Mohamed Ould
Abdel Aziz à Jeune Afrique : 'Je dois tout contrôler'.
La stratégie contre
Al-Qaida, les relations avec la France,
le Mali et
les autres voisins, la lutte contre la pauvreté, le rôle de
l’opposition, la place des negro-africains…un an après son
élection à la présidence, l’ancien général livre sa part de
vérité.
Jeune
Afrique : Le 22 juillet, les armée mauritanienne et française ont
mené un raid contre AL-Qaïda au Magheb islamique (Aqmi) au Mali.
Quand et comment cette opération a-t-elle été programmée
?
Mohamed
Ould Abdel Aziz : Quand nous sommes
attaqués, nous songeons toujours à réagir. Il y’a plus de six
mois, des informations concordantes nous ont indiqué que des
éléments terroristes à l’extérieur de notre territoire
préparaient une attaque contre la Mauritanie.
Nous avons commencé à
nous préparer, mais nous avons retardé notre intervention à
plusieurs reprises, car nous ne voulions pas mettre en danger la vie
des otages détenus par Aqmi. Puis des informations se sont
précisées, et il est apparu que la base de Bassiknou (dans le
sud-est du pays, NDLR) était visée. Le 22 juillet, nous ne pouvions
plus attendre. Le camp des terroristes se trouvait à 170 km à vol
d’oiseau de nos frontières. Il fallait les empêcher de s’en
approcher.
Avez-vous
informé Nicolas Sarkozy de cette menace lors de votre séjour à
paris, le 14 juillet ?
J’étais
à Paris pour assister aux cérémonies du 14 Juillet, c’est
tout.
Mais
vous avez eu un entretien privé avec lui le 14 juillet au matin. Lui
en avez-vous parlé à ce moment-là ?
Non,
pas forcément.
C’est-à-dire
?
Je ne m’en souviens
pas. Je ne suis pas le seul chef d’Etat à avoir eu des entretiens
avec lui à cette occasion.
Avez-vous
signalé à la France qu’il était possible que l’otage Michel
Germaneau se trouve dans ce camp ?
Non,
nous n’avons jamais discuté avec les Français de la présence
éventuelle de Germaneau. Ils ont leur propre réseau
d’informations.
Ce
raid franco-mauritanien entre-t-il dans le cadre d’un accord de
coopération ?
Il n’y a
pas eu de raid franco-mauritanien, mais une action menée par la
Mauritanie contre un camp de terroristes.
La
France n’a donc joué aucun rôle ?
Non,
ce n’est pas ce que j’ai dit. La France nous a apporté des
renseignements, ainsi qu’un soutien logistique. Mais c’est
tout.
Aucun
militaire français n’était donc présent sur les lieux de
l’opération ?
Non,
aucun. D’ailleurs, hormis les six instructeurs basés à Atar, il
n’y a aucune autre présence militaire française en
Mauritanie.
Le
président malien, Amadou Toumani Touré, a-t-il été précisément
informé du raid, qui a eu lieu sur son territoire ?
Oui,
il a bien été informé.
Avant
ou après ?
A
temps.
C’est-à-dire
?
Le président malien a
toujours été tenu informé et a toujours appelé la Mauritanie à
intervenir. Après l’attaque d’Aqmi contre l’Algérie (le 30
juin, NDLR), il a demandé aux Algériens de poursuivre les
assaillants sur son territoire. Lorsque trois Espagnols ont été
enlevés en Mauritanie (en novembre 2009, NDLR), nous avons parlé au
téléphone. Il m’a dit qu’il m’autorisait à venir à tout
moment. Les Maliens sont informés de tout ce que nous faisons.
Entretenez-vous
de bonnes relations avec Amadou Toumani Touré ?
Il
est vrai que lorsqu’il a libéré un djihadiste mauritanien (avec
un Burkinabé et deux Algériens, en février, NDLR) en échange de
l’otage français Pierre Camatte, nous l’avons très mal pris.
Nous sommes toujours à la recherche de ce terroriste. Il a regagné
Aqmi dans le Nord-Mali. Mais nous ne pouvons pas camper sur cette
position. Nous comprenons aussi l’attitude des Maliens. Leur vision
des choses ne cadre pas avec la nôtre, mais nous devons la
respecter. J’ai souvent rencontré le président malien
depuis.
