Inquisition,
tabous inégalitaires et abandon noxal en Mauritanie : c’en est
assez !!!
I/Genèse :
1. La mouvance
islamiste, organise une chasse aux sorcières, depuis environ 4
semaines contre ses adversaires déclarés sur Facebook.
2.
Des comités ad-hoc s'organisent pour dénoncer les présumés
apostats, dont plusieurs filles, auprès de leurs familles, afin de
les museler ; bien foyers reçurent des visites non désirées
et furent ainsi incités à faire pression sur les enfants, tous
majeurs, il convient de le préciser. Certains font le tour des
rédactions de journaux, la veille des fêtes du Nouvel an, pour
déclarer susceptible de représailles, toute festivité.
3.
Un tel Cheikh Ridha publie une Fatwa condamnant la montée d'un
hypothétique athéisme via Facebook et les réseaux sociaux ;
il exige que les parents encadrent leur progéniture afin de la
protéger du vice de l’impiété. 4. En
décembre 2013, le jeune Mohamed Cheikh Ould Mohamed dit Ould
Mkheitir - d'ailleurs sympathisant de la mouvance islamiste jusqu'en
2009 - écrit un article pour revendiquer des droits d’égalité,
au bénéfice de la caste des forgerons ; il s’y livre à une
analyse comparée de sociétés et de pratiques courantes,
en se basant sur une étude historique du docteur Abdel Majid
Alnagghar, dans son livre Kitab al Ouma dont il ressort
que l’attitude présumée sectaire et tribaliste du Prophète
(Psl) envers les Juifs d’Arabie, ressemblerait à celle des Zwaya,
vis-à-vis des Forgerons, dans la société maure. . 5.
Au début, l'article passe inaperçu, avant sa mis en relief par les
activistes de la mouvance islamiste, dans le cadre de la seconde
étape de la traque, davantage axée sur la divulgation de
l’identité et l’intimidation physique des auteurs d’opinions
hétérodoxes. 6. Le 2 janvier 2014,
en soirée, le garçon de 28 ans est arrêté et placé sous garde à
vue, sur ordre d’un magistrat du parquet de Nouadhibou, ville
portuaire du Nord et principal centre d’activités
économiques. Il devrait répondre d’un délit d’opinion –
atteinte au Prophète et blasphème – et d’un chef de conscience
aggravé, conformément à l’article 306 du Code pénal
lequel stipule, en son alinéa 2 : « tout musulman
coupable du crime d’apostasie, soit par parole, soit par action de
façon apparente ou évidente, sera invité à se repentir dans un
délai de 3jours »; l’ alinéa 3 poursuit : «
s’il ne se repent pas dans ce délai, il est condamné à mort en
tant qu’apostat, et ses biens seront confisqués au profit du
Trésor ; s’il se repent avant l’exécution de cette
sentence, le parquet saisira la cour suprême, à l’effet de sa
réhabilitation dans tous es droits, sans préjudice d’une peine
correctionnelle prévu au 1er paragraphe du présent
article. » 7. En conséquence,
la grogne populaire ne se justifie, parce qu’il l n’y a pas des
intérêts particuliers à défendre ; depuis son
incarcération, aucune autorité ne s’est adressée, au jeune
Mohamed Cheikh, afin de lui demandant de présenter des
excuses ni de se repentir de l’atteinte présumée. A ce jour,
seul l’obédience islamiste s’est servie de l’évènement,
pour démontrer, encore fois, sa force de mobilisation. II/
Le déclenchement
8. La fureur de la controverse sur la
toile et dans l’opinion pousse la famille de Ould Mkheïtir à
publier un communiqué, d'une rare rigueur, pour le dénoncer et le
bannir ; sans tarder, les parents de son épouse, sur la
pression des religieux et d’une partie de la population, la
séparent de lui et l’exilent, à Guérou car le mariage devient
caduc par le fait du « crime d'apostasie ». Aussitôt,
l’employeur de Ould Mkheitir le licencie, ses
collègues l’insultent et le menacent. Sa mère n’y
comprenant rien tente, en vain, de le faire abjurer. Ould Mkheitir,
désormais seul contre tous, crie son innocence et tient
tête.
