au niveau
des moyens, détourné au niveau de la pension et l’union nationale est
compromise parce qu’il viole les règles qui régissent nos rapports politiques.
Donc véritablement, il y a urgence, il faut qu’on en finisse avec cette crise,
pour pouvoir restaurer la légalité constitutionnelle, qui est la seule solution
qui permettra à
Interview réalisée par l’Eveil-Hebdo
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Dans cette interview Ould Maouloud
Président de l’UFP refait la même erreur
Ould Ciré Président AHME
La Tribune n° 272 du 19 août 2005
Ould Maouloud (président de l’UFP)
Cheikh Saad Bouh Kamara :
Docteur Sidi O. Salem :
Ould Maouloud (président de l’UFP)
Qu’est-ce que la question nationale ? Que faire ? En parler ou attendre ? Cheikh Saad Bouh Kamara : Professeur Honoraire de Sociologie à l’Université de Nouakchott, Expert consultant international, le professeur Cheikh Saad Bouh Kamara est un fervent militant des droits de l’homme.
“Je suis persuadé que les Mauritaniens (...) sont en mesure de poser les problèmes concernant le passif humanitaire, les dérives des décennies passées et retrouver des solutions correctes dans le contexte socioculturel mauritanien.”
La Tribune : Est-il opportun, sinon pertinent, de penser
la question nationale en termes de
conciliation entre les différentes communautés de la Mauritanie?
La Tribune : D’un point de vue sociologique, est-ce à
dire que les mauritaniens ne sont pas assez préparés pour se confronter à un
traitement des questions sensibles à la manière sud africaine ou marocaine ? Enfin, je terminerai par un appel : les débats doivent être francs, sans arrière pensée, des débats qu’il faut élever au niveau des espoirs et des attentes des mauritaniens. Il faut aussi ne pas oublier que nous appartenons à un monde et que par conséquent, il faudrait que dans nos arguments nous puissions sans cesse nous repérer par rapport aux standards internationaux. Il ne faut pas dire que nous venons de loin, il faut s’arrêter; il faut plutôt améliorer davantage pour le futur. C’est l’appel que je lance à l’ensemble des acteurs politiques en Mauritanie. Propos recueillis par Kissima Docteur Sidi O. Salem : Docteur Sidi O. Salem est membre fondateur et membre du comité permanent de l’UFD/EN. Il sera arrêté du 11 au 25 novembre 2000 après la dissolution de son parti. Candidat de l’UFD/En aux législatives de 96 à Zouerate puis du RFD aux sénatoriales de 2002 à Nouakchott, chargé de la communication au directoire de campagne d’Ahmed Ould Daddah pour les élections présidentielles du 7 Novembre 2003, il avait gelé ses activités au niveau du parti en 2003. Actuellement, il est professeur de physique à l’Université de Nouakchott.
Y a-t-il selon vous une question
nationale en Mauritanie ?
Propos recueillis par Kissima 19 août 2005 |