DANS L’INITIATIVE DES « GARDIENS DE l’AVENIR »
IL Y A DES PROPOS FRILEUX ET OUBLIEUX DU PASSE QUI SONNENT COMME
PANSEMENT A UNE CERTAINE MAUVAISE CONSCIENCE….
Dans le
prolongement du combat du Mouvement El Hor, une
initiative dénommée Gardiens de l’Avenir a remis au goût
du jour l’actualité et la pertinence de la lutte des H’ratine.
Si les auteurs de l’initiative s’abstinent de désigner, de
nommer cette communauté en dépit du consensus qui les lie,
cela comporte indéniablement des arrières pensées politiques
face auxquelles notre vigilance s’impose.
En effet,
l’Esclavage en Mauritanie depuis des années ne relève plus
du « constat détaché » uniquement et ne doit plus
être réduit à la portion incongrue de l’instrument pour
accéder à un poste de responsabilité politique. En cela nous
sommes en droit de s’interroger sur le foisonnement
d’initiatives éphémères, ce à chaque que
fois que s’intensifient les actions des militants de la
libération et de l’émancipation des esclaves. Ces postures
nous renforcent davantage dans la légitimité du combat pour
l’instauration d’une justice sociale dont la Mauritanie a
besoin pour mettre fin à plusieurs siècles de pratiques
iniques fondées sur les préjugées de la race et la préséance
de naissance.
Qu’à cela ne tienne, des
voix s’élèvent aujourd’hui exigeant le
déploiement d’efforts collectifs afin de trouver un
épilogue heureux à cette tragédie séculaire écrite au sang et
à la sueur des esclaves sur l’autel de la nation mauritanienne.
C’est la conséquence logique de la somme d’actions efficientes
conduites par la nouvelle génération des intellectuels et
militants des Droits de l’Homme d’origine servile. Forte
aujourd’hui et instruite par l’expérience de ses pères
spirituels et les différents ratés en matière politique de
lutte contre l’esclavage, cette intelligentsia Hratine
développe un discours franc et sans détour, réalise des actions
concrètes et mobilisatrices, tout en instaurant la méthode du
combat frontal qui sied à cette étape
exceptionnelle. Car, plus qu’un devoir, la libération
et l’émancipation des esclaves est et demeure pour
elle, une exigence dont la réformation du système
social et politique en Mauritanie en est la fin
ultime.
A cette fin justement, des initiatives
veulent contribuer à l’effort d’éradication de l’esclavage
et de refonte du système politique. Or, en Mauritanie,
leur récurrence s’explique par l’absence de volonté sincère
des responsables de telles initiatives. Certes,
d’éminentes personnalités telles que MM. El Khalil
Ould Enahoui, Mohamed Said Ould Homody, Mine Ould Abdallahi,
Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine et Mme Nebghouha Mint Mohamed
Vall suscitent l’estime, le respect et l’admiration. Leur
intégrité, leur sincérité et leur patriotisme les
prédisposent à jouer les premiers rôles dans les règlements des
problèmes nationaux de tout ordre y compris l’éradication de
l’esclavage. Leur engagement au côté des Justes constitue à
la fois un motif de fierté et un soutien de taille aux
porte-étendards de la libération et de l’émancipation
des H’ratine. Leur action constitue, par-dessus tout, une
reconnaissance de plus de la légitimité du combat mené par
les H’ratine contre l’instrumentalisation politique
faite de l’esclavage en Mauritanie. Cependant, quelques
remarques renforcent notre scepticisme. En effet, de telles
initiatives sont inhérentes au réflexe d’un système de
domination pris au dépourvu, et par conséquent découlent des
manœuvres dilatoires, subversives, d’un pouvoir oligarchique
rompu à la duplicité, signes de la faillite et de la lâcheté
d’un système de plus en plus vulnérable et frileux. Ainsi, les
périphrases et le travestissement de la sémantique dans le
discours apparaissent comme un moyen efficace pour diluer
le problème.