9. Jusqu'à ce niveau, l’on n’enregistrait
aucune réaction des services de l'Etat. Des sources fiables
attestent l’existence d’un débat entre différents segments de
l’appareil sécuritaire, au sujet des mesures à prendre contre
Ould Mkheitir et non pour le protéger. La même dispute, au sommet,
avait prévalu, en avril 2012, contre Biram Dah Abeid, lors de
l’incendie des livres esclavagistes et se soldait, alors,
par sa libération, sans procès.
10. Comparables en
haine, des manifestations guidées et organisées éclatent un
peu partout ; elles parviennent, à leur paroxysme à
Nouadhibou où la foule se heurte aux forces de l'ordre. Les
marcheurs exigent la sanction exemplaire du propos de Ould Mkheitir,
par son élimination physique, conformément à la Charia. Quelques
jours plus tard, la scène de quasi émeute se répète à
Nouakchott, jusque dans les jardins du Palais présidentiel ;
le chef de l’Etat, au lieu de rappeler les engagements
internationaux de la Mauritanie et d’œuvrer à l’apaisement,
entreprend, plutôt, de complaire à la foule encadrée par des
meneurs ; devant des milliers de personnes et sur les écrans
de télévision, Mohamed Ould Abdel Aziz se présente en turban
salafiste, exactement comme lors de l’affaire Biram Dah
Abeid.
11. A l’occasion de l’un des rassemblements
à Nouadhibou, la tête de Mohamed Cheikh Ould Mohamed est mise à
prix par un homme d'affaires ; ce dernier offre 4 millions
d'ouguiyas (environ 10 000 euros) à quiconque tuerait
l'auteur, pour défendre l'honneur du Prophète (Psl). Le promoteur
du projet d’assassinat n’est pas entendu par la justice et
semble jouir du soutien d’une partie importante de la population
de Nouadhibou sans qu’il soit possible, pour autant, d’en
déterminer le pourcentage.
12- La quasi-totalité des
partis politiques mauritaniens, ont réprouvé, avec vigueur,
l'article et l’auteur ; la Commission nationale des droits de
l’Homme (Cndh), instance officielle de protection et de promotion
de la vie et de l’intégrité des gens, s’empresse à son tour,
par la voix de sa présidente Irabiha Mint Abdel Wedoud, de suggérer
l’exécution du susnommé.
13- Une exception de
taille, l'intellectuel islamiste Mohamed Elmoctar Chinguitti,
publie, de Doha, des tribunes où il argue que la mise à mort de
l’apostat n'est pas admise dans la Chariaa ni ne survint du vivant
du Prophète et de ses compagnons, dont les actes et paroles, valent
bien la lettre du Coran. III/ Les
enjeux 14. Le pouvoir
mauritanien se trouve confronté à un dilemme structurel: soit
reconduire le moratoire sur la peine capitale qui prévaut depuis
1987 - date à laquelle remontent les dernières exécutions -
malgré les condamnations, par des juridictions mauritaniennes
aux peines des houdoud, stipulées par l'article 306, soit
appliquer la norme, contre des prisonniers jihadistes, condamnés à
mort pour terrorisme et meurtre de ressortissants étrangers et
mauritaniens, lors des attentats terroristes de 2007-2009. Tous
bénéficient d'une grâce non-déclarée et commuée, de facto en
peine de prison à vie. Au-delà ,du trouble à l'ordre public,
l’affaire Ould Mkheitir, met en évidence le déficit d’autorité
de l'Etat républicain ; le cas suscite un point
d'interrogation sur la capacité de la force publique, à endiguer
la montée en puissance de l'obscurantisme islamiste, vecteur,
désormais avéré, de la gouvernance liberticide, moralisatrice et
sexiste. Ces mêmes mouvements,
rappelons-le, se sont gardé de dénoncer la destruction des
mosquées à Gao, de la bibliothèque historique de Toumbouctou,
encore moins la profanation des tombeaux de Saints, par les
Jihadistes. La plupart s’élevèrent contre l’intervention
internationale, pourtant vouée à sauver, le peuple malien, de la
tyrannie religieuse et de l’effacement de son mode de vie
africain. 15. La menace s’avère
substantielle et de taille dans un pays travaillé, en
sourdine, par les divisions ethniques et tribales. Pire, le monopole
de l'Islam, par des éléments extrémistes, met en péril la
seule référence et force en commun – la pratique
spirituelle et non littéraliste - qui unifiait, plus ou moins, les
différentes composantes de la population. Il convient, aussi, de
souligner les risques de l'internationalisation d'un fait divers. La
Mauritanie s'exposerait à une mise aux enchères du genre éprouvé
lors de l'affaire des caricatures danoises. Une telle évolution
mettrait le pouvoir dans une position de vulnérabilité vis-à-vis
de ses contradicteurs internes et nourrirait les élans
d’inquisition privée, au sein de la société, provoquant,
ainsi, l’autodéfense et le sectarisme. IV/
Notre position Nous organisations dessous
: 16. Engageons, nos compatriotes et
l’ensemble des Parlementaires, à dépénaliser la remise en
question des préjugés de caste, de sexe et d’ethnie, sous peine
de pousser les victimes – majorité écrasante de la population -à
se retourner, plus souvent encore, contre tout corpus de valeurs au
nom de quoi, à tort ou raison, elles se sentiraient
opprimés. 17. Réclamons un débat public
sur l’abrogation de l’article 306 du code pénal et de toutes
les autres dispositions de notre droit qui répriment l’opinion,
autorisent la peine de mort, la mutilation des corps, l’inégalité
des sexes et l’atteinte à l’intégrité de la personne. 18.
