Mohamed Mahmoud Ould Bakar,
conseiller en communication de Messaoud Ould Boulkheir.
’Sur le terrain de la
prévarication et de la gabegie, le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz est,
vraiment, mal barré’’
Mohamed Mahmoud Ould Bakar,
conseiller en communication de Messaoud Ould Boulkheir, candidat du Front
National pour la Défense de la Démocratie (FNDD) à l’élection présidentielle du
18 juillet 2009, se livre, dans cet entretien avec Le Calame, à une évaluation
du travail effectué, après treize jours de campagne électorale, évalue, avec
optimisme, les chances de son camp et répond aux accusations de prévarication,
proférées par le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le Calame : Quelle évaluation faites-vous du déroulement
de la campagne électorale de votre candidat, depuis le jeudi 2 juillet dernier?
Mohamed Mahmoud Ould
Bakar : Notre campagne se déroule normalement, suivant une stratégie préétablie.
Certes, au plan des moyens déployés, nous sommes nettement en déficit, par
rapport à certains candidats, mais nous avons mené un bon travail, sur le
terrain, répondant aux exigences en la matière.
Plusieurs
observateurs estiment que, sur le plan communication, votre candidat est moins
visible, que les autres, comme Ahmed Ould Daddah, Mohamed Ould Abdel Aziz et Ely
Ould Mohamed Vall. Est-ce pertinent?
Je ne sais pas ce
que vous entendez par «moins visible». Cependant, je vous signale que nous avons
exploité, de manière optimale et rationnelle, le temps d’antenne réservé à notre
candidat, tant au niveau de la télévision nationale que de la radio. Toutefois,
au niveau de la couverture de nos nombreuses activités de campagne, la TVM nous
a accordé moins d’importance que le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz. Un
favoritisme poussé jusqu’à la caricature, avec deux minutes de tranche gratuite,
accordées, à ce dernier, pour dénigrer et diffamer notre candidat.Messaoud Ould
Boulkheir a réalisé un score de 10% des suffrages, à l’occasion de l’élection
présidentielle de mars 2007.
En tenant
compte de l’élargissement de sa base et du fort regroupement autour de sa
personne, suite à la crise politique et institutionnelle, née du coup d’Etat du
6 août 2008, pensez-vous que, cette fois, il a les moyens de se hisser au
deuxième tour?
Pour répondre à votre question, tout à fait
pertinente, soit dit en passant, j’attire l’attention de vos lecteurs et des
Mauritaniens, en général, sur un certain nombre d’atouts de la plus haute
importance. Notre candidat dispose d’une base originelle et fidèle, avec
l’Alliance Populaire Progressiste (APP). A cela, il faut, désormais, ajouter
l’apport de grande importance du Front National pour la Défense de la Démocratie
(FNDD), avec le parti ADIL et l’Union des Forces de Progrès (UFP).
Et il
y a, certainement, un plus large regroupement de toutes forces démocratiques et
patriotiques, en général, autour de la personnalité de notre candidat, actuel
président de l’Assemblée nationale, et ce regroupement est motivé par l’attitude
courageuse de Messaoud Ould Boulkheir, dans son rejet du putsch militaire, sa
fidélité à la légalité constitutionnelle et au président démissionnaire, Sidi
Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.
L’importance de la mise en synergie de ces
différentes forces politiques, formelles et informelles, est nettement apparue,
au cours de tous les meetings de Messaoud Ould Boulkheir, lors de la présente
campagne électorale. A cet égard, il faut souligner deux faits marquants : la
réunion, dans ces rencontres, de toute la Mauritanie, dans sa riche diversité,
et celle des notabilités traditionnelles, d’une part, et la présence, remarquée,
d’hommes politiques qui n’accordaient pas leur confiance à Messaoud, jusqu’à une
époque encore très récente. Une classe politique qui s’est, désormais, détachée
des schémas éculés. Ce sont des images, fortes, de la Mauritanie
démocrate.
Il faut ajouter, à ces avantages, une présence, incontestable,
dans la vallée du fleuve, à Nouakchott, Nouadhibou, Zouerate, comme autant
d’arguments qui nous autorise à affirmer que notre candidat sera bien au
rendez-vous du deuxième tour de la présidentielle 2009, malgré les magouilles en
coulisses et autres officines obscures, totalement en marge de la morale
républicaine. Après avoir accusé votre candidat de prévarication, Mohamed Ould
Abdel Aziz a soutenu disposer de preuves et promis de les divulguer, à
l’occasion de son meeting d’Arafat. Il a même avancé un chiffre de 300 millions
d’ouguiyas, détournés dans le cadre de la gestion des fonds de l’Assemblée
nationale.