Dans
ce cas, quand votre ambassadeur, que vous avez rappelé en février,
retournera-t-il à Bamako ?
Bientôt.
Mais la coopération entre les deux pays n’a jamais pâti de cette
absence.
Aura-t-il
repris son poste début 2011 ?
Peut-être
même avant.
Pourquoi
êtes-vous opposé à l’élargissement de prisonniers en échange
de la libération d’Otages ?
C’est
un principe. Je ne reconnais pas les terroristes, je ne traite pas
avec eux. Libérer des prisonniers et payer des rançons, c’est une
manière d’encourager leur folle lutte.
Certains chefs
d’Etat pourraient pourtant vous y inciter en vous proposant une
contrepartie. La Mauritanie est peut-être un pays pauvre, mais nous
n’accepterons jamais les pressions. Jamais nous ne traiterons ou ne
négocierons avec les terroristes, quel que soit le pays qui nous le
demande. Les Etats européens dont des ressortissants sont
aujourd’hui otages respectent notre position.
Votre
réponse militaire au terrorisme est passée par la formation de
patrouilles spéciales et un contrôle des frontières. Quelle est la
prochaine étape?
Autrefois,
nos frontières étaient poreuses. Désormais, tout étranger qui
entre en Mauritanie sans passer par les postes frontières est
arrêté. Nous avons aussi constitué des unités adaptées avec pour
mission de surveiller l’ensemble du territoire. Elles ont mis fin
aux incursions terroristes. En outre, nous avons décidé de ne plus
rester chez nous. S’il est nécessaire de franchir une frontière
pour contrer une éventuelle attaque, nous le faisons. Et, plus
globalement, nous avons intégré nos forces à celles de l’Algérie,
du Niger et du Mali dans le cadre du commandement unifié de
Tamanrasset. La coopération entre Etats est nécessaire.
Ne
conviendrait-il pas que le Maroc rejoigne cette nouvelle structure
?
Ce serait une bonne
chose.
Les
Mauritaniens représentent une part importante des combattants
d’Aqmi. Comment l’expliquez-vous ?
Les
Mauritaniens ne sont pas les seuls, et ils jouent un rôle
secondaire. Ce sont le plus souvent des jeunes de 17,18 ans. On leur
fait croire qu’ils vont participer à la libération de l’Irak et
de l’Afghanistan.
La
jeunesse mauritanienne n’est-elle pas plus sensible à ces
promesses que la jeunesse malienne ?
Je
ne le crois pas. Les facteurs qui amènent les jeunes à s’engager
dans le djihad sont communs à tous les pays. C’est souvent le
désoeuvrement. La plupart n’ont pas terminé l’école et sont de
petits délinquants.
Y
a-t-il des combattants affiliés à AL-Qaïda sur le territoire
mauritanien ?
Oui, mais
ils sont en prison.
Trois
jeunes ont été condamnés à mort en mai dernier après avoir été
déclarés coupables de l’assassinat de quatre touristes français,
en 2007. Seront-ils exécutés ?
Leur
condamnation n’est pas définitive, car ils ont fait appel. Nous
attendons donc qu’ils soient rejugés.
Au
mois de janvier, un dialogue a eu lieu entre des oulémas et des
prisonniers salafistes. Certains se sont repentis. Quel sera leur
sort ?
Il faut attendre,
car la plupart d’entre eux n’ont pas encore été jugés. Nous
verrons ensuite ce qui peut être fait. Nous comprenons la situation
de ces jeunes. Ils sont perdus et ont été embarqués dans des
combats qui ne les concernent pas.
Si
la justice a le dernier mot, quelle aura été l’utilité de ce
dialogue ?
On en tiendra
compte après les jugements. Libre à moi de les gracier en tant que
président. C’est aussi un message que nous lançons aux jeunes
Mauritaniens qui se trouvent de l’autre côté. S’ils se rendent,
ils pourraient bénéficier de circonstances atténuantes.