Nous indignons des propos précités de la Présidente de la CNDH et
demandons sa destitution, sans délai et son interdiction de
présence aux forums internationaux, en particulier dans le Monde
libre. 19. Invitons l'ensemble de la
communauté nationale, à se ressourcer dans notre longue tradition
de tolérance islamique, comme rempart contre les extrémismes
importés, afin de barrer la route aux apprentis inquisiteurs dont
la seule qualification est le zèle, l'ignorance de l'esprit de la
religion et de l'histoire de la communauté nationale. 20.
Mettons en garde, les partis et la société civile, contre la
tentation démagogique et populiste, d’une surenchère
conservatrice et obscurantiste, avec ces diverses écoles,
dont l’apparente contradiction voile, à peine, la convergence
et l’unité d’action, contre l’égalité de naissance, la
diversité culturelle, la République et le primat de l’’individu.
21.
Sans pour autant cautionner les propos de Ould Mkheïtir, exigeons
sa libération, la relaxe de toute poursuite et la protection du
susdit. Nouakchott, le 22 janvier
2014 Signataires
rédacteurs :
Associations des femmes chefs de
famille (Afcf) Association Mauritanienne des Droits de
l'Homme (Amdh) Conscience et résistance (Cr) SOS
Esclaves
Mercredi
22 Janvier 2014
Zouerate
: 9 esclaves libérés et deux maîtres d’esclaves détenus à la
brigade territoriale de la Gendarmerie de Zouerate
[PhotoReportage]
- Une unité de l’armée nationale de la deuxième région
militaire dirigée par son commandant ont procédé au rapatriement
d’une famille d’esclaves et leurs maîtres à la brigade
territoriale de la Gendarmerie de Zouerate après une plainte déposée
par Mattalla Ould Mbeirick, un membre de la famille victime de
l’esclavage et de l’ONG SOS Esclaves, auprès du Maire de la
ville de Zouerate.
Il y a quelques années plus précisément
en 2003, Matalla avait fui ses maîtres en se réfugiant dans une
colonne de l’armée nationale en provenance de Lemguetti qui
l’avait alors conduit à Zouerate. Mais pour étouffer l’affaire,
les autorités régionales de l’époque l’avait placé à Bir
Moghreine.
Les militants de SOS Esclaves avaient dans un
premier temps réussi à éclairer l’opinion publique sur cette
affaire avant de l’amener à Nouakchott une année plus tard
(2004).
Cette fois avec l’impulsion du Maire de Zouerate Mr
Yacoub Ould Salem Vall , le Wali du Tiris Zemmour et la Commandant de
la 2° région Militaire ont ordonné la rapatriement de la famille
en question guidés par Matalla qui connait bien la région pour y
avoir servi depuis son jeune âge comme esclave de la famille de Ould
Brahim.