Quelle est votre réaction,
face à de telles allégations?
En fait, Mohamed Ould Abdel Aziz
utilise ce procédé diffamatoire pour essayer d’attirer beaucoup de monde à son
meeting. Les curieux, désireux de découvrir les «preuves matérielles» de ses
«révélations». Et finalement, il n’a, bien entendu, rien présenté. Sinon, une
lettre quelconque, dont l’origine n’est pas identifiable, accusant le FNDD
d’entretenir une liaison avec le lobby juif. Tristes bassesses pour quelqu’un
qui se prétend à la hauteur de la fonction suprême…
D’ailleurs, il faut
dire que, sur le terrain de la prévarication et de la gabegie, le candidat
Mohamed Ould Abdel Aziz est, vraiment, mal barré. Une fortune colossale, surgie
du néant, entre 2005 et 2009, qui lui permet de dépenser 10 milliards
d’ouguiyas, en un temps record de 45 jours, entre la campagne du plébiscite
avorté du 6/6 et celle, présidentielle, qui a débuté depuis près de 2 semaines.
Une manne tombée du ciel, avec simplement l’exercice du pouvoir, et dont
l’origine est, forcément, douteuse.
Le personnage est, d’ailleurs,
présenté comme un grand propriétaire foncier, ici et à l’étranger.A côté de
cela, le contraste est saisissant, avec l’image du candidat Messaoud Ould
Boulkheir, opposant historique. Un homme au choix politique clair, qui a refusé,
a contrario de beaucoup, de s’enrichir, sous le régime Taya, dont Mohamed Ould
Abdel Aziz est le produit achevé.
Mohamed
Ould Abdel Aziz, le candidat auquel vous vous attaquez, semble jouir d’une
réelle popularité, chez les couches défavorisées, votre terrain de prédilection.
Ne risque-t-il pas de vous prendre une partie de votre électorat, à l’occasion
du scrutin présidentiel 2009?
Aziz ne peut pas conquérir la
base politique de Messaoud Ould Boulkheir. Celle-ci est formée à la bonne école,
celle de la démocratie, du respect de l’éthique et des valeurs républicaines.
Elle a une conscience politique, élevée et aiguë, de la situation actuelle du
pays et de l’enjeu, capital, du scrutin du 18 juillet prochain qui doit
permettre une rupture, définitive, avec la culture des coups militaires, frein à
la démocratie, au développement économique et social. Je rappelle, d’ailleurs,
que, depuis le putsch du 6 août 2008, Mohamed Ould Abdel Aziz a usé de tous les
procédés et artifices coupables, pour débaucher les éléments du FNDD. Ces gens
auxquels il impute des actes de prévarication, tout simplement parce qu’ils ont
dit non au coup d’Etat.
Quelle analyse
faites-vous des derniers développements de la scène politique, depuis la
signature de l’accord de Dakar ?
Le candidat Mohamed Ould
Abdel a enregistré une véritable saignée, au cours des dernières semaines. Les
rats ont quitté un navire qui prend eau, de toutes parts, et va, inévitablement,
sombrer, le 18 juillet prochain. Une tendance dont l’explication est limpide :
le candidat bénéficiait de soutiens intéressés, sans conviction. L’attrait du
camp du pouvoir, espérant profiter de tous les biens matériels et de toutes les
facilités qu’on peut en attendre. Une autre dimension était liée à la peur de
l’autorité. Deux verrous qui ont, maintenant, volé en éclats, permettant, à
chacun, de reprendre la direction que lui dicte sa conscience.
Le candidat Mohamed Ould Abdel Aziz a déclaré, au cours
des derniers jours, que l’armée et le peuple n’accepteront le retour des
prévaricateurs. Quelle lecture faites-vous de tels propos
?
Mohamed Ould Abdel Aziz est un candidat comme les huit
autres prétendants. Il n’est pas autorisé à parler au nom de l’armée, dont la
responsabilité du commandement relève du président de la République intérimaire,
du ministre de la défense et du chef d’état- major. Ces derniers doivent
assumer, pleinement, leurs prérogatives, pour éviter la dérive et la pagaille.
Tout se passe comme si ce candidat n’arrivait à réaliser sa mutation
d’officier de l’armée, vers le statut d’homme politique. D’où des élucubrations
et autres rêvasseries, à travers lesquelles il brandit la menace du retour au
pouvoir, par la voie de la force, après avoir réalisé que celle des urnes lui
sera, impitoyablement, verrouillée. Mais il n’y reviendra plus, par aucune des
deux.
Propos recueillis par Seck Amadou
Le Calame (Mauritanie)
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