La
Mauritanie est entourée de deux frères ennemis, le Maroc et
l’Algérie. Avez-vous choisi un camp ?
Oui,
celui de la Mauritanie. Nous restons à équidistance de leurs
problèmes. Tout ce que nous pouvons faire, c’est rapprocher nos
frères maghrébins pour aller dans le sens de la construction du
Grand Maghreb.
Les
visites marocaines en Mauritanie sont pourtant plus nombreuses que
les visites algériennes. Au lendemain de votre coup d’Etat, en
août 2008, le roi Mohammed VI avait notamment envoyé un émissaire,
ce qui n’a pas été le cas de l’Algérie.
Il
n’y a pas plus de rapports avec un pays qu’avec l’autre. Et si
c’est le cas, cela ne signifie pas que c’est au détriment de
l’autre. Nous avons de très bons rapports avec les deux pays.
Une
visite de Mohammed VI est-elle prévue en Mauritanie ?
En
tout cas, je vais peut-être allez au Maroc. Je ne sais pas
précisément quand, mais c’est un projet. J’irai aussi en
Tunisie et en Algérie.
Le
« Guide » libyen, Mouammar Kaddafi, vous a beaucoup soutenu au
lendemain de votre coup d’Etat. Quels rapports entretenez-vous avec
lui ?
Ils sont très
bons.
Vous
a-t-il apporté un soutien financier en échange de la fermeture de
l’ambassade d’Israël ?
Ce
sont des histoires. Nous n’avons reçu aucun soutien financier de
qui que ce soit durant cette période. Pas un seul dollar. Nous avons
gelé, puis rompu les relations avec Israël pour répondre au désir
du peuple mauritanien, c’est tout.
La
rupture est-elle définitive ?
Encore
faut-il que les raisons qui y ont conduit, l’occupation des
territoires arabes et de la Palestine, disparaissent. Par ailleurs,
le peuple mauritanien avait jugé trop rapide l’instauration de
relations avec Israël, lesquelles n’étaient pourtant pas
nécessaires, car elles ne servaient pas l’intérêt de la
Mauritanie. L’ambassade d’Israël a existé ici pendant dix ans,
mais il n’y a jamais eu de relations de fait, sinon la présence de
l’ambassade et du drapeau israéliens.
Des
Etats ont-ils exercé des pressions en vue de la reprise des
relations ?
La Mauritanie
est un Etat souverain. Je n’accepte pas les pressions. Nous ne
monnayons pas nos relations. Certains pays européens nous ont
interrogés sur la reprise, Mais c’est tout. La plupart respectent
notre position.
Vous
vous êtes récemment rendu en Iran, au Venezuela, en Azerba¨djan.
Que faites-vous de votre environnement immédiat ?
Je
n’ai aucune préférence particulière. Nous cherchons à
entretenir des rapports équilibrés avec chacun. Ce qui compte,
c’est l’intérêt de la Mauritanie.
Quels
rapports entretenez-vous avec Nicolas Sarkozy ?
De
très bons rapports, de chef d’Etat à chef d’Etat, mais aussi
d’amitié. Nous nous sommes rencontrés et avons discuté au
téléphone à plusieurs reprises.
L’avocat
franco-libanais Robert Bourgi a-t-il joué un rôle dans l’évolution
de la position française au lendemain de votre coup d’Etat ?
Je
l’ai déjà rencontré à Nouakchott et à Paris, mais je ne sais
pas s’il est intervenu, et d’ailleurs je ne connais pas son
influence en France. Beaucoup de pays, dont la France, ont d’abord
condamné le coup d’Etat puis ont fini par accepter la situation.
Mais c’était un problème mauritanien, qui a été dénoué en
Mauritanie.
Vous
avez reçu le chef de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, le 26
juillet. C’était la première fois depuis votre investiture.
Pourquoi avoir tant attendu aussi longtemps ?
J’ai
été élu après la conclusion d’un accord que j’ai respecté.
Mais l’opposition n’a pas reconnu mon élection. Je n’ai donc
jugé ni utile ni nécessaire de la recevoir. Elle a par la suite
reconnu qu’elle était dans l’erreur.