Les personnes amenées par l'armée à Zouerate sont
composé de 11 individus ; les deux maîtres M'Hamed Ould Brahim et
son fils Salem Ould Brahim, de la Tribu des Rgueybat, fraction Oulad
Mousse et de 9 individus , en dehors de Mattalla agé de 35 ans
"liberé" depuis 2004,dont la liste est ci-dessous :
-
Les femmes (voir photos):
1/ Chweyda Mint M'Beirick 2/
Teslem Mint Chweyda
- Les enfants :
3/ M'Barka Mint
Chweyda 4/ S'haba Mint Chweyda 5/ Yarba Ould Chweyda 6/ El
Id Ould Chweyda 7/ Vatima Mint Chweyda 8/ Bleiyel Ould Chweyda
9/ Messaoud Ould Teslem
Les esclaves qui sont
actuellement chez le Maire de Zouerate et comptent réclamer leurs
droits.
Notons dans cette affaire que les autorités
administratives et militaires ont fait preuve d’une très grande
responsabilité pour avoir coopéré et aidé Matalla à libérer sa
famille.
Le Président de SOS Esclave Monsieur Boubabacar
Ould Messaoud est attendu à Zouerate pour encadrer cette famille.
SOS-Esclaves
prend le devant
Mercredi
27 juin 2012, à l’ouverture du procès des militants de
l’Initiative
Ould
Abeid et
6 ses compagnons - la défense a attiré l’attention de la Cour sur
un vice de
forme dans la procédure du flagrant délit.
Elle a
invoqué l’article 71 du code de procédure pénale qui dispose :
« Pour des
infractions passibles de la condamnation à mort,
l’instruction préparatoire est
obligatoire
Les
avocats ont fait remarquer que le parquet, en appliquant la procédure
de flagrance, a
déposé les prévenus sans instruction préalable.
Le Président de la Cour criminelle de
Nouakchott
constatant
un vice de forme, s’est dessaisi du dossier aux motifs que «
si la
procédure de flagrance est nulle, le mandat de dépôt rendu
contre Birame
et
les six
autres militants de l’IRA,
est également nul. »
A
notre grande surprise, le jeudi 28 juin, le Procureur de la
république a transmis l’affaire
au juge d’instruction chargé du
terrorisme et les militants d’IRA
n’ont pas été libérés
immédiatement malgré le constat de
nullité sus exposé.
Au moment des faits et suite à
l’arrestation du Président et de certains membres d’IRA
,
SOS-Esclaves
avait fait remarquer que tout autodafé d’ouvrages de penseurs, à
fortiori
celui de penseurs islamiques, est choquante, que l’on soit
d’accord ou non avec leur
contenu.
SOS-Esclaves,
cependant, rappelait que la récupération de l’événement ou son
usage à
des fins d’exclusion et d’intimidation reste tout aussi
détestable. Si l’outrage est prouvé
en l’occurrence, cela ne
justifiait aucunement l’incitation radiotélévisée à l’homicide,
la
violation de la loi, sans omettre l’évacuation bien commode du
débat sur l’esclavage ;
aucune réponse, officielle ou sociale,
aux demandes de solution religieuse à l’inégalité de
naissance
n’a suivi l’avènement.
C’est pourquoi SOS-Esclaves
dénonçait la brutalité avec laquelle Birame
et
ses amis ont
été appréhendés et appelait le pouvoir et les
politiques à jouer un rôle de médiation
sociale ; tant d’entre
eux, hélas, ont mobilisé les média pour susciter la vindicte
populaire
quand ils auraient dû se montrer modérateurs de la
controverse et acteurs de paix par le
dialogue; dans cette
affaire.
Ainsi le gouvernement n’a pas réagi en fonction du
respect de la dignité de nombreux
mauritaniens - les victimes de la
servitude traditionnelle et leurs descendants - qu’insulte
l’enseignement des préceptes esclavagistes et leur
sacralisation.
Aujourd’hui, force est de constater que la
classe politique, adopte le silence complice,
face à ce qui prend la
forme d’un règlement de compte historique, entre le système
d
’hégémonie ethno-tribal et les artisans de l’aspiration
égalitaire à la citoyenneté.
Au moment où seuls les
avocats de la défense contestent l’obstination du pouvoir exécutif
à enfoncer Birame
et
ses amis en les faisant passer pour des prévenus dans le cadre du
terrorisme, nulle formation politique, ne s’est élevée contre une
pression aussi flagrante
sur la justice, comme si tous étaient
unanimes à ne pas accorder de l’importance au
combat contre
l’esclavage et ses pratiques; les mêmes étaient pourtant,
unanimes, à
monter au créneau lorsqu’il avait été question de
la démission d’un président de la Cour
suprême, lequel,
finalement, finira par accepter un poste d’Ambassadeur et renoncera
à
défendre l’entrave à l’indépendance de sa profession.