Même si, par principe,
l’initiative des « gardiens de l’avenir » est à
saluer pour contribuer à l’isolement des thuriféraires
du nombrilisme, l’apposition par une pléthore d’idéologues
de l’esclavage et d’arrivistes au dessein douteux déconcerte
et interpelle. En effet, leurs positions sur l’esclavage ont
toujours oscillé entre négationnisme et paternalisme. Ils sont
connus pour les avoir exprimés publiquement dans des débats
radiotélévisés, les conférences, les séminaires, dans les
prêches et même aux Conseils des Ministres pour quelques uns. En
fait, depuis le procès historiques de 1981 à Rosso,
certains de ces laudateurs, de ces chasseurs de postes au sein des
différents régimes politiques, nous ont habitués à prendre pour
cible le Mouvement anti-esclavagiste afin de mieux légitimer le
système de domination…
Le changement est
inévitable et il ne se prête pas à des concessions, ni à une
perversion malgré l’attentisme, la compromission et la
lâcheté de certains responsables politiques arc boutés à la vertu
du Temps. En dépit de l’exceptionnelle importance du sujet et
l’extrême solennité du moment qui requière de tout un chacun
un engagement sans faille, nous sommes plus que jamais déterminés
à poursuivre cette lutte qui nous oppose aux forces centrifugeuses
dont les relais infestent toutes les sphères de l’Etat qui
bloquent l’application des rares lois, votées pour
la criminalisation de l’esclavage. L’impunité assurée aux
segments dominants, l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire
et l’administration publique sont les premières cibles pour
toutes les initiatives à entreprendre afin d’avoir l’adhésion
minimale. C’est un combat que nous avons mis en œuvre contre
les tenants de l’esclavagisme et du racisme que nous
voulons ouvert. Faute de franchir ce pas décisif,
toute initiative quelle qu’en soit la provenance ne fera que
cautionner une mise en scène politique et une opération
esthétique ponctuelle pour ne pas avoir mauvaise conscience.
LES SIGNATAIRES:
1) Abidine Ould Merzough,
Allemagne
2) Baba Ould Jiddou, France
3) Biram Ould Abeid,
Mauritanie
4) Elarby Ould Saleck, France
5) Ethmane Ould Bidiel,
Mauritanie
6) Moctar Fall, France
7) Brahim Ould Bilal,
Mauritanie
8) Moctar Ould Teyeb, U S A
9) Jemal Ould
Abdallah, Ingénieur
10) Amar Ould Mohamed, Technicien
supérieur de transport
11) Adama Ould Brahim, Cadre
12)
Sow Abrahmane Demb, Professeur
13)
Baba Ould Brahim, Enseignant
14)
Hamoud Ould Brahim, Professeur
15)
Amar Ould Bowba, Enseignant
16)
Brahim Ould Moïlde, Ingénieur
17)
Mohamed Yali Ould Blal, Enseignant
18) Jibril Ould Sidi, Médecin (Libye)
19)
Bekaye Ould Maham, Technicien supérieur de santé
20)
Boubacar Ould Mouhamed, Sociologue (Hollande)
21) Mahmoud Ould
Nagi, Enseignant
22) Yali Ould Bilal, Enseignant
23)
Sidahmed Ould Rhil, Cadre
24) Mouhamed Ould Sarr,
Enseignant
25) Sy Ousmane, Professeur (USA)
26) Mohamed
Ould Sneiba, Journaliste
27) Brahim Ould Imigene, DRH
Banquier
28) Elhacen Ould Mahmoud, Directeur d'école
29)
Isselmou Ould Abdel Kerim, Professeur
30) Mamadou Seydou,
Cadre MED
31) Mbouja Mint Bah, Cadre
32) Amar Ould
Sidi, Technicien RM
33) Brahim Ould El Kehil, Cadre
34)
Yikber Ould Mokhtar, Cadre
35) Abdallahi Ould Sidi Med,
Professeur
36) Issa Ould Alioune, Cadre de Banque
37)
Monak Ould Moylid, Economiste
38) Saleck Ould Inalla,
Ecrivain
39) Brahim Ould Mahmoud, Enseignant
40)
Mohamed Ould Razga, Professeur
41) Obeid Ould Imijine,
Ecrivain journaliste
42) Me Mohamed Ould Bilal, Avocat
43)
Boubacar Ould Yatma, Entrepreneur
44) Abdallahi Ould
Beckaye, Entrepreneur
45) Hamadi Ould Lehbouss,
Enseignant
46) Abdallahi Ould Mbareck, Président
d'ONG
47) El Moustapha Ould Elmamy, Président d'ONG
48)
Bilal Ould Brahim, Commerçant
49) Malick FALL, Expert
en Entrepreneuriat
50) Ely Ould Brahim, USA
51)
Ba Elhaj, France
52) Pr Ely Moustapha, Tunisie
53)
Balla Touré, Ingénieur
54) Youssouf Kamara
Informaticien
55) Malick Fall, Expert en
entreprenariat
56) Dr Abdoul Ahad Bouthiah
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