Comment
avez-vous perçu les déclarations récentes du président de
l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, appelant à la
chute de votre régime ?
J’ai
écouté ses déclarations, mais pour moi, elles ne peuvent rien
changer. La chute d’un régime ne se décrète pas à partir de la
rue.
Etes-vous
prêt à le recevoir ?
Oui,
je suis prêt à le recevoir. Il faut que l’on dépasse les
blocages pour faire avancer les choses et aider l’opposition à
jouer son rôle. Elle le joue aujourd’hui de manière négative en
critiquant systématiquement. Je ne lui demande pas d’applaudir à
tout, mais elle doit respecter les institutions.
Vous
avez déclaré avoir fait un coup d’Etat pour « sauver la
démocratie ». Considérez-vous avoir réussi ?
Les
droits de l’homme sont respectés, la liberté de la presse est
totale, nous combattons la corruption et la gabegie. Il reste
beaucoup de choses à faire. Mais nous sommes en train de mettre le
pays en chantier.
Un
journaliste Hanevi Ould Dehah, a pourtant été arrêté.
Je
n’ai jamais fait arrêter de journalistes. Hanevi a été arrêté
alors que je n’étais plus au pouvoir, après que j’ai
démissionné pour me porter candidat à la Présidentielle.
Mais
après votre élection, il a été détenu de façon arbitraire.
Il
était alors entre les mains de la justice. Vous ne pouvez pas me
demander à la fois de respecter la séparation des pouvoirs et de le
faire libérer.
Avez-vous
vu votre prédécesseur depuis votre élection ?
Lequel
? Ils sont nombreux.
Sidi
Ould Cheikh Abdallahi.
Jamais,
sinon une fois à la télévision, sur AL-Jazira, où il parlait de
son passé de chef d’Etat.
Avez-vous
des contacts avec Ely Ould Mohamed Vall ?
Aucun
Et
avec Maaouiya Ould Taya ?
Je
n’en ai eu aucun depuis son départ, en août 2005.
Avec
sa famille ?
Non plus,
elle n’est jamais revenue en Mauritanie.
Il
est en exil au Qatar. Pourrait-il revenir en Mauritanie
Je
ne peux interdire à aucun Mauritanien de revenir chez
lui
N’aurait-il
pas à craindre pour sa sécurité ?
En
tout cas, mon souci pour sa sécurité serait le même que pour les
autres Mauritaniens.
Vous
êtes omniprésent, alors que votre gouvernement est très discret.
Gouverne-t-il vraiment ?
Je
suis obligé de suivre ce qui se fait avec précision. Il a souvent
manqué à ce pays un président qui se soucie des détails. C’est
ainsi qu’on a laissé faire la gabegie et la corruption. Je dois
donc tout contrôler moi-même.
Vous
n’avez aucun homme de confiance ?
J’en
ai. Mais pour surveiller la gestion, il faut être au plus près.
C’est pour moi une manière de remettre de l’ordre dans le
pays.
Envisagez-vous
un remaniement ?
Je ne
l’ai pas encore programmé.
Cela
signifie-t-il qu’il est prévu ?
Les
remaniements sont réguliers dans tous les pays. Les présidents sont
élus pour une durée déterminée, mais les ministres peuvent ne
rester en poste qu’un mois ou deux. Ils doivent toujours s’attendre
à un remaniement, c’est le message que je leur envoie.
Depuis
1978, l’armée est une source de déstabilisation en Mauritanie.
Comment vous en prémunissez-vous?
J’évite
de faire ce que les autres ont fait, c’est-à-dire de laisser
s’installer la corruption et l’insécurité. Il faut aussi
soigner l’armée. Dans le passé, elle a été délaissée. Elle ne
s’occupait plus de sa mission essentielle. Elle a donc fait de la
politique.
Vous
vous dites vigilant avec la corruption. Allez-vous remplir votre
déclaration de patrimoine ?
Je
suis en train de faire le nécessaire !
Possédez-vous
un appartement à Paris ?
Je
ne suis pas au courant !
«
Le président des pauvres » était votre slogan de campagne. Mais
vous n’annoncez aucun programme. Qu’allez- vous faire ?