Les
leaders de partis de l’opposition, l’Ordre National des avocats,
avaient vivement
condamné cette tentative de contrôle de l’appareil
judiciaire. Or, quant il a été clairement
établi que le dossier de
Birame
et ses amis était vide, personne, au sein de la classe
politique et
la société civile organisée ne se prononcera pour, ne serait que,
relever l’abus.
Cette attitude dénote une appropriation
défensive et une utilisation abusive de l’Islam,
comme parade
devant la pressante exigence d’équité et le refus, par les
victimes de
l’esclavage, d’admettre, désormais, la persistance,
à leurs dépens, du privilège et de
l’impunité.
Comme le
démontre l’affaire Birame,
l’Etat mauritanien et ses élites organiquement liées
à la
domination, sont en train d’instituer le dangereux réflexe de la
panique, sur la base
d’un esprit de corps visant à perpétuer
l'oppression, à décourager les défenseurs des droits
de l'hommes,
notamment des victimes de l'esclavage et à restreindre les libertés
publiques.
Nouakchott,
le 5 Juillet 2012
Boubacar
Messaoud,
Président
de SOS-Esclaves
Boubacar
Ould Messaoud : « Les avocats de la défense considèrent que les
détenus sont soumis à la détention arbitraire.. »
Mercredi
27 juin 2012,
Je
viens juste de sortir du palais de justice où j'ai assisté à
l'audience d'ouverture du procès de Birame
Ould Dah Ould Abeïd
et ses co-inculpés devant la cour criminelle de Nouakchott
Cette
audience après que Birame
ait répondu à l'interrogatoire d'identité a été consacrée aux
débats sur les exceptions soulevées par la défense. J'ai assisté
à cette audience du début à la fin. Je vous transmets ci-dessous
une synthèse de cette journée. En effet l'audience de la Cour
criminelle s'est tenue cette matinée au palais de Justice de
Nouakchott. Les Avocats de la défense ont soulevé les
exceptions de procédure notamment la violation des
dispositions de l'article 71
du code de procédure qui impose l'instruction pour les infractions
dont les sanctions peuvent atteindre la perpète
ou la peine de mort
alors que le dossier était enrôlé suivant une procédure de
flagrance( citation directe).
La
Cour a décidé de se dessaisir du dossier en jugeant que
sa saisine violait une règle substantielle du droit de la défense
et renvoie le dossier en l'état.
Bonne réception.
Suite à la décision de la cour criminelle, nous avons demandé
au procureur de la république d’ordonner la libération des
détenus ce qu’il a refusé. Les avocats de la défense considèrent
que les détenus sont soumis à la détention arbitraire. ‘(vieille,
pratique ) de notre justice! Il reste que probablement dès
demain, 28 juin, les détenus seront présentés au procureur pour
nouvelle comparution en vue de l'instruction, obligatoirement
cette-ci en présence de leurs avocats.
Très
cordialement!
Boubacar
Messaoud
,
architecte Président SOS-Esclaves,
Prix
des Droits de l'Homme
Communiqué
de SOS – ESCLAVES
S O S
– Esclaves
Jusqu’où
certaines autorités vont aller pour accréditer, ce mensonge
grotesque et criminel : « l’esclavage n’existe pas en Mauritanie
» ? Encore une fois, la machine de répression barbare du Régime
s’acharne contre des militants de droits humains, anti
esclavagistes. Les faits nous ont été rapporté comme suit : Le
11 janvier 2012, une mission de IRA composée de Lehbouss Ould Oumar,
commerçant, d’Ely Ould Rava, professeur vacataire à l’université,
d’El Mehdi Ould Lemrabott, journaliste et d’Abdallahi Abou Diop,
photographe s’est rendu à Ain Farba, arrondissement de la
Moughataa de Tintane, dans la wilaya du Hodh Gharbi, dans le cadre
d’une affaire d’esclavage qui porterait sur quatre mineurs d’une
même famille : Taleb Jiddou ( 16ans), Mohamed El Moktar ( 14 ans
), Cheikh Omar ( 12 ) et Ainna, une fillette de 10 ans. Opérant
en toute transparence et légalité, la mission a saisi le commandant
de brigade d’Ain Farba, l’adjudant de gendarmerie Boubout Dieng.
Ce dernier a demandé avec insistance aux membres de la mission de le
laisser seul faire les investigations au niveau du village
d’Aghaghar, où résident les présumés coupables de pratiques
esclavagistes et leur a promis de suivre les procédures et les
dispositions prévues par la loi dans le cas d’espèce. Après une
journée passée seul au village, loin de toute assistance des droits
de l’homme aux victimes, l’adjudant rabroue le plaignant, Mohamed
Lemine, l’intimide et le menace de poursuites pour profération de
propos mensongers, ingratitude et diffamation à l’encontre de ses
pseudo bienfaiteurs. Une méthode conforme aux pratiques des
autorités administratives, sécuritaires et judiciaires, qui
consiste à prendre toujours le parti des maîtres, tout en
manipulant l’information, en terrorisant et intimidant les
victimes, pour enfin procéder à des habillages et qualifications
dont le but est de détourner et de camoufler des cas souvent avérés
d’esclavage, comme pour appliquer une consigne immuable : « quand
c’est possible ne pas accepter que l’esclavage persiste encore
dans le pays ». Exactement comme ce qui s’est passé dans
l’affaire de Yagref en Adrar, s’agissant de Moulkheir Mint Yarba
esclave des Ehel Boulemsak en 2007 lorsque des scénarii de tous
ordres ont été montés pour démentir le représentant de
SOS-Esclaves dans commission officielle de sensibilisation sur la loi
incriminant l’esclavage. De retour à Ain Farba, le commandant
de brigade sous prétexte d’avoir reçu des instructions, arrête
les défenseurs des droits humains de l’IRA, leur passe les
menottes et les met en garde à vue, en les accusant d’avoir voulu
attaquer la brigade renforcée d’Ain Farba. Ils ont été
transférés enfin de compte à Aïoun. Face à cette situation de
provocation et d’injustice, SOS- ESCLAVES : 1. s’insurge
contre les pratiques anti démocratiques, qui consistent à empêcher
des défenseurs de droits humains d’assister des victimes
d’esclavage, pour éviter la manipulation, la complicité et
l’intimidation ; 2. considérant que les organisations des
droits de l’homme doivent obligatoirement accompagner et assister
les victimes qui se plaignent car elles ne sont pas en situation
d’égalité avec ceux qu’elles accusent, exprime sa solidarité
agissante, pleine et entière avec la démarche de l’IRA ; 3.
condamne avec énergie cette pratique continue des autorités de
manipuler et d’intimider les victimes de pratiques esclavagistes,
chaque fois qu’un nouveau cas est dénoncé, afin d’extraire les
bourreaux à la loi ; 4. exige une enquête sérieuse à laquelle
prendront part des organisations des droits humains pour faire toute
la lumière sur cette sur cette affaire et situer la responsabilité
des uns et des autres. 5. exige la libération immédiate et sans
condition des militants de l’IRA, organisation des droits humains.
Nouakchott
le 15 janvier 2012 Pour le Bureau Exécutif le Président Boubacar
Messaoud
LES
AGISSEMENTS DE LA POLICE MAURITANIENNE MARS 2006
UNE POLICE DANGEREUSE
Durant
la nuit du 24 au 25 février, 2006 se sont produits, dans la ville de Rosso, des
incidents, de prime abord, très banals sur le territoire de la
Mauritanie ; cependant, qu’ils surviennent en pleine période de transition
révèle la continuité des pratiques autoritaire du pouvoir déchu, alors servi
par la même police.
Les
faits se présentent ainsi :
La
famille Nor Samba Fall - dite Maguette Fall -qui envisage
l’organisation d’une cérémonie de baptême et de mariage, les 24 et 25
février 2006, a demandé et obtenu, le 13 février, une autorisation, dûment
signée par les autorités compétentes. Mais, à peine, le dispositif de la fête
mis en place, que des agents de la police se présentent, sur les lieux et
ordonnent l’arrêt des réjouissances puis l’évacuation de la voie publique.