Lutter
contre la pauvreté, c’est lutter contre le chômage. Plusieurs
centaines de milliers d’étrangers travaillent en Mauritanie. Ils
ne peuvent être remplacés que par un personnel formé. Mais
aujourd’hui, notre système éducatif forme des chômeurs. Nous
sommes donc en train de l’adapter aux besoins du pays. Il nous faut
des techniciens. Nous avons ciblé six centres de formation que nous
sommes en train de restructurer, à Nouakchott et à l’intérieur
du pays.
Nous avons porté la durée de formation à deux
ans, car elle était trop limitée. Il faut aussi repenser
l’agriculture et décentraliser. Une usine de production laitière
va être installée à l’intérieur. Nous importons pour 60 à 80
millions de dollars de produits laitiers par an, alors que nous avons
la possibilité de produire et d’exporter. Avec les hôpitaux que
nous sommes en train de construire, ce sont quelques exemples de
projets structurants.
La
production pétrolière n’est pas aussi prometteuse que prévu.
Faut-il encore y croire ?
Des
gisements offshore attendent d’être exploités. Trois grandes
sociétés conduisent des recherches onshore. L’avenir de la
Mauritanie est pétrolier, c’est certain. Mais il est aussi minier.
D’ici trois à cinq ans, le pays sera parmi les premiers
producteurs d’or en Afrique. Pour la seule mine de Tasiast, la
production a été doublée en un an. A Akjoujt, nous allons produire
de l’or et du cuivre. D’ici trois ou quatre ans, la Société
nationale industrielle et minière (Snim, NDLR) produira 15 à 16
millions de tonnes de fer par an.
Mais
hormis la Snim, ces richesses sont exploitées par des sociétés
étrangères. Que comptez-vous faire pour que les revenus n’échappent
pas à la Mauritanie ?
Tous
les projets d’accords ont été révisés dans l’intérêt du
pays. Les redevances sur les permis de recherches ont été presque
multipliées par dix. Les royalties ont augmenté également. Mais
nous ne pouvons pas être trop gourmands, car nous devons attirer les
investisseurs. Je ne ferai pas comme certains dirigeants
sud-américains.
La
langue officielle de la Mauritanie est l’arabe. Mais la plupart des
Négro-Africains ne la parlent pas. Comment faire pour qu’ils se
sentent intégrés ?
Les
Négro-Africains sont chez eux en Mauritanie. Il n’y aucune
distinction entre les Mauritaniens. Mais il faut dépasser cette
histoire de langue. Ce doit être un moyen de communication et non
l’expression d’une identité ou un motif de déstabilisation.
Ne
faut-il pas instaurer une discrimination positive ?
Je
comprends les Négro-Africains. Ils ont connu de douloureux problèmes
ces deux dernières décennies. S’ils se sentent exclus, c’est à
raison. Aujourd’hui, nous nous occupons d’eux d’une manière
toute particulière. Les réfugiés ont pu rentrer chez eux.
Mais
beaucoup sont encore logés dans des abris de fortune, et d’autres
ne parviennent pas à récupérer leurs terres.
Ce
n’est pas nécessairement lié à leur situation d’anciens
réfugiés. Beaucoup de Mauritaniens vivent dans le dénuement. Nous
avons une agence qui fait très bien son travail. Et nous projetons
des aménagements dans la Vallée ( du fleuve Sénégal), NDLR ) où
vit une grande partie d’entre eux.
Compter-vous
reconnaître la Cour pénale internationale ?
C’est
un problème qui trouvera une réponse au moment où nous le jugeons
nécessaire. Y’a-t-il la justice et l’équité de l’autre côté
? on peut faire des choses juste à l’intérieur des
Etats.
Allez-vous
partir en vacances ?
Non,
je vais continuer à travailler.
Quels
sont vos loisirs ?
Le
footing, le matin, pour me préparer. Et puis le repos, dans ma
maison, en Inchiri.
Quel
est votre livre de chevet ?
Cela
fait au moins trois mois que je n’en ai pas eu. Sinon des rapports
et des documents de l’Administration.
Jeune
Afrique (N°2588-2589
du 15 au 28 Aout)
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