Forts
du titre d’autorisation de manifester, y compris en dehors du domicile, les
auteurs de la réunion festive rechignèrent à l’ordre des agents de la police,
lesquels se résolurent à en rendre compte au commissaire.
Ce
dernier, excédé par le refus d’obtempérer, se rend sur les
lieux, pour diriger les opérations, il s’en prit aux populations rassemblées,
sans distinction, d’âge ni de sexe. Son
attitude insultante provoqua la réplique émotionnelle de l’un des jeunes gens
présents, après une gifle, infligée à son père, par un agent de la force
publique, alors même qu’il intervenait pour exécuter l’ordre d’enlever les
installations.
Dans
ces conditions, le commissaire de police de Rosso, agissant sous les ordres du
Directeur Régional de la Sûreté, lui-même frère du Chef de l’Etat, fit procéder à une véritable rafle, emportant tout témoin qui se trouvait dans
la concession de la famille incriminée ou à l’entour immédiat ; au
prétexte de rechercher le jeune homme qui aurait giflé l’un de ses agents, le
commissaire procéda à l’arrestation brutale de dizaines d’adultes et de
mineurs.
Cette
répression arbitraire s’est poursuivie
par une vague d’arrestations et de gardes à vue; plusieurs personnes auraient
été déférées, pour « rébellion », devant le parquet du tribunal de Rosso, le 27 février 2006. Il
s’agit de : Abdou Mbodj , mécanicien,
Abdou Ould Lek’hel, chauffeur, Khadi Doudou Fall, N’Deye Asta Doudou
Fall, Aminata Dia, Maguette Dia, Astou M’Beingue et Marième Niang.
Selon les nombreux témoignages recueillis et confirmés par nos soins, l’intervention
de la police s’est accompagnée de violences physiques inouïes ; les
prisonniers, hommes et femmes, furent déshabillés, forcés de se coucher à plat
ventre, empêchés de prier, matraqués,
insultés ; de tels excès rompent avec l’esprit d’apaisement et le respect
des valeurs républicaines, tous voeux revendiqués par les autorités de la transition, dans le souci louable de bannir,
dans le rapport de l’Administration aux usagers, la pratique des châtiments
corporels, à fortiori de masse.
Le
surlendemain, toutes les personnes appréhendées recouvraient la liberté et
bénéficiaient de l’abandon des poursuites judiciaires. A notre connaissance,
aucune sanction administrative n’est envisagée contre les policiers
responsables de voies de fait sur les détenus
Sos
Esclaves s’inquiète de cette violence aveugle qui, il importe de le rappeler,
frappe, sévèrement, le mode de vie d’une partie de la population, dont
l’identité à la fois Arabe et Néro-africaine semble susciter, de la part des
pouvoirs publics, un zèle discriminatoire.
En effet, il nous semble aujourd’hui difficile d’admettre que de telles
brutalités puisent s’exercer, impunément, lors de cérémonies identiques en
milieu arabo-berbère.
Enfin,
SOS Esclaves rappelle que TOUS les tortionnaires mauritaniens, qu’ils soient de
la police ou des forces armées,
demeurent au dessus des lois nationales, comme des obligations internationales
du pays, notamment les avis impératifs de la Commission Africaine des Droits de
l’Homme et des Peuples, Alger 2000 et le Comité pour l’Elimination de la
Discrimination Raciale ( CERD, ONU ) Genève, août 2004.
Le
pouvoir de transition doit s’y conformer, en faisant respecter le droit, égal,
pour tous les mauritaniens, à une réparation juste et proportionnelle aux
préjudice subis, par eux, de la part des agents de l’Etat, durant l’exercice de
leurs fonctions.
Au stade présent de sa direction, de sa formation et de
ses antécédents jamais sanctionnés, la police de notre pays constitue, un
danger grave, actuel et crédible, pour l’intégrité des citoyens. L’appareil
judiciaire, en dépit de nominations exemplaires depuis le 3 août 2006, demeure,
lui, sous la férule de magistrats véreux auxquels le tribalisme sert, à la
fois, d’immunité et de négoce lucratif.
SOS Esclaves invite l’opinion nationale et les partenaires
de la Mauritanie à suivre, de près, ces vecteur de frustration populaire et
d’instabilité, avec quoi il serait illusoire d’espérer la bonne gouvernance.
Source : sos-esclaves
Nouakchott, le 7 mars 2006
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